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Affaire des bébés nés sans bras : l'enquête d'Envoyé spécial

"Aujourd'hui, on teste des produits chimiques dans les champs avant même qu'ils soient autorisés sur le marché." Depuis 2008, 15 enfants sont nés avec des malformations aux bras dans des zones rurales françaises distinctes, à quelques kilomètres les uns des autres. Envoyé spécial a enquêté…
Publié le
25
/
04
/
2019

« Ce n'est peut-être pas dû au hasard » : l'enquête des « bébés nés sans bras »


Une première plainte contre X a été déposée le 9 août 2019 pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Envoyé Spécial avait enquêté, pendant quatre mois, sur l'origine de ces malformations qui ont fait leur apparition dans l'Ain, le Morbihan et en Loire-Atlantique.


Depuis 2008, en France, 15 enfants sont nés avec des malformations aux bras. Tous sont nés dans trois zones rurales distinctes, à quelques kilomètres les uns des autres. Envoyé Spécial a enquêté pendant 4 mois pour tenter de comprendre. L’enquête s’est concentrée sur différents aspects : « On a des questionnements importants sur les pulvérisations de pesticides à proximité des domiciles des mamans enceintes, (…) sur ces expérimentations qui sont menées, de produits phytosanitaires qui ne sont pas encore mis sur le marché. On a des questionnements aussi sur l'eau du robinet, l'eau potable que les mamans ont consommée » précise Élise Lucet, présentatrice d’Envoyé Spécial.


Le besoin de comprendre les causes de ces malformations


Fin 2018, « l’affaire des bébés sans bras » devient publique. Avant cela, personne n'avait vraiment fait de lien entre toutes ces malformations. « On vous dit oui, c'est rare, mais ça arrive. On culpabilise, alors on se dit : à “Tiens, qu'est-ce que j'ai fait, qu'est-ce que j'ai pas fait ?” Et après, quand on se rend compte qu'il y a d'autres cas, on se sent moins seul et on se dit que, finalement, ce n'est peut-être pas dû au hasard » raconte à Envoyé Spécial Mélinda, mère de Léo, né sans main gauche.


Les parents d’enfants nés sans bras veulent avant tout comprendre, et pouvoir montrer à leurs enfants qu’ils se battent pour connaître les causes de leur malformation. « Il y a même un peu de colère de leur part, parce qu'ils ont le sentiment que l'enquête qui doit être menée par les organismes publics, est menée extrêmement tard » ajoute Élise Lucet, présentatrice d’Envoyé Spécial.


Le ministère de la Santé devrait rendre publique sa propre enquête en juin 2019. Parmi les hypothèses soulevées pour comprendre la source de ces malformations, Envoyé Spécial s'est notamment intéressé aux tests de produits chimiques dans les champs. « Aujourd'hui, il y a une pratique agricole répandue, mais très peu connue du grand public, c'est qu'on teste des produits chimiques dans les champs, avant même qu'ils soient autorisés sur le marché. Même les agriculteurs ne savent pas quels produits ils testent, parce que les firmes, au nom du secret industriel, refusent de donner ces informations » explique Virginie Vilar, réalisatrice de l’enquête sur « l’affaire des bébés nés sans bras » pour Envoyé Spécial.


Des familles en attente de réponses face à « une opacité folle »


Malgré cette enquête, Envoyé Spécial n’a pas réussi à savoir combien d’expérimentations ont été menées, si elles étaient contrôlées, ni quels produits ont été testés. « Si on sait quels produits ont été testés, on pourra éventuellement trouver une ou des molécules responsables de ces malformations » précise Virginie Vilar, réalisatrice de l’enquête sur « l’affaire des bébés nés sans bras » pour Envoyé Spécial.


L'enquête menée par Envoyé Spécial a été particulièrement difficile. « Je n'ai jamais fait de reportage où j'ai eu autant de mal à avoir des informations. C'est vraiment quelque chose qui est assez révoltant. Parce que d'un côté, il y a des familles qui ont appris à vivre avec ce drame, qui attendent des réponses et de l'autre, il y a une opacité folle » raconte Virginie Vilar, réalisatrice de l’enquête sur « l’affaire des bébés nés sans bras » pour Envoyé Spécial.


« Ce qui semble évident, c'est qu'il faut mener cette enquête et il faut la mener jusqu'au bout parce que s'il y a une cause environnementale, s'il y a une cause chimique, s'il y a un problème avec l'eau, s'il y a un problème avec l'alimentation, il faut absolument l'identifier. En apportant une réponse précise à cette enquête et donc aux familles qui sont concernées, on évitera d'autres cas de malformations » conclut Élise Lucet, présentatrice d’Envoyé Spécial.