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Guéri du Covid-19, Gianni raconte

Il y a quelques jours, Brut diffusait le message de Gianni, un Italien contaminé par le coronavirus. Aujourd'hui guéri, une autre bataille l'attend : faire le deuil de son père décédé du Covid-19.
Publié le
31
/
03
/
2020

Gianni Zampino, le patient atteint de Covid-19 qui a bouleversé l’Italie, est sorti de l’hôpital


Gianni n’est plus positif au Covid-19. Mais les médecins lui ont ordonné de rester confiné pour éviter tout risque de nouvelle contamination. Quant à son père, il est décédé.


Il y a quelques jours, Brut diffusait le message de Gianni, un Italien contaminé par le Covid-19. « Ce virus est malheureusement entré dans mon corps. Et il a tué la personne qui m’est la plus chère : mon père. J’ai comme beaucoup sous-estimé le coronavirus. Je croyais que c’était une manœuvre politique, une manœuvre militaire, une blague », racontait alors Gianni.


Après deux semaines de traitement intensif, le jeune homme, qui est guéri, est enfin de retour chez lui. Mais les médecins lui ont ordonné de rester confiné pour éviter tout risque de nouvelle contamination. Il sait désormais qu’une autre bataille l’attend : faire le deuil de son père, avec qui il vivait. Pour Brut, Gianni Zampino raconte.


« Et dire que je pensais que c’était une simple grippe ! »


Ce fut une agonie sans fin. Un ami qui travaille à l’hôpital m’a avoué que selon les médecins qui avaient examiné la radio de mes poumons, il était possible que je ne m’en sorte pas. Je ne me rendais pas compte. Et dire que je pensais que le Covid-19 était une simple grippe ! Et moi qui voulais me soigner chez moi.


Quand j’ai pris mes bagages pour sortir, l’émotion était intense. C’est un mélange de sentiments. Je me suis remémoré tous les bons moments. Par exemple, ce moment où j’ai dû rester 5h dans les embouteillages parce qu’on ne trouvait pas de lit pour moi. En sortant, j’ai vu la lumière du jour et c’était un retour à la vie.


« Mon père est mort seul, il n’avait même pas de téléphone à l’hôpital »


Quand je suis arrivé à la maison, je m’étais promis de ne pas entrer dans la chambre de mon père. Mais c’est la première chose que j’ai faite. Et là, j’ai explosé en sanglots. J’ai réalisé que mon père n’était plus là. Mon père est mort seul, il n’avait même pas de téléphone à l’hôpital. Il était à l’abandon.


Savoir que mon père n’a pas eu de funérailles, ne pas pouvoir l’embrasser, le remercier pour tout ce qu’il a fait… Il n’a pas pu avoir un dernier salut. Mon père a été incinéré. Nous l’avons fait mettre avec ma mère, mais pour le moment, il n’a pas encore d’épitaphe, pas encore de photo. En ce moment, ils incinèrent tous les morts. Ils ne peuvent pas faire autrement. Il n’y a pas de funérailles. Quand tout sera fini, j’organiserai une cérémonie pour lui.


« Est-ce que tu sauves un patient jeune ou celui qui a 80 ans ? »


Les docteurs ont appelé mon frère pour lui dire que mon père était dans un état stable malgré le Covid-19. Selon eux, il avait juste du mal à respirer. Peu de temps après, ils l’ont appelé pour lui dire que l’état de mon père avait empiré. Ils lui ont dit : « Nous sommes saturés, on doit faire des choix. » Et ils lui ont fait comprendre qu’ils ne pouvaient pas l’aider.


Ce que doivent comprendre les gens, c’est qui si on est hospitalisé, petit à petit, on peut être soigné et sauvé. Mais si nous arrivons trop nombreux dans les hôpitaux, il n’y a pas assez de lits, pas assez de personnel. Alors ils doivent faire des choix. Est-ce que tu sauves un patient jeune ou celui qui a 80 ans ? Tu sauves le jeune car il a plus de chances de s’en sortir.


Les médecins sont des anges, ce n’est pas leur faute. Ils travaillent comme des forcenés. Les infirmières aussi. Ce que j’essaie de dire, c’est qu’il est possible de sortir de ce drame. Tous ensemble, il est possible de lutter. C’est simple : il suffit de rester à la maison.