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5 ans après, le Yémen toujours ravagé par la guerre
Au Yémen, la guerre continue
Le conflit a commencé il y a maintenant cinq ans et a déjà fait 233.000 morts et des millions de déplacés. Retour sur l’évolution de la guerre.
Au Yémen, Yasser retourne là où tout a commencé : devant les ruines de son domicile : « L'attaque aérienne qui a visé l'aéroport le 26 mars 2015 a touché ma maison et mes voisins. Trois de mes enfants ont été tués. Ammar, Alaa et Aisha. Ammar avait 18 ans, Alaa avait 14 ans et ma fille avait 11 ans. »
5 ans jour pour jour après les premières attaques, la guerre au Yémen a fait 233.000 morts, dont de nombreux civils et enfants, ainsi que des millions de déplacés. L’ONU vient d’appeler à un cessez-le-feu face aux risques que l’épidémie de Covid-19 touche le Yémen. Retour sur près de six ans de conflit.
2012 : le Président Ali Abdallah Saleh cède le pouvoir
En janvier 2011, dans la foulée du Printemps arabe, le Yémen connaît une série de manifestations populaires. La minorité rebelle houthi se joint alors à la contestation. « Notre Président est en place depuis 30 ans et on ne cesse de reculer. On n'a obtenu ni le développement, ni la prospérité », témoigne alors Yaser, manifestant.
En février 2012, le Président Ali Abdallah Saleh cède finalement le pouvoir à son vice-Président, Abd Rabbo Mansour Hadi. En septembre 2014, soutenus par l’Iran, les rebelles chiites s’emparent de la capitale, Sanaa.
2015 : l’Arabie saoudite contre-attaque
En mars 2015, l’Arabie saoudite, à la tête d'une coalition arabe soutenue par les États-Unis, contre-attaque et lance l’opération « Tempête décisive ». C’est celle-là même qui conduit au décès des enfants de Yasser. « L'objectif est de défendre le gouvernement légitime du président Hadi de tentatives de prise de pouvoir par des milices houthis au Yémen. Nous avons une coalition de plus de 10 pays qui participeront à ces opérations pour empêcher que le Yémen ne s'effondre entre les mains des houthis », annonce à l’époque Adel Al-Jubeir, Ambassadeur d'Arabie saoudite aux Etats-Unis.
Cette opération ne devait durer que quelques semaines, mais elle s’enlise… En août 2016, l’ONU indique que le conflit a fait au moins 10.000 morts, a provoqué le déplacement de 3 millions de Yéménites et contraint 200.000 personnes à l’exil. En mai 2017, les rebelles houthis déclarent l’état d’urgence sanitaire après la recrudescence des cas de choléra.
2018 : toutes les parties prenantes ont potentiellement commis des « crimes de guerre »
Près d’un an plus tard, en avril 2018, au moins 20 personnes sont tuées et 40 blessées dans des raids aériens qui touchent une cérémonie de mariage dans le nord-ouest du Yémen. « Les avions de chasse ont ciblé la maison avec une roquette et ont tué les invités pendant le mariage », raconte Mehdi Swedi, un proche du marié. Les frappes aériennes de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite touchent aussi des logements, des écoles, des hôpitaux, des marchés, des mosquées et des enterrements.
« Le conflit a fait du Yémen un enfer pour ses enfants. Plus de 11 millions d'enfants, soit environ 80 % de la population de moins de 18 ans du pays, ont besoin d'une aide humanitaire », réagit Meritxell Relano, représentante de l'Unicef au Yémen. Selon l’ONU, toutes les parties prenantes du conflit ont potentiellement commis des « crimes de guerre ».
2019 : les Émirats arabes unis annoncent diminuer leur présence
Le 15 avril 2019, le média d'investigation français Disclose publie des documents classés secret défense datant de septembre 2018. Ils révèlent l’usage massif d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Sur une population de 28 millions d’habitants, plus de 22 millions ont besoin d'aide et de protections humanitaires. 8,4 millions souffrent d'insécurité alimentaire sévère et risquent de mourir de faim.
En juillet 2019, les Émirats arabes unis annoncent diminuer leur présence au Yémen. Alors que le pays semble aujourd’hui, pour l'instant, épargné par l'épidémie de Covid-19, les belligérants s'apprêtent à entamer une sixième année de guerre.