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Au Liban, 250 000 personnes vivent sous le système de la kafala

"C'est de l'esclavage moderne." Pendant ce temps-là au Liban, 250 000 personnes vivent sous le système de la kafala…
Publié le
30
/
09
/
2020

Au Liban, plusieurs centaines de milliers de migrantes vivent sous la tutelle de leur employeur, des familles libanaises, dans des conditions inhumaines. D’anciens employés et des ONG dénoncent de l’esclavage moderne. 250.000. C’est le nombre de personnes vivant dans des conditions décrites comme de l’esclavage au Liban. La plupart d’entre elles sont des migrantes originaires d’Afrique ou d’Asie du Sud. Elles sont embauchées comme domestiques mais vivent avec des droits limités, parfois sans être payées. Ce système a un nom : la « kafala ». Des ONG et d’anciennes victimes de ce système tentent de le dénoncer depuis plusieurs années.

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Dans un contexte où les droits des travailleuses migrantes au Liban sont souvent bafoués, il est essentiel de mettre l'accent sur les droits des femmes migrantes et leur situation précaire dans le pays. Beaucoup de ces femmes immigrées viennent principalement des pays d'Afrique et du Moyen-Orient pour travailler en tant que travailleuses domestiques dans les maisons des employeurs libanais, principalement à Beyrouth.

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À l’origine, Lucy est professeure d’école en Sierra Leone. Il y a un peu plus d’un an, on lui propose un poste similaire et mieux payé au Liban. Elle accepte. À son arrivée, elle découvre les réalités de ce poste et se retrouve prise au piège. « Ma vie dans la maison où je travaillais était un enfer… Il n’y avait pas de liberté de parole, je n’avais pas accès à mon téléphone, je ne pouvais pas parler au téléphone quand je voulais… Je ne pouvais pas sortir toute seule. Quant je voulais sortir, ils me demandaient : "Où vas-tu ?" Parfois, ils m’enfermaient et me demandaient de boire dans les toilettes. »  Lucy est aussi victime de nombreuses insultes lorsqu'elle travaille pour la famille. Les habitants de la maison disent qu'elle est une esclave. Elle est désormais rentrée chez elle.

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Dipendra Uprety, co-fondateur de l’ONG This is Lebanon, explique que cette pratique est l'exemple de l’esclavage moderne qui existe au Liban depuis plusieurs années. Des ONG comme la sienne ou Amnesty International dénoncent cette pratique légale et traditionnelle. Ces travailleurs ne peuvent pas se tourner vers la justice pour porter plainte. De plus, après la crise sanitaire du Covid-19 et l’explosion survenue en août à Beyrouth, les conditions de vie de ces personnes se détériorent. Des centaines d’entres elles se retrouvent à la rue et espèrent recevoir de l’aide. Début septembre, les autorités libanaises ont adopté un nouveau contrat de travail en faveur des employés de maison étrangers. Cependant, cette initiative n’abolit pas la kafala, selon les ONG.

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C’est quoi la kefala ?

La Kafala, traditionnellement considérée comme un système de prise en charge informelle pour les enfants vulnérables au Liban, a été fortement critiquée pour ses aspects inhumains et potentiellement exploitants, ce qui a conduit certains à la qualifier de "système d'esclavage moderne". Bien que la Kafala ait été mise en place pour aider les orphelins et les enfants abandonnés, son utilisation s'est étendue à des adultes vulnérables, en particulier aux travailleurs migrants, créant une situation alarmante de détention et d'exploitation dans le pays.

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La Kafala, en tant que système de parrainage, crée une relation inégale entre l'employeur et la travailleuse migrante, où le pouvoir est fortement déséquilibré en faveur de l'employeur. Les passeports confisqués et les contrats de travail inéquitables privent ces travailleuses de leurs droits les plus fondamentaux et les laissent sans recours face aux abus et à l'exploitation. Bien que le gouvernement libanais ait mis en place des lois pour protéger les droits des travailleurs migrants, y compris les travailleuses migrantes, leur application reste insuffisante. Les autorités doivent veiller à ce que ces lois soient effectivement appliquées pour garantir la sécurité et le bien-être des travailleuses migrantes.


Lorsqu'il s'agit de travailleurs migrants, la Kafala prend en effet une tournure inquiétante. Les employeurs libanais peuvent parrainer des travailleurs étrangers en Kafala pour les faire venir au Liban. Cependant, ce système de parrainage lie étroitement le statut de ces travailleurs à celui de leur employeur, les laissant vulnérables à l'exploitation et à l'abus. Les travailleurs migrants en Kafala se retrouvent souvent dans des conditions de vie déplorables, privés de leurs droits les plus fondamentaux, et traités comme des prisonniers dans les maisons de leurs employeurs.

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Conditions de vie précaires

Les travailleurs migrants en Kafala sont souvent contraints de travailler de longues heures, sans jours de congé, et sans compensation adéquate. Leurs passeports sont souvent confisqués par leurs employeurs, les empêchant de quitter le pays ou de chercher un autre emploi. Cette dépendance à l'égard de l'employeur rend difficile pour les travailleurs de dénoncer les abus et l'exploitation qu'ils subissent, car cela pourrait entraîner des représailles, y compris l'expulsion du pays.

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Abus et exploitation

Malheureusement, certains employeurs profitent du système de la Kafala pour exploiter les travailleurs migrants de manière flagrante. Des cas d'abus physiques, de violence verbale, de retenue de salaire et même d'agression sexuelle ont été signalés. Ces travailleurs vivent souvent dans la peur constante et l'isolement, sans aucune protection légale significative.


Appels à la réforme

La situation des travailleurs migrants en Kafala a suscité des réactions indignées de la part des défenseurs des droits de l'homme, des organisations internationales et de la société civile. Des appels ont été lancés pour réformer le système de la Kafala au Liban et pour mettre en place des mesures visant à protéger les droits des travailleurs migrants. Certaines propositions comprennent l'abolition du système de la Kafala au profit d'un système de travail équitable et éthique qui respecte les droits fondamentaux des travailleurs.

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La Kafala, qui devait être un système de prise en charge et de protection des enfants vulnérables, s'est donc ainsi transformée en une forme d'esclavage moderne pour de nombreux travailleurs migrants au Liban. Les abus et l'exploitation dont sont victimes ces travailleurs sont inacceptables et nécessitent une action urgente. Une réforme du système de la Kafala est essentielle pour garantir le respect des droits de l'homme fondamentaux et mettre fin à cette situation déplorable de détention et d'exploitation. Le Liban doit prendre des mesures concrètes pour protéger les droits des travailleurs migrants et assurer une vie digne à tous ceux qui résident sur son territoire, indépendamment de leur origine.


Sur la scène internationale, l'Union européenne et la France ont joué un rôle important en soulignant l'importance de respecter les droits des travailleurs migrants, y compris les travailleuses migrantes, au Liban et dans le monde entier. Des rapports de rapporteurs spéciaux des Nations Unies et d'organisations internationales mettent également en évidence les défis auxquels sont confrontées ces travailleuses migrantes et appellent à des mesures plus strictes pour protéger leurs droits.


Le gouvernement libanais devrait collaborer avec les organisations internationales, les ONG et les syndicats pour améliorer la situation des travailleuses migrantes. Des contrats de travail clairs et équitables, conformes aux normes internationales, devraient être établis pour offrir une meilleure protection aux travailleuses migrantes. Des mécanismes de surveillance et de contrôle devraient être mis en place pour garantir que les droits de ces travailleuses sont respectés, et les employeurs qui violent ces droits devraient être tenus responsables devant la loi.