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Dans les salons de beauté de Kaboul qui résistent face aux talibans

Depuis le retour des talibans, elles se cachent pour se faire belles. Pour Brut, notre journaliste Nadège Justiniani a suivi ces femmes afghanes qui continuent de se rendre dans les salons de beauté de Kaboul, et celles qui y travaillent, malgré la peur.
Publié le
13
/
02
/
2022

Depuis l’arrivée des talibans, l’économie s'effondre


“Je veux être belle pour ma cérémonie de mariage”, “Personne ne peut aller avec ce genre de maquillage dans la rue”, “Tout le monde a peur maintenant” : voici les phrases que l’on peut entendre de femmes vivant en Afghanisthan depuis l’arrivée des talibans. Ces images ont fait le tour du monde, celles des vitrines des salons de beauté de Kaboul recouvertes de peinture pour y cacher les images des femmes. Souvent, c'étaient les propriétaires eux-mêmes qui, prises de panique, ont caché ces images, alors que les talibans étaient en train d'envahir la capitale afghane. C'était en août dernier. Depuis, ces salons continuent d’exister, mais les femmes qui les fréquentent se cachent.

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“Je suis une ancienne journaliste, j'ai travaillé dans la télévision, et la radio aussi. Mais maintenant, depuis que les talibans sont revenus en Afghanistan, dans notre pays, j'ai quitté mon travail, comme tant d’autres femmes en Afghanistan. J'ai tout perdu. Ma mère et le reste de ma famille ont voulu que j'arrête de travailler, à cause de la situation parce qu’ils avaient peur. Tout le monde a peur maintenant.” explique une employée de salon. Elle indique que depuis l’arrivée des talibans, l’économie s’est effondrée et très peu de clients se rendent désormais dans les salons.

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Pour les clients du salon, il est impossible de sortir maquillé. Cela est seulement autorisé pour des mariages, des fêtes… “Bien sûr que les talibans ont un problème avec ça. Les personnes qui participent à des mariages ou des fêtes à la maison peuvent se maquiller, mais elles n'ont pas le droit de le faire juste pour sortir dans la rue. À cause des nouvelles restrictions.”, ajoute l’employée.

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“On a peur des talibans”


Par peur des talibans, la gérante du salon préfère rester sous anonymat comme beaucoup de femmes dans le pays. “Le jour où les talibans ont envahi la ville, on avait énormément de clientes dans le salon, on avait des mariées et d'autres clientes, alors que tous les autres salons de beauté avaient fermé. On a descendu nos rideaux et on a fini de préparer les femmes en vitesse. La moitié d'entre elles ont fui sans attendre. Celles qui sont restées, on a fini de les préparer sous une énorme tension. Ensuite, on n'a pas rouvert pendant tout un mois. Ce que l'on veut dans le futur, c'est que les talibans ne nous empêchent pas de travailler, mes étudiantes et moi. Nous accepterons n'importe lequel des voiles qu'ils nous obligent à mettre, parce que nous sommes musulmanes et que nous vivons dans un État islamique, mais il faut qu'ils nous laissent travailler et que ce salon reste ouvert. Les services que nous rendons sont uniquement destinés aux femmes. Nous avons peur du futur, de ce qu'il se passera dans un mois, dans deux jours... Est-ce qu'ils nous arrêteront ? Notre avenir est incertain.”

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