Cette vidéo sera publiée prochainement

Égypte : le combat de Céline Lebrun-Shaath pour faire libérer son mari

Alors que l'Égypte compte 60 000 prisonniers politiques, Emmanuel Macron a reçu son président Abdel Fattah al-Sissi. Le mari de Céline Lebrun-Shaath est l'un d'eux. Enlevé sous ses yeux dans la nuit du 4 au 5 juillet 2019, elle ne l'a plus revu depuis. Elle raconte.
Publié le
08
/
12
/
2020

Le combat de Céline Lebrun-Shaath pour faire libérer son mari en Égypte


Depuis plus d’un an, Céline Lebrun-Shaath se bat pour la libération de son mari. Accusé par l’Égypte d’appartenir à un groupe anti-terroriste, il est détenu en prison.


Il y a actuellement 60.000 détenus d’opinion en Égypte, selon la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Parmi ces détenus politiques : Ramy Shaath, figure du Printemps arabe, emprisonné depuis juillet 2019. Sa femme Céline Lebrun-Shaath se bat pour sa libération.


Une interpellation surprenante


Dans la nuit du 4 au 5 juillet 2019, des hommes font irruption au domicile de Céline Lebrun-Shaath et de son époux. Ils sont cagoulés, lourdement armés et ne présentent aucun mandat. « Ils ont commencé à chercher, à fouiller l’appartement, à réunir les ordinateurs, les disques durs, les téléphones, au milieu du salon, en nous demandant de nous asseoir dans un coin », se rappelle Céline Lebrun-Shaath.


Céline Lebrun-Shaath s’interpose alors pour demander à contacter le consulat français. « La réponse qui m’a été faite par les autorités égyptiennes, c’est : “Bah écoute, puisque tu veux appeler ton consulat, tu as 10 minutes pour faire tes valises et on t’emmène à l’aéroport. Et si tu ne veux pas, on te prend telle que tu es, et on t’emmène à l’aéroport aussi." Donc en me menaçant aussi très directement d’utiliser la force », raconte Céline Lebrun-Shaath.


La détention préventive renouvelée 17 fois


Alors que son mari est embarqué dans un fourgon, elle est emmenée dans un autre véhicule. C’est la dernière fois que Céline Lebrun-Shaath a vu Ramy Shaath. C’était il y a plus de 500 jours.


« Aujourd’hui, mon mari, comme tous les défenseurs des droits humains, les avocats, les militants politiques, les membres de la société civile égyptienne, qui sont aujourd’hui emprisonnés, sont accusés de charges en lien avec la lutte anti-terroriste. Ils sont accusés d’appartenir à un groupe terroriste », indique-t-elle.


Ramy Shaath n’a pas été jugé. Il est emprisonné dans l’attente des résultats d’une enquête. En 17 mois, sa détention préventive a été renouvelée 19 fois. Aucune preuve n’a été présentée pour justifier cette détention.


« La décision d’arrêter mon mari et de le maintenir en détention est une décision politique. Et la décision de l’en faire sortir sera aussi une décision politique », affirme Céline Lebrun-Shaath.


Ce qu’en dit Emmanuel Macron


Le cas de Ramy Shaath a été évoqué par Emmanuel Macron lors d’uneconférence de presse commune avec le président d’Égypte Abdel Fattah al-Sissi le 7 décembre 2020. « Nous avons échangé sur des listes de noms, et nous continuons de pousser - ce qui est la manière la plus efficace à des libérations - et à suivre avec bienveillance certains cas. J’ai évoqué celui de Ramy Shaath, qui est un cas que nous suivons aussi de manière très vigilante avec plusieurs autres », a déclaré le président de la République français.


Ces propos ont été un soulagement pour Céline Lebrun-Shaath. Toutefois, elle attend de voir son mari enfin libéré. « J’ai peur que, sans un changement dans les politiques qui sont menées aujourd’hui, on ne voie pas d’amélioration concrète sur le terrain, à part peut-être quelques libérations symboliques. Aujourd’hui, on a besoin de plus que ça », conclut-elle.