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L'œil animal : à la découverte du macareux moine
“C’est un oiseau maladroit”
On l'appelle le petit clown des mers. Il est maladroit en vol, également à terre mais c’est un très bon plongeur, pouvant aller jusqu’à 60 mètres de profondeur pour pêcher du poisson : voici le macareux moine, une espèce d’oiseaux marins classée vulnérable au niveau mondial. Brut est parti l’observer en Écosse, avec le photographe naturaliste Laurent Echenoz.
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“Il a une quarantaine de petits crochets au-dessus du palais, sur deux rangées, et ce qui fait qu'il vient empailler le poisson au-dessus. Et c'est pour ça qu'il peut en ramener en grande quantité. Il y a un record de 80 alevins. Donc, c'est des petits poissons, mais quand même, avec 80 alevins dans le bec ”. En observant cet oiseau, il est possible d'en apprendre beaucoup sur son mode de vie, ses techniques de chasse…
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Lors de cette excursion, sa couleur vive indiquait que cette période correspondait à la saison des amours. Monogame, il s’accouple à vie avec son partenaire, sachant que son espérance de vie est estimée entre 25 et 30 ans. Il est capable de creuser des nids à l’intérieur de la terre pour accueillir leurs petits. “ll y a une galerie de presque 1m ou 1m50 dans la terre. Donc c'est un oiseau marin qui fait son nid à l'intérieur de la terre. Les macareux, donc, ils ont un seul petit parent et il peut arriver qu'ils en aient un deuxième, mais seulement s'ils perdent le petit au tout début”, explique-t-il. Lorsqu’ils nourrissent leurs petits, le poisson situé dans leur bec est toujours destiné aux poussins. “Eux, ils se nourrissent quasiment plus pendant toute cette période. Dans leur bec, on peut voir du lançon, des capelans. Avec la taille des poissons qu'il ramène dans le bec, on peut voir l'évolution du poussin. Plus le poisson est petit, plus on s'imagine que le poussin est petit”, indique Laurent Echenoz.
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“Chaque espèce a son petit coin de l'île”
L'île de May, considérée comme une “incroyable réserve naturelle du Royaume-Uni”, abrite environ 92000 macareux moines et 750 000 oiseaux marins. Des pingouins torda, des guillemots de Troïl, des faucons pèlerins, des phoques gris, les espèces cohabitent ensemble mais selon un périmètre précis. “Chaque espèce a son petit coin de l'île. On ne verra jamais de nids de macareux avec des guillemots ou des pingouins. Là, il y a les macareux au-dessus, dans leur coin. La plupart reviennent de mer, donc ils sont chargés en poissons. Ils tournent pour déstabiliser les prédateurs comme les goélands marins. Ils ont l'avantage du nombre, donc le goéland est perturbé par tout ce qu'il voit. De ce fait, les macareux réussissent à échapper des griffes du goéland pour rentrer dans le terrier rapidement et aller nourrir le petit”, confie Laurent Echenoz.
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“La principale menace, c'est le dérèglement climatique”
Parmi l’une de ses photos, un macareux moine en premier plan et au loin, un gazoduc. “C’est une photo que j'apprécie. Elle montre bien la différence entre les humains et la vie sauvage. On imagine bien que s'il y a une fuite sur cette plateforme, tu as tout le site qui est pollué. La principale menace, en fait, c'est le dérèglement climatique”, explique Laurent Echenoz. Avec les températures changeantes, les bancs de poissons s'éloignent plus de la rive et ces oiseaux se fatiguent plus lors de leurs voyages. Beaucoup meurent d'épuisement et la surpêche n'arrange rien.
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Sur l'île de May, les colonies sont en légère évolution, ce qui n'est pas le cas dans d’autres endroits comme l’Irlande où près de 5 000 macareux ont disparu en moins de cinq ans. L’espèce est donc classée vulnérable au niveau mondial et en danger critique d'extinction au niveau Europe. “En France, c’est catastrophique. Il y a une petite colonie, c'est devenu très, très, très, très fragile. La moindre tempête, la moindre catastrophe pétrolière. Tout est catastrophique à échelle si on n'y fait pas attention. Toutes les espèces sauvages sont tellement fragiles par rapport à tout ce que l'humain peut créer. Préserver cette espèce-là, c'est très symbolique de la préservation de tout le reste de la vie, quasiment de la vie sauvage”, atteste Laurent Echenoz.