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Le monde a perdu 178 millions d’hectares de forêt depuis 1990
Le monde a perdu 178 millions d’hectares de forêt depuis 1990
C’est plus de trois fois la superficie de la France métropolitaine, d’après un rapport de l’ONU sur la déforestation dans le monde au cours des 30 dernières années.
178 millions d’hectares de forêt ont été perdus depuis 1990, soit plus de trois fois la superficie de la France métropolitaine. C’est la conclusion d’un rapport de l’ONU qui fait le point sur la déforestation dans le monde au cours des 30 dernières années.
Amérique du Sud
Entre 1990 et 2000, 51 millions d’hectares ont été perdus en Amérique du Sud. Entre 2000 et 2010, 52 millions. Entre 2010 et 2020, 26 millions. C’est le continent ayant subi le plus de pertes ces trois dernières décennies. En cause : la création de terres agricoles, l’urbanisation, les incendies... Cependant, la déforestation ralentit depuis une dizaine d’années.
« Elle ralentit d'une part parce que des lois forestières ont été passées au Brésil au début des années 2000 sous le gouvernement, d'autre part parce que, malheureusement, il y a de moins en moins de forêt à couper. Il y a eu en effet beaucoup de déforestation dans les années 1990 », explique Arnaud Gauffier, directeur des programmes au WWF France.
Toutefois l'arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro il y a deux ans a relancé cette déforestation, qui est repartie à la hausse et de manière dramatique. « On est à plus de 90 % par rapport aux années précédentes », note Arnaud Gauffier.
Afrique
Entre 1990 et 2000, 33 millions d’hectares ont été perdus en Afrique. Entre 2000 et 2010, 34 millions. Entre 2010 et 2020, 39 millions. Ces 10 dernières années, le continent africain a détrôné l’Amérique du Sud au classement de la déforestation nette. Entre 2010 et 2020, ses forêts ont perdu l’équivalent de la superficie de l’Allemagne. C’est le seul continent où le rythme n’a cessé de croître ces trois dernières décennies.
Pourquoi cette augmentation ? « D'une part parce que le continent se développe. L'Afrique crée de plus en plus d'infrastructures. Les pays d'Afrique centrale, notamment, ont besoin de plus en plus d'infrastructures routières, énergétiques, minières. D’autre part parce que des investissements arrivent de l'étranger, en particulier depuis la Chine, l'Asie du Sud-Est, la Malaisie, l'Indonésie. Ils servent à financer des plantations d'huile de palme industrielle ou de cacao », analyse Arnaud Gauffier.
Asie
Entre 1990 et 2000, 2 millions d’hectares ont été gagnés en Asie. Entre 2000 et 2010, 24 millions. Entre 2010 et 2020, 12 millions. Malgré la déforestation massive de forêts primaires en Indonésie ou en Malaisie, les surfaces plantées à l’échelle du continent sont plus importantes que celles qui sont détruites.
Mais ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la planète, tempère Arnaud Gauffier. « C'est principalement dû à l'augmentation des plantations industrielles d'eucalyptus, pour faire de la pâte à papier, ou de palmiers à huile pour l'huile de palme. Et ces forêts-là n'ont absolument rien à voir en matière de contenu en biodiversité, ce n'est pas du tout des forêts où l’on retrouve des orangs-outangs, des espèces emblématiques, des espèces rares. Contrairement à des forêts primaires qu'on peut trouver encore sur Bornéo qui, elles, continuent malheureusement d'être attaquées et diminuent. »
Au niveau global
Entre 2010 et 2020, la déforestation mondiale a baissé de 40 %. « C'est dû à la mise en œuvre de réglementations ambitieuses au Brésil ou en Malaisie. Néanmoins, c'est aussi dû à l'augmentation des plantations industrielles, au Brésil pour l'eucalyptus, en Asie du Sud-Est, en Chine pour la pâte à papier et pour l'huile de palme. » Il faut donc rester vigilant, alerte Arnaud Gauffier.
Le directeur des programmes au WWF France craint par ailleurs que le réchauffement climatique accélère la déforestation dans les prochaines années. « En Amazonie, les feux de forêts étaient pour beaucoup d'origine criminelle, mais la sécheresse de la forêt amazonienne a amplifié le phénomène. En Australie, des millions d'hectares de forêts ont brûlé, et ce n'était pas dû à de la déforestation d'origine humaine. On a un cocktail potentiellement détonnant pour les prochaines années. »