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Les 3 points à retenir du rapport du GIEC 2022
“J’ai vu beaucoup de rapports scientifiques durant ma vie, mais rien de comparable à ça."
"Aujourd’hui, le dernier rapport du GIEC est un recueil de la souffrance humaine et la preuve de l'abdication criminelle des dirigeants mondiaux”, c’est ce qu’a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU le 28 février 2022.
Gonéri Le Cozannet qui est l’un des auteurs de ce dernier rapport. Il revient avec nous sur les 3 points à retenir :
1/ Près de la moitié de la planète déjà vulnérable
Gonéri Le Cozannet : “Il y a actuellement entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes qui habitent dans des contextes très vulnérables au changement climatique.
Ce que les rapports du GIEC précédents annonçaient, qu'on aurait davantage de vagues de chaleur, davantage de précipitations extrêmes, une élévation du niveau de la mer, des feux de forêt, tout ça, on l'observe aujourd'hui.
Aujourd'hui, on voit que ces vagues de chaleur extrême, par exemple, ont des conséquences pour la santé... Malheureusement il y a des décès. On voit que les précipitations extrêmes, ça a des conséquences économiques. On voit que les feux de forêt ont pour conséquence une pollution de l'air dans les villes adjacentes. On voit également que ça a des conséquences pour la biodiversité, pour l'érosion des sols, des fois pour des mouvements de terrain...
Tout ça, c'est des conséquences qui sont très perceptibles. Je n'ai pas cité la pêche, également, mais en Méditerranée, par exemple, vous avez des vagues de chaleur marine qui causent des mortalités de masse. Donc ça, ça a des impacts tout à fait tangibles pour les pêcheurs.”
2/ Des inégalités entre les pays et des zones plus à risque
Gonéri Le Cozannet : “Ces inégalités, ça veut dire que par exemple en Afrique, le changement climatique compromet l'atteinte des objectifs de limiter la faim, donc assurer la sécurité alimentaire, assurer l'accès à l'eau. En Europe, ces deux aspects-là ne sont pas menacés.
La question de l’habitabilité, c'est pas uniquement la question de l’élévation du niveau de la mer qui submerge une petite île. Ca peut être aussi tout simplement les nombres de jours de chaleur qui excèdent un seuil au-delà duquel l'homme commence à ne plus supporter cette chaleur.
Et ça, cette question, elle est posée dans le technical summary, dans le chapitre Afrique également, sur certaines zones qui sont situées, par exemple, en Afrique, dans le Moyen-Orient et puis vers le Pakistan, le Bangladesh, etc.
Là, effectivement, on aura une augmentation du nombre de jours de chaleur extrême qui va compromettre l'habitabilité. Il est possible de s'adapter à ça, mais pas dans une société très inégalitaire où certains n'ont pas accès par exemple à la climatisation ou des choses comme ça.”
3/ “Une action urgente est requise”
Gonéri Le Cozannet : “D'ici à 2050, on aura 2,5 milliards d'habitants supplémentaires dans les villes, ce qui veut dire en fait qu'on a une opportunité, parce qu'on va avoir des besoins en termes de construction dans les villes, et cet urbanisme, on peut le faire de telle manière que l'on soit adapté au changement climatique et puis qu'on ait une ville qui permette de ne pas émettre trop de gaz à effet de serre.
Par exemple limiter les îlots de chaleur urbains, donc à travers plus de végétation. Ça peut être par exemple faire en sorte que l'évacuation des eaux de pluie soit plus facile. Donc là, il y a par exemple des exemples à Rotterdam qui sont cités dans le rapport.
Ça peut être également faciliter les transports "doux", tels qu'on ne soit pas obligé de se déplacer en voiture et qu'on limite les émissions de gaz à effet de serre. On améliore la santé des habitants, ça c'est quelque chose qui est cité dans le rapport, aussi, sur les villes, et on est donc plus résistants lorsqu'il y a des vagues de chaleur.
Il existe un chemin qui permet d'atteindre les objectifs de développement durable. Pour cela, il y a une action urgente qui est requise. Ça, c'est mis très en avant dans le rapport.
Dans le rapport, vous trouvez plusieurs fois le mot "urgent", y compris dans le résumé pour les décideurs, et donc effectivement, la fenêtre d'opportunité qu'on a aujourd'hui pour s'adapter, pour limiter les impacts du changement climatique, pour atténuer le changement climatique et puis pour limiter les impacts pour les zones et pour les écosystèmes, cette fenêtre d'opportunité, elle ne restera pas ouverte indéfiniment.”
Le GIEC, c’est l’acronyme du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. Créé par l’ONU, il regroupe aujourd’hui 195 États. Il a pour mission d’évaluer, de manière neutre et scientifiquement, la question du changement climatique. Les experts scientifiques sont chargés de l'évaluation des changements liés au climat et de l'impact sur l'adaptation de l'homme.
Ce rapport est le second volet du sixième rapport du GIEC publié le 28 février 2022. Synthèse de plusieurs années d’analyse et de recherche sur l’impact du réchauffement de la planète terre, le rapport regroupe 34 000 articles rédigés par des scientifiques qui ont évalué les différents risques de scénario qui peuvent se présenter à nous.
La question du changement climatique n’est pas nouvelle. Déjà en 1974, l’agronome René Dumont alertait sur la crise énergétique : “Nous sommes en train de détruire l’environnement”. "On va vers l'effondrement de notre civilisation, et ils en parlent comme d'un problème parmi d'autres”, c’est ce qu’affirme Peter Kalmus, climatologue, qui s’est reconnu dans le film de Netflix, Don’t look up.
Un peu partout, à travers le monde, certaines personnes, scientifique ou non, gouvernements ou non, essayent d'anticiper autant que possible les changements climatiques à venir et de faire face au réchauffement global. Durant le confinement, aux Etats-Unis, en Inde, en Russie, et ailleurs, ces activistes ont décidé de poursuivre leur combat. Ces jeunes français avaient rejoint le mouvement "Youth for climate" et ont engagé une grève de la faim pour le climat.