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Les vers plats, carnivores et invasifs, menacent la France
“Le ver plat, c’est une espèce de ver plat invasif, qui représente une menace potentiellement pour nos vers de terre français car il est carnivore. C'est un vrai petit monstre!” explique Shanèze Noël, doctorante en écologie évolutive à l'UPEC/EES-Paris. Ces vers sont “capables d’emprunter les galeries de vers de terre, les suivre” puis les manger. Pour ça, ils sortent leur pharynx. “C'est comme si vous pouviez sortir l'intérieur de votre gorge, le mettre sur votre aliment et juste l'aspirer comme ça. C'est clairement des aliens!” commente la doctorante. Cette espèce de ver plat est originaire d’Amérique du Sud. “Donc ces vers sont introduits via le commerce de plantes en pot. C'est pour ça que principalement, on les retrouve dans les jardins, parce que les personnes vont acheter des plantes exotiques, les mettre dans leur jardin et potentiellement le coloniser avec les vers plats qui sont présents dans les racines ou dans la terre qu'il y a autour de la plante”.
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“Si les vers de terre viennent à disparaître, c'est vraiment une réaction en chaîne sur l’ensemble de l’écosystème”
Dans les jardins envahis, il est possible d’en trouver “des millions”. Shanèze Noël indique que cela “peut avoir un impact très fort, parce que ce n'est pas du tout qui sont censées être là à la base et elles ne sont ni reconnues par les proies... Parce qu'une chèvre qui n'a jamais vu un loup, elle ne sait pas que c'est un loup. Et pareil pour les prédateurs d'invertébrés, a priori, eux, ils ne sont pas mangés par d'autres espèces, en tout cas en France, parce que les oiseaux, ils ne vont pas se dire hummm c'est un repas". Dans son laboratoire, la doctorante réalise plusieurs types d’expériences, comme identifier qui sont les meilleures proies pour le ver plat. “On fait ces tests avec ces différentes espèces, pour savoir s'ils vont manger une espèce plus qu'une autre, s'ils mangent tout de manière à peu près équivalente, ça va avoir un impact sur l'abondance, mais l'écosystème peut continuer à évoluer dans le sens classique”.
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“Le sol, c'est vraiment le support de notre alimentation et de l'alimentation de tous les êtres vivants, du petit scarabée au cerf. Donc si les vers de terre viennent à disparaître, les plantes ne peuvent plus obtenir leurs minéraux dans le sol, dont elles ont besoin pour grandir, etc. C'est vraiment une réaction en chaîne sur l'ensemble de l'écosystème” alerte Shanèze Noë. “Ce qu'on fait ici, ça va servir à augmenter les connaissances sur cette espèce qui n'est pas très connue. Ça peut éventuellement servir à mettre en place de nouvelles législations. Malheureusement, on ne pense pas pouvoir se débarrasser d'une espèce envahissante une fois qu'elle est présente. Surtout pas ce genre d'espèces là qui sont dans le sol et très difficiles à observer. Par contre, limiter les nouvelles introductions et la répartition entre jardins, c'est-à-dire qu'en France, que les gens se limitent et arrêtent de les répandre partout, ce sont des mesures qui peuvent être mises en place”.
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“Les sols sont très peu protégés (juridiquement), c’est un peu dommage car tout vient du sol”
La doctorante conclut : “Quand on parle de sixième extinction de masse, la plupart des gens vont dire "oui, mais c'est bon, il y a toujours des girafes et des gnous”. Oui, mais ceux-là, on les voit parce qu'ils sont énormes et en fait, la biodiversité qu'on perd le plus, c'est la biodiversité d'arthropodes, donc les insectes, et d'invertébrés. Il y a certaines espèces qui disparaissent sans avoir même un jour été découvertes. Et les sols sont très peu protégés, d'ailleurs, parce qu'on protège les rivières, on protège les mers, mais par contre, le sol, il y a très peu de législation dessus. d'être propriétaire d'un sol, on n'a quasiment rien et malheureusement, c'est un peu dommage, car tout vient du sol. C'est comme ça qu'on se nourrit, c'est comme ça qu'on vit, on marche dessus, on construit dessus, donc c'est très important de le protéger.”
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