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#TBT : en 1977, le combat de Gisèle Halimi pour criminaliser le viol

Son combat pour faire reconnaître le viol comme un crime avait conduit à une révision de la loi, le viol devenant un crime puni de 15 ans de prison.
Publié le
09
/
01
/
2020

Le combat de Gisèle Halimi pour faire reconnaître le viol comme un crime


Voici le discours l'avocate et co-fondatrice de l'association « Choisir la cause des femmes ».


En 1977, l'avocate et co-fondatrice de l'association « Choisir la cause des femmes », Gisèle Halimi, évoquait son combat pour  la reconnaissance du viol en tant que crime.  Sa lutte conduira à une révision de la loi pour faire du viol un crime puni de 15 ans de réclusion criminelle.


Voici son discours, en 1977.


Quand une femme est violée, on commence par dire « elle n’avait qu’à pas porter un jean collant, elle n’avait qu’à pas sourire, elle n’avait qu’à pas sortir, elle n’avait qu’à pas, elle n’avait qu’à pas… ». À la limite, elle n’avait qu’à pas exister en tant que femme.


Et nous demandons à la cour d’assises, c’est une des propositions de loi que Choisir va déposer incessamment sur le bureau du garde des sceaux et à l’Assemblée nationale, qu’il n’y ait pas de huis clos, sauf si la femme violée le réclame.


Nous voulons donc la cour d’assises et la publicité. Parce que nous pensons que c’est une chose, pour un homme, de violer, et que c’en est une autre qu’on le sache dans son village, dans son travail, dans les journaux. La publicité peut jouer comme un moyen de dissuasion.


Mais je le répète, nous ne sommes pas répressives. Chaque fois qu’on nous a demandé des mises en liberté provisoires de violeurs, Choisir a dit banco. Ça veut dire que nous n’avons jamais pensé que la prison pouvait être une bonne thérapeutique. Mais ce que nous trouvons suspect et inadmissible, c’est que la campagne se fasse contre l’emprisonnement des violeurs. Elle ne se fait pas ailleurs. C’est un signe important, ça veut dire : « Violer une femme, ce n’est pas grave au point qu’on mette des hommes en prison. En revanche, voler dans un drugstore ou faire un chèque sans provision, la prison, oui. » Alors si vous voulez supprimer la prison pour tout le monde comme système, nous signons des deux mains. Mais si vous commencez à vouloir la supprimer uniquement pour les viols, c’est une indication qui est grave, et que vous considérez que c’est une chose banale, anodine.


En fait, une femme violée, c’est une femme éclatée. C’est une femme qui ne s’en remettra, à mon sens, jamais. Elle entre dans une espèce de coma, en tout cas une partie d’elle même. Et elle survit, je crois, d’une espèce d’autre vie. Et quand elle se bat, elle a véritablement du courage, parce qu’elle sait que ce n’est pas pour elle. Elle, s’en remettre, je ne sais pas si elle le peut. Mais elle le fait justement pour que les autres femmes ne passent pas par les épreuves qu’elle a subies.


Vous savez, si je mène ces luttes, c’est que je dois être optimiste. Autrement, je ne les mènerais pas. Je pense en tout cas que l’enjeu est très important. Vous savez, ce n’est pas un procès de viol, l’enjeu. Ce n’est pas une condamnation ou un acquittement. L’enjeu, c’est de changer fondamentalement les rapports entre les hommes et les femmes. Il ne peut pas y avoir de société où le couple, sur le plan de l’amour, est basé sur un rapport de force physique. Je dis que c’est quasiment du fascisme