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Bryan Stevenson : l'avocat des Afro-Américains

Il a sauvé plus de 135 personnes du couloir de la mort. Avocat, militant et auteur, Bryan Stevenson a consacré sa vie à la défense des Afro-Américains. Brut l'a rencontré.
Publié le
31
/
01
/
2020

Bryan Stevenson, avocat et militant antiraciste


Il a sauvé plus de 135 prisonniers américains du couloir de la mort. L’histoire du premier cas qu’il a défendu est aujourd’hui portée à l’écran dans La Voie de la justice, sorti le 29 janvier 2020.


L’avocat américain Bryan Stevenson a permis de sauver plus de 135 prisonniers du couloir de la mort. L’histoire du premier cas qu’il a défendu est aujourd’hui portée à l’écran dans La Voie de la justice, avec Michael B. Jordan dans le rôle de l’avocat. Jamie Foxx incarne Walter McMillian, reconnu coupable à tort en 1988 du meurtre d’une femme blanche en Alabama.


Avocat, auteur et militant, Bryan Stevenson s’est battu pendant des dizaines d’années pour représenter les Afro-Américains lors de procès et en créant des mémorials. Aujourd’hui, Bryan Stevenson poursuit son travail avec son organisation « Equal Justice Initiative », le Mémorial national pour la paix et la justice le Legacy Museum à Montgomery, en Alabama. Brut l’a rencontré.


« Mes parents ont été humiliés par la ségrégation »


Mon arrière-grand-père était esclave et devait croire en une liberté qu’il n’avait jamais connue. Mes grands-parents ont été terrorisés par le lynchage et devaient croire en une sécurité qu’ils n’avaient jamais obtenue. Mes parents ont été humiliés par la ségrégation et ont pourtant trouvé le moyen d’espérer un meilleur avenir. Je souhaite simplement honorer leurs aspirations, leur espoir, leur courage, leur force, leur détermination, et transmettre ça à mes clients et aux personnes avec qui je travaille aujourd’hui.


« Quand quelqu’un peut retrouver sa liberté, ça n’a pas de prix »


Ce qui est amusant, c’est que quand Walter McMillian a été libéré, on a dû retourner au couloir de la mort pour récupérer ses affaires. Au moment d’entrer, je jubilais de les voir ouvrir la porte et de la franchir avec lui, maintenant qu’il était libre. J’étais si enthousiaste que j’ai dit à Walter : « Walter, c’était génial. Et si on recommençait ? » Il disait toujours oui à tout, mais cette fois-ci, il m’a répondu : « Non, je ne retourne pas là-bas. » C’est une joie inestimable, une joie incomparable quand quelqu’un peut retrouver sa liberté et reprendre sa vie, retrouver sa famille et ses proches. C’est précieux, ça n’a pas de prix. Ce sont des moments comme ça qui nous permettent de tenir le coup, quand nous devons faire face à de plus grandes difficultés.


C’est un débat qui ne doit pas s’arrêter. J’espère que La Voie de la justice déclenchera des émotions et touchera les gens, leur donnera envie de trouver une solution. Leur donnera l’impression que ce n’est pas impossible, qu’ils peuvent faire la différence, qu’ils peuvent changer les choses. À vrai dire, c’est ce qui me motive, de savoir qu’il existe un besoin urgent auquel il faut répondre si nous voulons obtenir une justice qui compte. Si notre système favorise les coupables riches plutôt que les innocents pauvres, si notre système est biaisé par ce genre d’erreurs, si notre système est fragilisé par les préjugés et le racisme, si notre système a été politisé, il n’est pas disposé à être réformé.


« Nous devrions abolir la peine de mort »


Quand on voit ce genre d’erreurs, on ne peut pas se permettre de tuer. C’est l’une des raisons qui me portent à croire que nous devrions abolir la peine de mort. Mais je pense que cela exige un système infaillible dont nous ne disposons pas.  Quand on vit à Montgomery, on a sans cesse conscience de la génération qui nous a précédés. Nous sommes à quelques rues de l’endroit où Rosa Parks a refusé de céder sa place. Nous ne sommes pas loin de l’église de Martin Luther King, d’Edgar Nixon, qui rassemblait les gens, et de Fred Gray, un avocat qui représentait Martin Luther King. Toutes ces personnes m’inspirent. J’ai l’impression de prendre leur relai. Ils ont réalisé beaucoup plus de choses avec beaucoup moins de moyens, et je suis touché par ce qu’ils ont accompli.


Alors je me suis dit : « Plus jamais. » Nous n’avons pas vraiment créé de lieux dans ce pays qui encouragent les gens à dire « plus jamais » à l’intolérance, à la haine, aux préjugés, au racisme. Je pense que c’est ce qui nous a rendus vulnérables. Donc pour moi, c’était une urgence, une priorité et une nécessité.