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C'est quoi, le ramadan ?
C’est quoi, le ramadan ?
Les explication de Mohamed Bajrafil, imam à Ivry-sur-Seine.
Cette année, le ramadan commence le 23 avril et se termine le 23 mai. À cette occasion, Mohamed Bajrafil, imam à Ivry-sur-Seine, revient sur les origines de cette pratique religieuse, l’un des cinq piliers de l’islam.
« Les bienfaits que nous faisons dans ce mois sont multipliés au centuple »
Le ramadan, ce n’est pas qu’une question de nourriture, c’est aussi un moment d’aide et de dons aux plus démunis. « Les bienfaits que nous faisons dans ce mois sont multipliés au centuple. C’est un mois où l’on est habité par l’idée de gagner la satisfaction de Dieu. C’est le mois du don par excellence : donner à son voisin, donner à son proche. Il y a une aumône particulière, un impôt obligatoire que l’on doit nécessairement donner à la fin de ce mois », explique Mohamed Bajrafil.
Le ramadan correspond au neuvième mois du calendrier hégirien, le calendrier arabe. Pour les musulmans, c’est un mois sacré. « C’est surtout le mois de la méditation du Coran. C’est le mois pendant lequel le Coran a été révélé, notamment pendant la “nuit de l’honneur” – Laylat al-Qadr en arabe – mais d’autres traditions prophétiques nous apprennent que les révélations célestes ont toutes eu lieu pendant ce mois », détaille Mohamed Bajrafil.
« On prive le corps pour le cœur »
Le ramadan commence lorsque le premier croissant de la nouvelle lune est observé. Sa date varie donc selon les années et les pays. En France, c’est le Conseil français du culte musulman qui annonce cette date. Chaque jour de ce mois, de l’aube au coucher du soleil, les croyants qui le peuvent doivent jeûner.
Pourquoi ce jeûne ? « On prive le corps pour le cœur, répond Mohamed Bajrafil. On prive le corps pour que celui-ci devienne léger et s’apprête à voler à la rencontre de son Seigneur. Le corps a eu une année entière pour s’empiffrer, pour se gaver de tout. C’est un mois où, ce qui compte, c’est d’abord la parole, la bonne parole. La méditation. Prendre le temps. En cela, le confinement peut être une aubaine pour le jeûne. »
L’un des cinq piliers de l’islam avec la profession de foi, la prière, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque
L’imam précise : « Il est demandé de prendre sur soi physiquement, mais aussi psychologiquement. C’est un mois durant lequel il nous est dit de ne pas répondre à la provocation davantage qu’ailleurs. Je jeûne, donc je me self-control. À tout point de vue : vis-à-vis de la nourriture, mais aussi vis-à-vis de toute provocation externe. Pas de grossièreté, pas de médisance, pas de calomnies. »
Le ramadan constitue l’un des cinq piliers de l’islam avec la profession de foi, la prière, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque. Il doit être observé par chaque croyant après la puberté. Les personnes en voyage, âgées ou malades peuvent être exemptées du jeûne. Pour les femmes, grossesse, allaitement et règles sont aussi un motif d’exemption. Selon les cas, ces jours non jeûnés peuvent être rattrapés ou compensés, par exemple grâce au don d’un repas aux plus démunis.
« Dès lors que je me retrouve à deux doigts de tomber dans les pommes, j’arrête »
« Nous avons aussi des personnes comme les médecins, les infirmières, les aides-soignants, qui font face à cette catastrophe et qui ont besoin de pouvoir tenir ce rythme. Il leur est permis de ne pas jeûner pour rattraper à d’autres occasions », ajoute Mohamed Bajrafil. « Dès lors que je jeûne et que, à un moment de la journée, je me retrouve à deux doigts de tomber dans les pommes, j’arrête. Et je rattraperai une autre fois. Parce que la vie l’emporte sur tout », précise l’imam.
À la fin de la journée, les croyants se retrouvent pour partager un repas : c’est l’iftar. Le mois de ramadan s’achève avec une grande fête : l’Aïd al-Fitr, qui marque la rupture de ce mois de jeûne. C’est un moment de retrouvailles avec sa famille et ses proches. « Si ça devait se passer pendant le confinement, j’inviterais les gens à positiver. Finalement, je me retrouve avec ma famille. On est enfermés, mais on apprend à davantage parler les uns avec les autres », conclut Mohamed Bajrafil.