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C'est quoi le régiment Azov en Ukraine ?
Le régime Azov, la cible de la propagande du Kremlin
Accuser le gouvernement ukrainien de nazisme, c’est l’un des principaux arguments de Vladimir Poutine pour justifier l’invasion de l’Ukraine, qu’il a déclenchée le 24 février 2022.
Et l’un des mouvements d'extrême droite qui s’est le plus illustré ces dix dernières années, c’est le bataillon Azov, une organisation paramilitaire créée par un ultranationaliste, Andriy Biletsky.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le régiment Azov est au cœur des combats, notamment à Marioupol, ville assiégée par l’armée russe.
Même s’il ne compte qu'entre 4000 et 5000 hommes, soit moins de 2% de l'armée ukrainienne, le régiment Azov est la cible de la propagande du Kremlin. D’ailleurs, Sergey Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe s'en est servi pour justifier le bombardement de la maternité de Marioupol le 9 mars dernier.
“Les femmes en couches, les infirmières et tout le personnel de soutien ont été mis à la porte. C'était la base de l'ultra-radical bataillon Azov” a déclaré Sergey Lavrov. Ce bombardement a fait plusieurs blessés et trois morts. Une fillette, cette femme enceinte et son enfant n’ont pas survecu.
Qui est Andriy Biletsky, le créateur d’Azov ?
Andriy Biletsky, c’est l’homme qui est à l’origine du bataillon Azov. “C'est la personnalité charismatique qui personnifie le mouvement Azov”, explique le chercheur de l’INALCO. “Il va être un chef de guerre très doué qui va permettre aux forces ukrainiennes de prendre pied dans l’est du territoire.”
“J’espère que les nationalistes ukrainiens, qui étaient les premiers à Maïdan, qui ont défendu leur pays en premier, inspirent les européens et montrent la voie à suivre pour rendre leur pays sûr, uni et fort” a déclaré dans une vidéo Andriy Biletsky, dirigeant du parti Corps National.
En 2014, quelques mois seulement après la révolution du Maïdan, le bataillon Azov intègre la garde nationale, l'équivalent de la gendarmerie ukrainienne. Il devient alors le régiment Azov et sera déployé dans la guerre contre les séparatistes pro-russes à l’est de l’Ukraine.
“Ce bataillon de volontaires a été déployé et a remporté un certain nombre de victoires, notamment les batailles de Chirokiné et de Marioupol” explique Adrien Nonjon.
“Le noyau néonazi du régiment Azov finit être noyé dans la main”
A leurs débuts, il n'est pas rare d’apercevoir des symboles nazis ou fascistes chez certains des membres du régiment, L'emblème d’Azov est même directement inspiré de l'iconographie nazie.
Adrien Nonjon : “Ce régiment Azov va évoluer. Il va y avoir, bien entendu, certains de ses membres qui vont continuer à être apparentés à l'idéologie néonazie, au nazisme ou au nationalisme radical. Néanmoins, en raison de son intégration à l’armée ukrainienne, il est obligé d’élargir ses rangs.
Ce noyau néonazi, finalement, a été noyé dans la masse. Plusieurs personnes vont rejoindre le régiment Azov, non pas par conviction politique, mais parce qu'ils ont envie de combattre les ennemis de l'Ukraine dans une formation militaire disciplinée, bien armée. Ce qui n'était pas le cas pour d’autres formations, armée ukrainienne comprise.”
“Le poids politique de l’extrême-droite ukrainienne est minime”
Quant à Andriy Biletsky, il quitte le régiment Azov pour se lancer en politique. Il est élu député de 2014 à 2019 mais échoue à fédérer les forces d'extrême-droite ukrainiennes qui restent marginales dans les urnes.
Adrien Nonjon explique : “En fait, le nationalisme constitue d'abord une idéologie de défense. Le nationalisme est une idéologie complètement mainstream qu’on retrouve dans des partis aussi bien de gauche que de droite. Ça va des chrétiens-démocrates aux verts ukrainiens en passant, bien entendu, par les mouvements nationalistes.
Après, si on veut parler d’un poids d'extrême droite ukrainienne, celui-ci est minime, quasiment inexistant d’un point de vue électoral. L’extrême droite ukrainienne ne représente aucun poids politique, mais est extrêmement active dans l'espace public.
L'extrême droite, en 2014, a essuyé une défaite électorale aux élections présidentielles juste après le Maïdan. Ensuite, vous avez l'élection présidentielle de 2019. Alors que l'ensemble des partis nationalistes ukrainiens étaient localisés autour d’une seule et même candidature, rebelote, moins de 2 % et nouvel échec peu de temps après aux élections législatives anticipées de juillet 2019.”
Voici 6 questions simples pour comprendre les tensions entre la Russie et l'Ukraine. Depuis plusieurs années, à l'intérieur du pays, à Donetsk, la ligne de front sépare deux groupes armés : les séparatistes pro-russes, qui sont des combattants locaux, et d'autres Ukrainiens qui mènent la bataille contre ce groupe.
Depuis le 24 février 2022, sur la demande du président Vladimir Poutine, les forces russes ont envahi l'Ukraine. L'état de guerre a été déclaré. Les civils ukrainiens font face à des bombardements quotidiens sur toutes les villes du pays, dont Kiev. Le président Volodymyr Zelensky a appelé à l'unité nationale et aux civils qui le peuvent à prendre les armes. Dans le monde, des sanctions économiques et financières ont été votées contre Moscou.