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Carla, Marie-Laure et leurs trois filles, la première famille homoparentale de France
Brut a retrouvé la première famille homoparentale de France
Entre 1994 et 1998, Carla et Marie-Laure ont eu trois filles par PMA. En 2004, elles deviennent la première famille homoparentale reconnue par la loi : la famille Picard-Boni.
Giulietta, Zelina et Luana. Ce sont les trois filles de Carla et Marie-Laure. Ensemble, elles forment la famille Picard-Boni, la première famille homoparentale de France. 26 ans après la naissance de Giulietta, Brut les a retrouvées.
Giulietta est conçue en France par PMA grâce à un vide juridique
Entre 1994 et 1998, Carla et Marie-Laure ont eu trois filles par PMA. En 2004, elles deviennent la première famille homoparentale reconnue par la loi. « On était simplement dans la réalité de notre amour. Il y a tellement de gens qui étaient contre, c’est sûr mais à l’époque, on n’en avait pas conscience de toute façon », se souvient Carla.
En 1994, Giulietta est conçue en France par PMA grâce à un vide juridique. La même année, la PMA est interdite pour les couples de lesbiennes. Zelina et Luana seront conçues en Belgique. En 1999, la loi instaurant le Pacs est votée, y compris pour les couples homosexuels.
Au départ, seule Marie-Laure a un lien de parenté
Carla et Marie-Laure sont alors un couple « officiel », mais cela ne garantit aucun lien de parenté avec les enfants pour Carla. C’est en effet Marie-Laure qui a porté les filles. « J’avais moi seule le lien de parenté avec ces enfants que nous avions désirés ensemble, que nous élevions ensemble. On faisait comme un couple qui élève ses enfants », affirme-t-elle.
Il faut au couple quatre ans de procédure pour obtenir cette autorité parentale pour Carla. La mère doit, dans un premier temps, adopter les trois enfants, puis demander une autorisation parentale conjointe. Elle obtient gain de cause deux fois. Chose exceptionnelle en France, où la famille homoparentale n’est alors pas reconnue.
« Ce n’est pas comme s’il manquait quelqu’un, parce que cette personne n’existe pas »
Giulietta, aujourd’hui âgée de 26 ans, s’amuse des questions qu’on lui a posées au fil des années. « “Comment ça se fait ? Comment ça a été fait ? Mais tu n’as pas de papa ?” “Mais ça ne te manque pas ?” Bah non. Enfin, je ne le connais pas, ça peut pas être quelque chose qui me manque. C’est vraiment de la curiosité. Ils ont juste envie de savoir comment ça s’est passé et d’expliquer. Et au final, les gens sont là : “Ok, c’est cool.” »
L’aînée de la famille ne constate pas de « manque » et ne comprend pas vraiment qu’on utilise ce terme. « On est nées avec nos deux parents, on a été désirées toutes les trois. C’était déjà cette composition, ce n’est pas comme s’il manquait quelqu’un parce que cette personne, elle n’existe pas. Ce n’est pas comme s’il y avait un des parents qui était parti à notre naissance. On a grandi dans cette famille. »
« Nos filles sont nées d’un don et pas d’un abandon »
« Nos filles sont nées d’un don et pas d’un abandon. Ça n’a rien à voir », renchérit Carla. Elle trouve d’ailleurs absurde l’idée qu’il faudrait absolument deux genres dans un couple de parents. « On ne fonctionne pas par genre, mais par capacité. Et il y a aussi beaucoup de couples hétéros qui fonctionnent de cette façon. Mais la société ne pense pas comme ça. »
Pour Zelina, cette répartition n’a jamais causé aucun souci. « En tant qu’ado, ça ne nous a jamais posé problème parce que tout était dit. On nous a toujours tout dit, dès qu’on était toutes petites. Comment on était nées, pourquoi notre famille, blablabla tout ça. Et je pense, aussi, du coup il n’y a jamais eu de gène de notre part. » Et Luana, la benjamine, de conclure : « Tu ne dis pas en te présentant : “Bonjour, j’ai deux mères.” C’est une part de mon identité, mais ce n’est pas que ça. »