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En Inde, cette école bouleverse le destin des filles

"Ils demandent qui fera le ménage si on envoie leur fille à l'école." Permettre aux femmes de devenir indépendantes, c'est l'objectif de Pardada Pardadi. En Inde, cette école bouleverse le destin des élèves qui la fréquentent…
Publié le
12
/
10
/
2020

Inde : Des écoles pour l'émancipation des femmes


En Inde, un groupe scolaire propose une scolarité unique aux filles, de la maternelle à la terminale. Ce sont les écoles Pardada Pardadi.


Dans l’État indien de l’Uttar Pradesh, les écoles Pardada Pardadi offrent aux jeunes filles une éducation scolaire gratuite et unique, de la maternelle à la terminale. Les établissement sont localisés dans la ville d’Anupshahr et comptaient 1.600 élèves en 2019. Chaque élève reçoit du matériel d'étude, des uniformes, de quoi payer le transport, trois repas par jour, des serviettes hygiéniques et des services de santé d'une valeur d'environ 40.000 roupies (soit 465 euros).


Un meilleur taux de présence


La Pardada Pardadi Educational Society (PPES) est créée en 2000 par Virendra Singh. Avant de revenir dans sa ville natale d’Anupshahr, il est ingénieur aux États-Unis. À son retour, il se donne pour mission de scolariser les filles de son village, une tâche plus difficile que prévue. Finalement, une étude menée en 2014 montre que les élèves de Pardada Pardadi ont un taux de présence moyen de 85 %, contre 62 % pour les filles des autres écoles en Uttar Pradesh.


Les écoles versent une indemnité aux collégiennes et lycéennes. Elles reçoivent 15 roupies (soit 0.17 euro) par jour de présence. Ainsi, les établissements apportent une aide financière aux familles des élèves afin qu’elles poursuivent leur scolarité. Par ailleurs, ils travaillent avec des familles à faibles revenus et la majorité des élèves inscrites sont issues de communautés musulmanes, les castes inférieures indiennes.


Pour l’émancipation de la femme


« Quand personne ne venait et que les jours et les semaines passaient, j'ai commencé à aller parler aux familles. Et à ma grande horreur, j'ai découvert que personne ne veut d'éducation à l’école. Tout le monde demandait : qu’est-ce qu’on va manger ce soir ? C'est la question numéro un. Le problème numéro deux est que s'ils ont une fille, ils pensent tous qu'à 13 ou 14 ans, elle va se marier. Où trouver l'argent, les finances pour son mariage ? J’ai intégré tout ça et j'ai décidé que la voie de l'école, la voie d'un bon emploi passe par la nourriture, par les vêtements et par l'argent du mariage. C'est ainsi que l'école a commencé avec cet objectif », explique le fondateur.


L’ambition de la PPES est désormais d’œuvrer pour le développement rural par l’émancipation sociale et économique des femmes. Pour y parvenir, elle met en place des programmes de développement pour les communautés, des groupes d'entraide, des services de santé et des toilettes dans plusieurs villages. La Pardada Pardadi Educational Society reçoit des fonds de fondations, d’entreprises ou des dons individuels.


Pendant le confinement


À l’heure de la pandémie, les choses se sont compliquées. Certains cours se font en ligne et les élèves ont reçu des tablettes et cartes mémoire. « Parfois, je suis obligée de manquer des cours en ligne à cause des tâches ménagères. Pendant le confinement, mes parents ont aussi pensé à me marier. Je leur ai dit que je voulais étudier, que je ne voulais pas me marier », raconte Prya Nagar, élève de terminale diplômée.


Elle poursuit : « Mais ma mère m'a dit : "Non, tu n'as pas besoin d'étudier maintenant que tu as fini la terminale. C'est suffisant."  J'en ai informé mon école quand ma mère ne m'a pas écoutée. Ensuite, le personnel de l'école leur a parlé et m'a aidée à poursuivre des études supérieures. Pour l'instant, je veux faire des études d'ingénieure en informatique. » Dans certaines zones de l’Inde, les élèves manquent d’espaces sûrs. Depuis sa fondation, l’école a sauvé huit filles du mariages d’enfant.