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Ex-espionne, elle répond à 6 questions simple sur son métier
1/ Quelles qualités faut-il pour être agent secret ?
Flore Rebière, ex-agent de renseignement : “De la discrétion, ça, c’est sûr. Beaucoup d'observations. Une grosse capacité d’analyse de beaucoup de données et de faire le lien, comme un véritable enquêteur.
Être vraiment capable d’observer et les gens et ce qu’il se passe autour de vous. Capter des ambiances. Être réactif. Et puis, être passionné aussi, je pense, parce que ça demande pas mal d’implication.
Il y a des codes à respecter. Il y a des choses justement lorsqu’on vous fait passer cette habilitation secret défense. On vous dit : ‘À partir de ce moment-là, vous ne pouvez plus parler de votre activité à l'extérieur. Vous ne pouvez plus rencontrer n’importe qui, n’importe comment, n’importe où.’
Donc, si on a envie d’être dans le feu des projecteurs et de crier au monde ce qu’on fait et qui on est, ça devient plus compliqué, effectivement.”
Pendant 15 ans, il était une légende : Beryl 614. Olivier Mas a été agent secret pour la DGSE. Il raconte.
2/ Comment devient-on agent secrète ?
“Moi, je suis passée en interne pour devenir agent de renseignement. J’étais déjà dans la police. Et donc, j’ai vu passer un appel d’offre à un moment donné puisque la plupart des agents de la DGSI, qui était à l’époque la DCRI, sont des policiers. Et donc, j’ai postulé sur un appel d’offre que j’ai vu et j’ai été prise.
De l’extérieur, c’est beaucoup moins simple parce que, lorsqu’on vient de l’extérieur, il faut un profil particulier, des compétences particulières qui vont être recherchées par le service. Vu que vous êtes de l'extérieur, il y a une enquête très poussée qui est faite.
Et si vous voulez rentrer à la DGSE, il faut un concours en extérieur en externe, donc c’est plus compliqué.”
3/ Y a-t-il beaucoup de femmes dans ce métier ?
“Dans des services comme la cyber, on était très peu de femmes pour beaucoup d’hommes. Peut-être que ça a évolué depuis que je suis partie. Après, dans le service de la coopération où j'étais, il y avait beaucoup de femmes.
Historiquement, les femmes, dans la police ou dans les services de renseignements, étaient recrutées que pour être dactylos ou secrétaires. Elles n’avaient pas accès aux métiers dits ‘opérationnels’. Donc, est-ce qu’il y a des choses comme ça qui sont restées un peu et ça c’est masculinisé ?”
4/ Est-on obligé de garder le secret ?
“Garder le secret, c’est la règle de base. On ne dit pas ce qu’on fait, on ne parle pas de ce qu’on fait. Seules les personnes qui sont déjà dans nos vies lors de l’habilitation sont au courant.
Si jamais il y a de nouvelles personnes, un nouveau compagnon, il faut qu’on le signale. Et, à partir de là, ces personnes peuvent savoir ce qu’on fait, mais on ne va pas raconter dans le détail notre journée de travail.
Même des gens qu’on rencontre dans une soirée, c’est banal d’avoir la question : ‘Ah, bah, tu fais quoi dans la vie ?’ Et oui, de là, effectivement, inventer quelque chose. Mais des choses sur lesquelles je pouvais motiver, expliquer, m’en sortir…”
5/ Une espionne travaille-t-elle toujours sous couverture ?
“Alors, dans mon service à moi, pas forcément. On peut avoir un nom, effectivement, une sorte d’alias ou quelque chose dont on va se servir si on va se présenter et qu’on n’a pas envie de fournir notre véritable identité.
Mais être vraiment sous légende, comme ça a été le cas pour Elena, par exemple, dans le film, ça, c’est beaucoup plus particulier et beaucoup plus rare. En tout cas, à la DGSI, je n’ai pas vu ça.”
6/ Peut-on concilier vie professionnelle et vie de famille ?
“En fait, ça dépend, encore une fois, de l’activité qu’on fait. Il y a des gens qui font 9h-17h qui rentrent chez eux, et puis, tout va bien. Ils peuvent très bien aller faire de la peinture, le week-end, partir à la mer. Ils ont des vies normales.
Et après, il y a d’autres services beaucoup plus opérationnels, beaucoup plus prenants où c’est plus compliqué.
Et puis, après, il faut trouver l’équilibre. C’est vrai que si on a déjà un mari ou une femme et que c’est sur une longue durée, bon, bah, c’est OK. Après, c’est vrai que si on n’a pas un socle d’amis ou une vie de famille déjà bien posée, lorsqu’on veut s’établir à nouveau avec quelqu’un ou avec des amis, c’est plus facile de le faire en intérieur parce qu’on peut plus facilement partager ce qu’on est, qui on est qu’à l’extérieur.”
Jonna Mendez a travaillé pendant 27 ans pour la CIA comme agent de renseignement. Voici le témoignage d’une ancienne espionne américaine de la CIA.