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Guadeloupe : des coupures d'eau quotidiennes
En Guadeloupe, les habitants épuisés par les coupures d’eau incessantes
Se laver ou faire la vaisselle est devenu un luxe, dans cette région française où 60 % de l’eau est perdue avant d’arriver au robinet. Mais rien ne bouge, d’après les gens sur place.
« Nous sommes une région française, et nous avons des coupures d’eau permanentes. Notre situation est catastrophique », alerte Ludovic Tolassy, porte-parole du mouvement citoyen MounGwadloup. Pour des milliers de Guadeloupéens, ne pas avoir accès à l’eau courante, comme tous les Français, c’est devenu quotidien. « Ces coupures peuvent durer un, plusieurs jours, voire plusieurs semaines dans certains secteurs, détaille Ludovic Tolassy. Tout ça est dû à un réseau qui n’a pas été entretenu depuis près d’un demi-siècle. Même boire de l’eau, s’hydrater - on vit dans un pays chaud - ça devient une grande problématique. Pour s’adapter, malheureusement, cela demande des mesures économiques, parce qu’il faut acheter des packs d’eau. »
1 milliard d’euros sont nécessaires
Mal entretenu, mal alimenté, mal géré et vétuste, le réseau d’eau est régulièrement coupé. 60 % de l’eau est perdue avant d’arriver au robinet, contre 20 % au niveau national. En Guadeloupe, 17 km de canalisations sont à refaire. 1 milliard d’euros sont nécessaires. Un problème qui dure et sur lequel des Européens alertaient déjà Emmanuel Macron en 2018.
En France, l’eau est une compétence des communes. Le rôle de l’État se limite à contrôler la qualité et à apporter un soutien financier. Pour le mouvement citoyen MounGwadloup(target="_blank"), une partie de la responsabilité en revient donc aux élus locaux. « *On n’a pas de réponse ni à moyen, ni à court, ni à long terme. Nos élus censés nous représenter et défendre ce dossier ne font pas leur travail. La seule chose qu’ils ont montrée de 2014 à 2020, c’est leur incapacité à résoudre ce problème », déplore Ludovic Tolassy.
« Les élus ont laissé faire »
« Il y a une responsabilité de l’État, qui n’a pas joué son rôle sur le territoire de la Guadeloupe. Il y a une responsabilité des entreprises privées gestionnaires de l’eau, et il y a une responsabilité des élus, qui, eux aussi, ont laissé faire », assure Ferdinand Louisy, maire de Goyave. Sa commune de 7.500 habitants est régulièrement touchée par des coupures d’eau. Il en a fait son combat.
« Au niveau de ma commune, ça présente bien évidemment des risques sociaux. Il y a une tension sociale qui, au-delà d’être palpable, est évidente. Et puis, ça représente des risques sanitaires. Lorsque vous avez des établissements comme une école où il n’y a pas d’eau, que faire pour les enfants qui vont dans les toilettes au moment des récréations ? » s’interroge le maire.
« Les gens payent leurs factures et ils n’ont pas d’eau. C’est pas légal »
Pour lui, il faut changer la gestion du bien public qu’est l’eau, gérée actuellement de manière « capitaliste » : « C’est un service public qu’on leur demande, c’est pas un centre de profits, c’est pas une valorisation boursière. Et tant que l’eau sera gérée dans cette optique, on aura ce genre de résultats. » Ferdinand Louisy met actuellement en place deux mesures d’urgence : acheter de l’eau en bouteille et s’assurer de la distribution de l’eau potable d’une part, réparer toutes les casses d’autre part. Cela à place du syndicat qui était chargé de le faire.
Le maire ne décolère pas. « On fera en sorte que tous ceux qui avaient un rôle à jouer soient cités devant la justice pour rendre compte aux administrés de Goyave de leurs carences, de leurs défaillances. J’attends un soutien qui le permettra de rendre à la population son argent. L’argent qu’on est en train de dépenser pour autre chose alors qu’elle paye ses factures. Les gens payent leurs factures et ils n’ont pas d’eau. C’est pas légal. »