Inceste, Emmanuelle Béart raconte
Emmanuelle Béart a révélé avoir été victime d'inceste pendant son adolescence. Dans le documentaire "Un silence si bruyant" coréalisé avec Anastasia Mikova, elle recueille les témoignages de quatre victimes pour tenter de briser le tabou. Elles racontent.
“L’inceste, c’est tout un mécanisme pour écraser la personne. C’est un acte de domination qui passe par le sexe. C’est quelque chose qui vous détruit” témoigne l’actrice Emmanuelle Béart, qui révèle avoir été victime d’inceste pendant son adolescence, de ses 11 à ses 15 ans. Elle raconte: “J’ai 11 ans. C’est la nuit, j’en suis sûr. Tu déchires mon sommeil comme tu déchires, sans bruit aucun, ma chemise de nuit. Comme si cet arrêt dans le temps, ce silence polaire te laissait tout l’espace et comme si déjà il était inscrit que personne ne témoignerait jamais”.
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“Un enfant toutes les trois minutes est violé, dont 80 % dans le cercle familial”
“Moi, quand ça m’est arrivé, le mot inceste n’existait pas. Le mot plainte n’existait pas. Il est temps que les adultes qui ont traversé ça prenne la parole, parce que ça fait de tels dégâts chez eux que dans le fond, ça peut faire des dégâts sur leurs descendants aussi. C’est important que les adultes puissent donner quelque chose de sain à leur enfants” ajoute Emmanuelle Béart. Dans le documentaire “Un silence si bruyant”, l’actrice recueille les témoignages de quatre victimes. “Si en voyant notre film, il y a des gens qui, peut-être, sont encore dans le déni, parce qu'on peut vivre toute une vie dans le déni, peut-être que s’il y a des gens qui s’autorisent déjà à se l’avouer eux-mêmes, avant même d’en parler aux autres, ce serait déjà formidable. Ce serait déjà très fort” déclare Anastasia Mikova, la coréalisatrice du documentaire.
Affaire Duhamel: l'interview de Camille Kouchner
“Dans notre documentaire, on a un témoin qui dit : “Mais moi, si on m’avait dit ‘Pourquoi autant de cystite ?’, j’aurais tout lâché. Si le directeur m’avait dit ‘Pourquoi une telle violence ?’, j’aurais tout dit.” Parce qu’aujourd’hui, on ne repère pas assez tôt les enfants. On n'empêche pas que ça arrive. Donc on se retrouve avec 160 000 enfants abusés chaque année. Un enfant toutes les trois minutes violé, dont 80 % dans le cercle familial. Voilà, les chiffres sont hallucinants” affirme Emmanuelle Béart.
Corinne Masiero, actrice, victime d’inceste
Un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste
“Ce qui se passe et ce qu’on a compris en parlant à des spécialistes, c’est que le cerveau, pour te protéger de cette horreur que tu vis dans l’enfance, pour que tu continues à vivre, il disjoncte” explique Anastasia Mikova. “Il y a quelque chose qui est comme anesthésié, voilà. C’est anesthésié, il y a une sorte d’anesthésie émotionnelle que l’on retrouve chez beaucoup de nos témoins et dans laquelle je me reconnais totalement. On oscille entre une volonté profonde d’oubli et en même temps quelque chose qui ne vous lâche pas. Avec des flashs, avec des choses très, très incisives et très profondes et très ancrées dans le corps et dans l’esprit. Donc c'est tout ce dialogue, déjà, dans un premier temps, avant même qu'on prenne la parole et qu'on le dise aux autres. Déjà, se dire à soi-même, se dire mentalement, ça veut dire le penser, ça veut dire l’accepter” ajoute Emmanuelle Béart.
Viol et inceste dans le porno, c'est vraiment légal ?
Un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste selon un sondage Ipsos. Anastasia Mikova indique: “L’idée, pour nous, c’est évidemment de s'adresser aux 10 % de la population qui l’ont vécu et on espère qu’ils vont aussi, peut-être, se dire : “Si elle a pu parler, si Pascale, si Norma, si Joachim, si Sara et sa fille dans le film ont réussi parler, peut-être que moi aussi, je peux m'autoriser à parler.” Mais c’est aussi s'adresser aux 90 autres pour cent de la société, de la population, de nous tous, et de se dire : “Voilà, ces gens-là, ils sont dans nos familles. Ils ne sont pas quelque part loin de nous, ils sont parmi nous. Qu'est-ce qu’on fait avec ça ?”” “Cette injonction à parler, elle est très bien, mais si tout le système autour est prêt à recevoir cette parole, si le système judiciaire, si l’école, si l'Éducation nationale… C’est toutes les forces vives qu’on doit engager pour entendre cette parole” ajoute l’actrice française.
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“Moi, quand ça m’est arrivé, le mot inceste n’existait pas. Le mot plainte n’existait pas. Il est temps que les adultes qui ont traversé ça prenne la parole, parce que ça fait de tels dégâts chez eux que dans le fond, ça peut faire des dégâts sur leurs descendants aussi. C’est important que les adultes puissent donner quelque chose de sain à leur enfants” ajoute Emmanuelle Béart. Dans le documentaire “Un silence si bruyant”, l’actrice recueille les témoignages de quatre victimes. “Si en voyant notre film, il y a des gens qui, peut-être, sont encore dans le déni, parce qu'on peut vivre toute une vie dans le déni, peut-être que s’il y a des gens qui s’autorisent déjà à se l’avouer eux-mêmes, avant même d’en parler aux autres, ce serait déjà formidable. Ce serait déjà très fort” déclare Anastasia Mikova, la coréalisatrice du documentaire.
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