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L'apprentissage des langues par l'hypnose

Dans les Landes, une école teste l'apprentissage des langues par l'hypnose. Un mécanisme également utilisé dans les hôpitaux pour calmer le stress, la douleur, et même remplacer les anesthésies générales. Voilà comment ça fonctionne.
Publié le
23
/
01
/
2020

L'hypnose à l'école et à l'hôpital


La méthode est testée dans un lycée des Landes. Et les élèves sont conquis ! L’hypnose peut en effet s’avérer utile pour l’apprentissage, et même pour l’anesthésie.


Lycée de Saubrigues, dans les Landes, cours de langue du matin. Les élèves de seconde semblent endormis, et tout le monde trouve ça normal. Et pour cause : ils sont en réalité sous hypnose. Avec un casque audio sur les oreilles, ils apprennent l’anglais, l’espagnol ou l’italien. L’hypnose à l’école, c’est une première en France. « J’y croyais pas trop. Mais après, plus on le fait, et plus ça fonctionne. Il y a des mots de vocabulaire qui viennent plus facilement en cours, et je ne pensais pas pouvoir les utiliser avant », témoigne une lycéenne.


«  On ralentit les ondes cérébrales »


Une heure par semaine, ces élèves s’installent devant leur ordinateur et se laissent hypnotiser par la voix du logiciel Hypnoledge, mis au point par trois hypnothérapeutes. Laure Duprat Morlaes, co-fondatrice du logiciel, explique : « On ralentit les ondes cérébrales, ce qui va provoquer un relâchement du corps. Ça va faciliter l’intégration à un autre niveau, un niveau inconscient de l’apprentissage de la nouvelle langue, par exemple. »


Toutefois, ces cours ne remplacent pas les cours traditionnels. Ils sont un plus pour les professeurs. Selon les fondateurs d’Hypnoledge, aucune étude scientifique ne prouve que cette méthode fonctionne. Mais les lycéens, eux, notent déjà le changement. « Franchement, on retient beaucoup mieux », abonde une lycéenne. L’entreprise veut maintenant proposer cette méthode à l’Éducation nationale.


Remplacer l’anesthésie dans les hôpitaux


Depuis une dizaine d’années par ailleurs, l’hypnose fait son entrée dans les hôpitaux. La pratique réduit en effet le stress et la douleur chez les enfants. « Maintenant, on ne fait plus ces prémédications qu’on donnait aux enfants avant d’aller au bloc, et qui, effectivement, avaient quand même des effets secondaires qui endormaient beaucoup les enfants », observe la Dre Corinne Bonnard, médecin anesthésiste. Et pour certains adultes, elle remplace même les anesthésies générales. Pendant la Seconde guerre mondiale, l’hypnose servait même à traiter les traumatismes de guerre.


L’hypnose médicale ou conversationnelle est dispensée par des médecins ou du personnel soignant formé à cette pratique. Comme Patricia Lapoile, infirmière anesthésiste : « Les techniques d’hypnose ou d’hypoanalgésie, c’est toujours une relation entre deux personnes. Avec les enfants, on va pouvoir se servir de plein d’objets. C’est un complément, c’est une aide précieuse, mais, à mon sens, la chose fondamentale, c’est la relation avec le patient et avec l’enfant. Et avec l’enfant, c’est très facile, parce qu’ils ont un imaginaire extrêmement développé. »


Les explication du Dr Claude Virot


Cependant, certains patients résistent à l’hypnose, car son efficacité dépend aussi du moment et du contexte. Le psychiatre Claude Virot détaille son fonctionnement. « Imaginons une maman qui a une rage de dents, une terrible douleur. Cette maman a une petite fille. La petite fille tombe dans l’escalier. La maman se précipite, la petite fille pleure et hurle et la maman vient s’en occuper. D’abord la rassurer, la cajoler, soigner une petite plaie. Enfin, il n’y a pas eu de gros dégâts. Vous croyez que la maman ressent encore sa douleur ? Pendant toute cette phase-là, elle aura complètement oublié qu’elle avait une douleur dentaire, parce qu’elle était complètement focalisée sur autre chose. C’est comme ça que marche la conscience. »


« Au bloc opératoire, l’anesthésiste va chercher avec le patient un sujet, une expérience, un événement très important pour cette personne. Et avec des techniques d’hypnose, la patient va être capable de rester fixé, focalisé sur cette expérience. Plus il va être focalisé - il va, par exemple, courir un marathon ou faire de la plongée sous-marine - tout ce qui se passe autour semble disparaître, y compris la douleur. Hypnotiser quelqu’un, c’est très facile à faire. Il faut deux, trois, quelques jours d’apprentissage et on sait modifier l’état de conscience du sujet. Mais pour utiliser cette hypnose-là, ça demande beaucoup d’autres compétences et beaucoup d’autres savoirs. Donc il faut être un professionnel de santé. »