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Le Vogue Challenge interpelle sur le manque de diversité dans la mode
C’est quoi, le #VogueChallenge ?
Ces dernières semaines sur les réseaux sociaux, des internautes ont interpellé sur le manque de diversité dans le magazine de mode Vogue en créant leur propre couverture.
Le hashtag #VogueChallenge a été lancé début juin par Salma Noor, une étudiante norvégienne, qui avait tagué le mouvement Black Lives Matter dans son post originel. Le concept ? Refaire soi-même sa couverture du magazine de mode Vogue. Peu à peu, le challenge a été repris pour pointer le manque de diversité des mannequins.
« On m’a déjà refusé une agence parce qu’il y avait déjà une mannequin métisse »
« L’inclusivité et la représentativité dans le monde de la mode sont deux choses très importantes pour moi. Soyons honnêtes, le monde de la mode a énormément d’impact sur la société mais également sur la perception que nous avons de nous-mêmes en tant qu’individus. Et cela commence dès l’enfance avec ce que les médias ou les magazines mode mettent en avant, notamment les standards de beauté », estime la participante au #Vogue Challenge Jessie Nsoki.
D’après la mannequin Charlotte Yelena cependant, ce problème va bien plus loin que le monde de la mode. « Dans les films, à la télé, dans les pubs, les magazines, les défilés… C’est un problème qui est là depuis longtemps. Même moi, dans le monde du travail, en tant que mannequin, on m’a déjà refusé une agence parce qu’il y avait déjà une mannequin métisse. »
« Il est très difficile de se construire dans une société qui fait comme si le Noir n’existait pas »
Pour Charlotte Yelena, il a été difficile de grandir en tant que petite fille noire, car elle avait peu de personnalités médiatiques auxquelles s’identifier. « Il est très difficile de se construire et de s’accepter dans une société qui fait comme si le Noir n’existait pas. Vous êtes en pleine construction et dans les médias, vous ne voyez aucune personne qui vous ressemble, ou très peu de personnes. »
Toutefois, inclure des mannequins ou des acteurs non blancs dans les médias ne suffira pas à régler le problème si tous les auteurs restent blancs, estime Charlotte Yelena. « Il est également important de mettre en avant le travail d’artistes noirs, non pas parce qu’ils sont noirs, mais parce que les Noirs ont tout autant de talent et que ce talent doit aussi avoir l’opportunité d’être mis en avant. »
« Je trouve ça dommage qu’en 2020, on soit encore obligé de faire ce genre de challenge »
Depuis la création du #VogueChallenge, les réseaux sociaux ont été envahis de fausses couvertures de ce magazine emblématique. Un premier pas timide, selon la participante Julie Ba. « Je trouve ça dommage qu’en 2020, on soit encore obligé de faire ce genre de challenge pour dénoncer ce problème qui persiste depuis énormément de temps. Combien de temps il m’a fallu pour trouver un fond de teint adapté à ma carnation ou juste du maquillage adapté à mon type de peau ? »
Du côté de chez Vogue, la rédactrice en chef Anna Wintour a reconnu le manque de diversité au sein du magazine et de l’entreprise, et a présenté ses excuses. « Je veux commencer par exprimer mon empathie à l’égard de ce que tant d’entre vous vivent, à savoir la tristesse, la souffrance et la colère. Je sais que la souffrance, la violence et l’injustice dont nous parlons existe depuis longtemps. Il est grand temps de le reconnaître et d’agir. Je veux dire que je sais que Vogue n’a pas trouvé assez de moyens pour élever et donner de la place aux éditeurs, écrivains, photographes, designers et autres créateurs noirs », peut-on lire dans une lettre adressée aux employés de Vogue datée du 4 juin 2020.