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Pour lutter contre les écrans, il crée des podcasts pour enfants

Manque de vocabulaire, hyperactivité, asociabilité… Les écrans handicapent le bon développement des enfants. Pour les occuper sans danger, Benjamin a eu une idée : des histoires racontées en podcast. Brut l'a rencontré.
Publié le
12
/
02
/
2020

Un podcast pour éloigner les enfants des écrans


Benjamin Muller a créé le podcast « Encore une histoire », pour occuper les enfants différemment. Il espère par là même sensibiliser au danger des écrans pour les petits.


« Aux États-Unis, à l'âge de 2 ans, un enfant est en moyenne trois heures par jour devant un écran. En France, à l'âge d'un an, un enfant est confronté à un écran une heure par jour », alerte Benjamin Muller. Pour lutter contre cette tendance, ce trentenaire a créé le podcast Encore une histoire, afin d'occuper les enfants différemment.


« C'est une question de santé publique »


C'est une question de santé publique. Trop d'écrans avec les enfants, avec les tout petits, c'est très mauvais pour eux. Ce qui a été prouvé par des études, c'est que les enfants qui sont beaucoup confrontés à des écrans, notamment le matin avant d'aller à l'école ou à la crèche, ont trois fois plus de risques de développer des troubles du langage. Très concrètement, au CP, ils vont beaucoup moins bien parler que les autres. Quand les enfants entrent au CP, normalement, ils doivent connaître entre 2.500 et 3.000 mots de vocabulaire. Les enfants qui regardent beaucoup d'écrans, quant à eux, sont parfois à 300, 400 mots de vocabulaire.


Quand les pédiatres font faire des dessins à des enfants de 2 ans, 3 ans, on voit un beau petit bonhomme. Quand on n'est pas trop exposé aux écrans, on a l'habitude d'observer la vie en 3D autour de soi. Alors que l'enfant qui regarde pendant des heures les écrans, son petit bonhomme, il ne va ressembler à rien du tout ! Ça peut paraître tout bête, car je n'ai pas envie d'en faire un dessinateur, mon enfant. Mais ça illustre le fait que son cerveau n'a pas évolué comme il le faudrait. Si on commence à l'âge de 3 ans avec un retard, qu’est-ce que ce sera plus tard ?


Des conséquences sur la motricité et la socialisation


Ce que la science a également prouvé, c'est que ça peut avoir des conséquences sur la motricité : des enfants qui regardent quatre heures par jour des écrans à l'âge de 2 ans, ça arrive. Il y en a beaucoup plus qu'on ne le croit ! Ce sont des enfants qui vont un peu moins jouer dans leur chambre, courir, sauter, aller dehors, aller au parc. Pour la sociabilité aussi, c’est problématique. C'est prouvé que les enfants plusieurs heures par jour les écrans ont moins de copains. Ça a un impact sur leur cerveau et ils sont moins enclins à s'ouvrir aux autres, à être dans le partage et dans l'échange.


Il y a également beaucoup d’enfants qui ont des troubles du sommeil, surtout les petits : plus un enfant va être exposé à un écran durant la journée, moins il va dormir. C'est comme pour nous ! Si on est beaucoup sur notre téléphone avant de dormir, on va moins bien dormir. Un enfant, c'est encore plus le cas. Si votre enfant, dort mal, essayez de diminuer son exposition aux écrans.


Je suis père de trois enfants, donc évidemment, pour moi aussi, la tentation est grande. Quand je prends le train, quand je fais de longs trajets en voiture, le week end, quand je reçois des copains à la maison… Pour être peinard comme tout le monde pendant deux heures, effectivement, ça marche bien, les écrans ! Sauf qu'avec ma femme, ça nous pose des problèmes.


« On va s'enregistrer avec notre dictaphone en lisant des histoires »


Ce qu'on a à faire, c'est qu'on va lire. On va s'enregistrer avec notre dictaphone en lisant des histoires. Puis on va les pas faire écouter à nos enfants. Ça les captive, nos enfants, mais ils ne sont pas confrontés à un écran. Ils écoutent. Ça stimule leur imagination. Ça ouvre des débats. Alors on a négocié avec des éditeurs le droit d'enregistrer leurs histoires en podcast. Ça s'appelle Encore une histoire. C'est destiné aux enfants à partir de 2 ans et demi, 3 ans. C'est évidemment gratuit.


Et franchement, c'est magnifique. Notamment en voiture. On reçoit beaucoup de messages de parents qui nous disent : « Vous avez sauvé nos trajets, pendant les quatre heures ou cinq heures de route qu'on a passées, on a écouté vos podcasts en boucle. Nos enfants étaient calmes, tranquilles. On voyait dans leurs yeux les bulles d'imagination que provoquaient l'écoute de ces histoires. »


Et c'est vrai qu'en arrivant à la fin du trajet, l'enfant n'est pas surexcité comme après cinq heures d'écran. Vous voyez qu'il a les yeux rouges. Là, c'est un peu l'inverse. Faites le, ça change tout. Après, je ne veux donner de leçons à personne. Moi-même, je mets mes enfants devant des écrans avant 3 ans. Tous mes proches le font. Ce que je veux juste dire aux parents, c'est que la science prouve que c'est une catastrophe pour nos enfants de les exposer trop aux écrans. C'est une question de santé publique entre 3 et 6 ans.


« À partir de 9 ans, ça devient plus cool »


On peut commencer à mettre des écrans aux enfants, surtout des petits dessins animés, des choses mignonnes, douces, pas trop longues. Il faut rester avec l'enfant. Il ne faut pas le laisser seul subir le programme. À l'âge de 6 ans, on va pouvoir envisager des dessins animés un peu plus longs, toujours, dans la mesure du possible, avec le parent ou un adulte, pour lui expliquer ce qu'il voit pour éventuellement lui répondre. À partir de 9 ans, ça devient plus cool. Les enfants sont plus grands, ils sont beaucoup plus matures et ils ont atteint l'âge de raison.


À partir de 9 ans, c'est aussi le début d'Internet. Il peut commencer à comprendre. Là aussi, il faut que vous soyez là pour pas qu'ils tombent sur des contenus inadaptés. Il y a aussi les jeux vidéos, sur les tablettes ou sur consoles. Certains sont complètement adaptés aux enfants et vont stimuler leur imagination.