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Les animaux ont-ils des relations sexuelles par plaisir ?

Sexe oral, masturbation, rapports homosexuels… Les animaux aussi ont des relations sexuelles sans chercher à se reproduire. Mais est-ce pour le plaisir ? Pour cette biologiste, il y a des signes qui ne trompent pas…
Publié le
08
/
02
/
2022

En termes de sexe, “les animaux ont tout inventé

Dans le domaine du sexe et du plaisir, les animaux ressemblent beaucoup aux humains… “On n’a rien inventé. Rien du tout. Les animaux ont tout inventé” explique Dr. Patricia Brennan, biologiste de l’évolution. “Il y a le sexe oral, par exemple, qu’on voit beaucoup dans la nature. Les chauves-souris le pratiquent. Et quand elles le font, ça augmente les chances de fécondation. Chez certains poissons, les mâles ont des petites moustaches dans la bouche dont ils se servent pour chatouiller les parties génitales des femelles, pour la même raison”.

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Cette biologiste, le Dr Patricia Brennan, a découvert que les dauphins femelles prennent du plaisir lors des rapports sexuels : “Les dauphins font l’amour tout le temps. Ils ont des rapports non seulement entre mâles et femelles, mais aussi entre femelles et entre mâles. On a observé des dauphines se caresser le clitoris entre elles avec leur rostre ou leurs nageoires, mais aussi se masturber, en trouvant des objets au fond de la mer contre lesquels se frotter. Dans cette étude, on a observé des clitoris de dauphines, leur morphologie. On a trouvé des preuves claires que leur clitoris semble leur procurer du plaisir”.


Les femelles bonobos ont beaucoup de rapports homosexuels entre elles”

Les scientifiques ont observé chez d’autres animaux des pratiques sexuelles non reproductives, comme le sexe oral, les rapports homosexuels ou la masturbation. “Le fait que les animaux ont des relations sexuelles en dehors d’un contexte de reproduction indique sans doute que ce n’est pas la seule fonction de ces relations, non ? Beaucoup de gens font l’hypothèse qu’ils s’entraînent pour la reproduction. C’est peut-être aussi un facteur de cohésion sociale” indique Dr Patricia Brennan.

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Les bonobos sont des grands singes, très proches des chimpanzés. Ils forment une société dominée par les femelles, qui ont beaucoup de rapports homosexuels entre elles. Ces interactions leur permettent de resserrer leurs liens, car elles coopèrent beaucoup ensemble. Elles ont des clitoris très développés” ajoute la biologiste. 


Bien qu’il soit difficile d’être certain que les animaux prennent du plaisir dans leurs rapports sexuels, les scientifiques ont observés plusieurs signes… “Ils ont vraiment l’air de prendre du plaisir lors des rapports sexuels, comme beaucoup de primates qu’on étudie en laboratoire. Les femelles, on les voit grimacer, vocaliser, rouler des yeux, plier les orteils. Elles ont de nombreuses réactions évocatrices du plaisir ou même de l’orgasme” décrit Dr Patricia Brennan.

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L’homosexualité existe-t-elle chez les animaux ?

Les relations homosexuelles sont aussi très courantes chez les animaux. La biologiste développe : “L’homosexualité est très répandue dans la nature. On le sait depuis très longtemps. Il y a un explorateur célèbre qui est allé en Antarctique et a observé le comportement des pingouins. C’était dans les années 1800 et il est revenu très choqué d’avoir vu une telle diversité de comportements sexuels. Alors il n’en a jamais parlé. Il était très choqué, car culturellement et socialement, à l’époque, c’était terrible. Et je pense que la même chose s’est produite pour de nombreux chercheurs”.


Dans les années 1990, il y a eu ce beau livre, Biological Exuberance, qui a fait remonter tout ça à la surface, en disant : “Ah, vous trouvez que l’homosexualité, c’est bizarre ? Regardez tous les animaux qui la pratiquent.” Et le livre prend des exemples chez toutes les classes d’animaux, les insectes, les poissons, les oiseaux, les mammifères, les primates, tout le monde. La question n’est même plus de savoir si l’homosexualité est commune, mais plutôt de savoir qui ne la pratique pas. Car il semblerait que tous les animaux le font, honnêtement”.

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Chez beaucoup d’espèces, la division binaire entre mâles et femelles n’existe pas. “Le masculin et le féminin ne sont qu’une des issues possibles de l’évolution. Il y a des champignons qui ont 10 000 types sexuels. Pour eux, masculin ou féminin, ça ne veut rien dire. Il y a aussi les changements de sexe. La girelle à tête bleue en est l’un des exemples les plus connus. Il y a un mâle dominant, qui contrôle tout un groupe de femelles. Mais si ce mâle meurt, la plus grosse femelle devient le mâle du groupe. “Où est le mâle ? Je n’en vois pas, alors ce sera moi.” Alors elle commence à mordre les autres, à devenir très agressive. Puis en quelques jours, cette femelle, avec des ovaires et des ovules, devient un mâle, avec des testicules et du sperme” déclare la biologiste.


“Si ces phénomènes sont connus, ils sont très peu relayés

Par le passé, beaucoup d’études scientifiques sur le comportement animal ont été influencées par des constructions sociales. “On imagine que les mâles sont plus entreprenants et les femelles plus farouches, que les femelles doivent être courtisées et ont moins de pulsions sexuelles que les mâles. C’est ce qu’on croyait avant. Mais on a observé des choses bien différentes récemment, par exemple chez les oiseaux. On sait maintenant que les femelles sont très actives sexuellement et, comme on imagine que c’est le cas chez les mâles, si c’est à leur avantage d’avoir plus de rapports, elles vont chercher à le faire”.

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Patricia Brennan pense qu’il est important de faire connaître ces découvertes et de faire évoluer les idées préconçues sur ce qui est considéré comme “naturel”. “Les gens n’apprendront que ce à quoi on les expose. Si on ne leur parle jamais de ces thèmes en disant “bien sûr, les animaux le font, c’est tout à fait normal” alors ils ne le sauront pas. Comme je le disais, c’est en partie de la faute des scientifiques, car quand nous avons observé ces comportements par le passé, nous n’avons pas voulu en parler. L’autre souci, c’est que même maintenant que ces phénomènes sont connus, ils sont très peu relayés”.