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Penser l'intelligence artificielle, avec Asma Mhalla – Brut Philo
L’IA, une technologie omniprésente dans notre quotidien
Pour Asma Mhalla, ce sujet mérite une attention particulière face au bruit médiatique. “Quand vous avez une espèce de montée en crise d’une fabrication de la crise, il faut toujours garder son pas de côté et comprendre d'où vient le narratif, le discours, qui il sert. Il sert une chose très simple, c'est qu'on parle du matin au soir d'intelligence artificielle, et que donc ça recrée un marché, et donc une valeur économique, plus une accoutumance”, explique-t-elle. Car que l’on parle positivement ou négativement de ces technologies, nous créons une acceptabilité sociale du sujet qui permet, par la suite, d’introduire de nouveaux usages.
Chat GPT : c'est quoi l'intelligence artificielle ?
Aujourd’hui, l'intelligence artificielle est omniprésente dans notre quotidien, dans notre travail, dans notre intimité, dans nos sociabilités. Au quotidien, elle peut amener de nombreuses questions : savoir si elle transforme les rapports, si elle pose des questions politiques sur l’éducation, le travail, la démocratie. Selon la spécialiste, l’interrogation fondamentale sur ce sujet est “la question de la mort, ou le revival du politique”.
Une intelligence qui imite les humains
Vers la fin des années 40, le monde évolue et donne naissance aux premiers ordinateurs. “Des chercheurs se sont demandé ce qu'était l'intelligence artificielle mais aussi humaine et comment fonctionnait, dans le fond, le cerveau. Et avec ces outils de l'époque, et c'est là où on va retrouver, par exemple, Alan Turing, qui s'est demandé si l'intelligence humaine est reproduisible et si oui, de quelle manière une machine pourrait reproduire le cerveau humain, une capacité ou une faculté de penser”, raconte Asma Mhalla.
Ils font de l'art avec de l'intelligence artificielle
Car pour définir l’intelligence artificielle, il faut d’abord comprendre l’intelligence humaine, selon la spécialiste. L’intelligence des humains est la faculté de penser, de raisonner, d'imaginer. C’est aussi la capacité de mémoire et la perception du monde, des autres. “La question du langage intervient très vite, qui, finalement, est le véhicule, le vecteur, la façon dont on va mettre en musique notre perception du monde et notre relation à l'autre. Et c'est en ce sens aussi que toutes les questions, toutes les polémiques, les débats qu'on a aujourd'hui, des intelligences artificielles génératives, font autant peur, d'une certaine façon, parce qu'elles viennent essayer de simuler ce qui faisait jusqu'ici la singularité de l'homme, c'est-à-dire le langage et, avec ce qui vient en amont du langage, le raisonnement, la perception”.
3 news sur l’intelligence artificielle
Selon Asma Mhalla, l'omniprésence des IA n’est pas une révolution mais une évolution. Jusqu’à présent, ces techniques étaient dirigées sur des tâches spécifiques comme générer du texte, commander une voiture mais l’objectif politique et idéologique de la Silicon Valley est de créer des IA qui seraient capables de se commander elles-mêmes. “Ils ont les moyens financiers et les ressources techniques. Vous avez, aujourd'hui, des projets, par exemple, qui sont présentés par Yann Le Cun, directeur de la recherche de l'intelligence artificielle du groupe Meta, et qui travaille, ou dit travailler, sur des IA génératives, mais qui, à terme, pourraient intégrer la dimension des émotions. Et pourquoi la dimension des émotions ? Pour améliorer la pertinence des réponses. Donc, dans un but purement utilitariste, sans réflexion philosophique ni politique autour, on risque d'entrer dans le mur, avec des dégâts et des dommages collatéraux assez terribles. Et c'est pour ça que la conversation doit aujourd'hui être collective et politique”, ajoute Asma Mhalla.