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2e semaine de débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale
Réforme des retraites : le bazar à l'Assemblée nationale, épisode 2
La deuxième semaine de débats au sein de l’hémicycle a été encore plus chaotique que la première. Malaises, craquages et noms d’oiseaux : morceaux choisis.
Semaine du 24 février, les débats parlementaires sur la future réforme des retraites continuent. Pour certains députés, c’est le craquage nerveux.
Le nombre d’amendements, toujours
Fabien Roussel, Parti communiste français : C’est insupportable d'avoir ce débat dans cet hémicycle. Or, à chaque fois que nous abordons une question, à chaque fois que nous voulons poser des questions, à chaque fois, vous, vous prenez la parole et vous nous renvoyez qu'il y a 41.000 amendements à débattre sur un projet de loi fondamental. Mais enfin, à partir de combien d'amendements, c'est soutenable pour vos petits coeurs ? C'est insupportable, quand même ! Vous en voulez combien, des amendements pour que ce soit acceptable ? 200 ? 500 ? À partir de 1.000, ça passe ? 1.500, c'est de trop ? Mince alors, on est dans un hémicycle, on est à l'Assemblée nationale ! Si on ne peut pas débattre ici avec le nombre d'amendements qu'il faut pour vous pousser à dire la vérité, pour avoir le débat de fond sur les sujets qui nous préoccupent, alors on les aura où, ces débats ? Dans la rue ? C'est ça, ce que vous voulez ?
Malaises en série
Erwan Balanant, MoDem : Depuis lundi, j'ai l'impression d'être la marmotte dans le film Un jour sans fin avec Bill Murray et Andie MacDowell. Alors, dans le rôle de Bill Murray, on a Marc Le Fur et je pense qu'on peut dire que dans le rôle d'Andie MacDowell, on a la présidente Genevard. Juste la conclusion, quand même, Un jour sans fin, comment l'acteur s'en sort ? Il trouve enfin un sens à sa vie. Et moi, j'aimerais bien qu'on trouve enfin un sens à ces débats.
Annie Genevard, vice-présidente de l’Assemblée nationale : Merci monsieur Balanant, je vois que la Bretagne est en force ce soir.
Marc Le Fur, Les Républicains : Il y a un jeu qu'on voit dans quelques quartiers parisiens qui s'appelle le bonneteau. « Où qu'est-y ? Où qu’est-y ? » Alors c'est tantôt ici, tantôt là. C'est jamais là où on l'imagine. Vous êtes en train de jouer au bonneteau avec nous, Monsieur le rapporteur général.
Nicolas Turquois, MoDem, rapporteur du texte : Je vais vous donner un scoop. Je vais vous expliquer le choix de l'année 1975. Donc, en fait, et c'est une première, le ministère a accepté de discuter avec le rapporteur que je suis sur le choix de l'année. En fait, initialement, nous avions pensé 1976, Monsieur le ministre, en 1976, avait un choix. Moi, je me rappelais de 1976 pour la chanson Gabrielle et Monsieur le ministre, c'était plutôt pour Dancing Queen. Mais nous nous sommes dit que... Nous nous sommes dit que 1976 allait cibler... allait rappeler un mauvais souvenir au député Juanico... et les poteaux carrés de Saint-Etienne. Donc nous n'avons pas retenu 1976. L'année d'après, nous avons hésité avec 1983 et la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, c'était une bonne année. 1993 a été une très bonne année dans le Bordelais, mais à la fois les députés bourguignons et la députée Bourguignon allaient risquer d'être concernés, donc on a évité. Et donc, après moult, moult discussions, nous avons retenu l'année 1975.
Rixe entre Faure et Ferrand
Olivier Faure, Parti socialiste : …de voir madame Belloubet saisie officiellement de ce courrier et que nous puissions avoir...
Richard Ferrand, président de l'Assemblée nationale : Monsieur Faure, avant que la séance soit levée, avant que vous alliez vous coucher, avant que j'aille me coucher, vous viendrez avec moi dans mon bureau. Je vous ferai une photocopie moi-même de ce que j'ai fait parvenir à madame Rabault et à madame la garde des Sceaux, peut-être que vous arrêterez de troubler nos débats ! Croyez-vous que je vous mente, peut-être ? Tout de même ! Qu'est-ce que c'est que ce comportement?
Olivier Faure : Si je peux finir, Monsieur le Président. Je ne vous ai pas agressé.
Richard Ferrand : Eh bien, c'est agressif ! Le rappel au règlement est terminé !
Mélenchon et « l’autoritarisme »
Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise : Mais que voulez-vous, à la fin ? Une opposition qui ne s'oppose pas, qui ne demande pas de supprimer les articles de loi et qui ne vote pas. Mais ça n'existe pas ! Il y a quelque chose de totalitaire dans ce rappel sans cesse… Oui, oui, de totalitaire. Le totalitarisme, c'est ce côté absolument global. Vous ne nous offrez aucune possibilité d'entrer dans une discussion, car quoi que l'on dise, vous êtes contre et vous criez. Donc oui, l'autoritarisme, c'est l'antichambre du totalitarisme. Souvent. Il est temps pour vous de vous retenir.
Le burn-out du rapporteur
Nicolas Turquois, MoDem, rapporteur du texte : Je vais vous citer une citation qui m’est revenue tout à l'heure. Je l'avais pas prévue. Certains parmi vous ont déclaré : « La République, c'est moi. » Eh bien moi, je vous dis que la République, c'est nous, et vous, vous êtes rien. Là, je regrette, mais quand j'entends 600 amendements de suite et que demain on va avoir la même chose, quel est mon rôle ? Quel est mon rôle à part être le pantin au milieu d'un cinéma de Guignol ? C'est ma perception. Je regrette... Je regrette... Ce n'est pas sérieux. Vous avez une vraie opposition. Elle est légitime, votre opposition. Elle est légitime. À chaque fois, vous exprimez vos arguments... on y revient. Une série de 600 amendements... Je suis désolé, on ne fait pas grandir collectivement le Parlement. Je vais présenter mes excuses sur le fait de dire : « Vous n’êtes rien. » Mais, à un moment donné, je vous le dis, c'est le bonhomme qui vous parle.
J'essaye... J’essaye d'être présent, j'essaye d'être au banc, j'ai une équipe de co-rapporteurs avec lesquels on a bien travaillé. Et là, on dessert... on dessert le fonctionnement du Parlement. Si vous n'en êtes pas convaincus, on a quel rôle ? On ne se parle qu'à nous-mêmes, quelle va être l'image demain dans les médias ? L'image de gens qui s'amusent et qui passent le temps... Ça ne rime à rien ! C'est ce que je voulais exprimer. Alors, je suis désolé de ma tournure qui était sur le coup de l'envolée mais je vous assure qu'on se grandirait à faire autre chose.
Les instants solitude de la vice-présidente
*Annie Genevard : Que chacun arrête, quand il prend la parole, de dire qu'on perd du temps. Allons sur le fond systématiquement, mais arrêtons de dire qu'on perd du temps, parce qu'on perd du temps à dire qu'on perd du temps.
Annie Genevard : Bien… Il n'est pas nécessaire de parler aussi fort dans les micros, même quand on est passionné, Monsieur Cazeneuve.
Annie Genevard : Alors, si on pouvait, en matière de décibels, descendre d'un cran s'il vous plaît, ce serait pas mal.