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3 idées reçues sur la lutte contre la pauvreté, avec Esther Duflo

Les aides sociales rendent-elles vraiment les gens paresseux ? 3 idées reçues sur la lutte contre la pauvreté, démontées par la Prix Nobel d'économie Esther Duflo.
Publié le
21
/
12
/
2020

Trois idées reçues sur la lutte contre la pauvreté


Esther Duflo est économiste. En 2019, elle a reçu le prix Nobel d’économie. Pour Brut, elle évoque trois idées reçues sur la lutte contre la pauvreté menée en France.


Les aides sociales rendent les gens paresseux


« Ce qui est intéressant, c’est que si on se pose la question pour soi-même, en général, on ne donne pas la même réponse. On se dit : “Non, moi, si je recevais des aides, ça ne me rendrait pas paresseux. Mais les autres, oui” », assure Esther Duflo, économiste.


L’économiste affirme que dans toutes les expériences observées, il n’y a jamais d’effet de découragement du travail lorsque des aides sociales sont versées. Au contraire, ces aides ont même un effet encourageant, elles redonnent confiance.


« La plupart des gens veulent jouer un rôle positif dans la société, travailler, être intégré, etc. C’est quelque chose qui est beaucoup plus important, en fait, que de se reposer toute la journée », assure-t-elle.


Les aides sociales, ça coûte cher et ça gaspille nos impôts


« En général, on exagère très largement la partie du budget qui va dans les aides sociales directement », informe Esther Duflo. Selon elle, il faut penser aux impôts comme une redistribution plus équitable et non comme du gaspillage.


Elle ajoute : « Ce serait du gaspillage que si les impôts étaient tellement importants que ça découragerait les gens riches de travailler et que donc avoir des impôts élevés ne réussissait pas à remplir les coffres de l’État suffisamment. »


Une société sans inégalité sociales, c’est impossible


Esther Duflo se veut rassurante : « Il n’y a pas de loi économique qui dit qu’il faut qu’il y ait des inégalités dans le monde pour que le monde avance, il n’y a pas de nécessité économique aux inégalités. »


« Si vous comparez le Danemark et les États-Unis, c’est le jour et la nuit. Aux États-Unis, il y a des inégalités énormes, à la fois de revenus mais aussi de niveaux de vie. Alors qu’au Danemark, il y a beaucoup moins d’inégalités. Parce qu’il y a eu une volonté politique de les contrôler », explique la prix Nobel.


Et de poursuivre : « Là où on peut avoir une espèce de fatalité, c’est quand les revenus et la richesse commencent à s’envoler, ça donne accès à plus de choses qui permettent de faire s’envoler encore plus les revenus et la richesse. Et c’est ça qu’il faut que la politique, que nos politiques, nos décisions, la politique au sens noble si j’ose dire, nos décisions collectives empêchent. »