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3 mots redéfinis pour parler de la condition noire

"Exotique", "race", "victimisation"… Redéfinir certains mots pour parler de la condition noire, c'est l'objectif de Binetou Sylla, co-autrice du livre "Le Dérangeur : petit lexique en voie de décolonisation".
Publié le
24
/
01
/
2021

Binetou Sylla parle du sens des mots autour de la condition noire


Redéfinir 40 mots de la langue française pour parler de la condition noire, c’est ce qu’a fait le collectif Piment dans “Le Dérangeur : Petit lexique en voie de décolonisation”. Pour Brut, Binetou Sylla nous explique les enjeux de trois d'entre eux.


Exotique


Selon Binetou Sylla, l’emploi du terme “Exotique” suppose que l’on se considère soi-même dans la norme. C’est un mot relatif, ce qui est exotique est différent de soi. L’autrice du Petit lexique en voie de décolonisation veut marquer la subtilité : “Il faut faire évidemment attention à ce qu’on pense être étranger ou exotique.” En utilisant le mot “ exotique” avec une plus grande conscience du sens induit, elle invite à aller “vers une autre centralité”.


Race


Ce n’est pas parce qu’on retire le mot 'race' de la Constitution française, que le racisme va disparaître”, précise Binetou Sylla. La membre du collectif Piment affirme que le terme “race” a laissé des traces historiques dans l’évolution de la société française, même si la croyance de l'existence de "races biologiques" a largement disparue.


Victimisation


Binetou Sylla considère que le mot “victimisation” est employé contre les victimes, afin d’enlever du crédit à leur propos, qui devient alors une plainte. “C'est un mot qui est là pour délégitimer la parole, l’expérience des personnes dominées. C’est un mot qui est utilisé pour ne pas, justement, réfléchir au fait que s'il y a des victimes, c’est qu’il y a aussi des personnes qui profitent de privilèges" déplore Binetou Sylla.