À 68 ans il est médecin sur une île de 200 habitants

Un parcours atypique pour devenir médecin à 68 ans

Bernard Pino a un parcours de vie peu commun. Il explique : "J'ai commencé médecine, je crois que c'était en 1974 et en même temps, donc, avec mon épouse de l'époque, une école de danse. J'étais quelqu'un de très occupé." Mais pour des raisons financières, il a dû interrompre ses études de médecine en fin de 6ème année.

Ils dessalent l'eau de mer pour la boire

Il s'est alors reconverti dans le numérique pendant une trentaine d'années. Jusqu'à ce qu'un jour de Noël, une discussion avec une amie de sa femme le pousse à reprendre ses études à 52 ans. "Ma femme m'a dit : écoute, pourquoi pas ? Et j'ai repris à ce moment-là mes études à Brest", raconte Bernard Pino. Il a redémarré en 4ème année car la médecine avait beaucoup évolué entretemps.

Ils amènent la fête sur les petites îles de Bretagne

Malgré la difficulté de se remettre dans le bain, il a pu compter sur le soutien de sa famille et un bon accueil de ses jeunes camarades. Après toutes ces années, il a finalement décroché son diplôme de docteur en médecine en septembre 2022, à 68 ans. Sa femme lui a alors dit qu'il avait "gagné le fait d'avoir le droit de vieillir sereinement" en terminant ce qu'il avait commencé des décennies plus tôt.

Exercer la médecine sur une île isolée

Aujourd'hui, le Dr Bernard Pino exerce sur la petite île de Sein en Bretagne, qui compte un peu plus de 200 habitants. Il apprécie le fait de pouvoir combiner "une médecine lente" avec "une médecine d'urgence", assurant une permanence 24h/24. "Ils m'ont adopté, je les ai adoptés, et ça me va très, très bien", se réjouit-il.

Léa et Justine, la vie d'ado sur une île de 200 habitants

Être le seul médecin sur une île isolée implique certaines contraintes. Pour s'approvisionner en médicaments, Bernard Pino n'a pas d'autre choix que d'aller les récupérer chaque jour à l'arrivée du bateau, à 10h30. Quand il y a une tempête et que le bateau ne peut pas accoster, il doit compter sur le stock qu'il a constitué. Mais il relativise : "Les médicaments importants, y en a pas beaucoup et on est très peu nombreux ici, donc je sais qui a quoi. On peut toujours se dépanner, il n'y a aucun souci là-dessus."

L'absence de pharmacien sur l'île est un autre défi. "C'est un gros handicap parce qu'il n'y a personne pour contrôler les ordonnances", explique le médecin. Il doit donc redoubler de vigilance et n'hésite pas à appeler un confrère pharmacien en cas de doute.

Une médecine plus humaine, source d'épanouissement

Malgré ces contraintes, Bernard Pino apprécie l'exercice de la médecine sur l'île de Sein, qui permet une approche plus humaine et adaptée au rythme de vie insulaire. Contrairement à la ville où les consultations s'enchaînent, ici les rendez-vous sont fixés en fonction des disponibilités des patients. "C'est un luxe que plus personne ne peut se permettre", souligne-t-il.

Avec Benoît et sa boulangerie sur une île

Cette nouvelle vie de médecin de campagne est source d'épanouissement pour Bernard Pino, après des années d'insatisfaction dans ses précédentes activités. "C'est vraiment un métier qui a du sens", affirme-t-il. "C'est-à-dire, je suis vraiment à ma place. Clairement, je suis à ma place."

À la question de savoir s'il est heureux aujourd'hui, sa réponse est sans équivoque : "Ah oui, oui, oui. Pleinement heureux, oui." Une belle leçon de vie de la part de ce médecin pas comme les autres, qui a eu le courage de reprendre ses études à 52 ans pour réaliser son rêve et trouver sa voie.