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À Dunkerque, les bus sont gratuits

C'est la plus grande communauté urbaine d'Europe à avoir adopté la gratuité des transports pour tous. Et les résultats sont là.
Publié le
22
/
01
/
2020

À Dunkerque, les transports sont gratuits


Depuis la mise en place de la gratuité en septembre 2018, la fréquentation des bus a augmenté de 65 % en semaine et de 125 % le week-end.


« Ça me permet de sortir. Avant, j’étais bloqué. Tous les week-ends, je restais chez moi ou je faisais des appels. Là, je peux voir mes potes quand je veux. » Le verdict des Dunkerquois est sans appel : ils sont ravis de la gratuité des transports en commun - surtout les jeunes. Depuis la mise en place de cette mesure en septembre 2018, la fréquentation des bus a augmenté de 65 % en semaine et de 125 % le week-end. Un nouvel usager sur deux déclare ne plus utiliser sa voiture pour se déplacer dans l’agglomération.


La plus grande communauté urbaine d’Europe à miser sur la gratuité


« Il n’y a plus du tout de contrôleurs. Après, il y a des contrôleurs d’intervention sur le réseau pour notre sécurité, mais ils ne sont plus là pour contrôler les gens. Tout le monde est beaucoup plus aimable maintenant, forcément ! » se réjouit Adrien, chauffeur. Avec 200.000 habitants, Dunkerque est la plus grande communauté urbaine d’Europe à miser sur la gratuité totale des transports pour tout le monde. La circulation est organisée autour des 17 lignes de bus.


Ici, la ville encourage à prendre le bus avec un réseau modernisé. Les bus sont équipés du wifi gratuit, de prises électriques pour recharger son smartphone, et même, sur certaines lignes, de bornes d’arcade. Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, explique : « L’idée est née de cette envie de répondre aux nouveaux enjeux, notamment environnementaux du XXIème siècle : développer les transports collectifs dans une ville très dépendante de la voiture. l’idée, c’était de mettre le paquet en faisant évoluer le réseau de transports pour qu’il soit performant, et d’aller chercher la gratuité comme une forme de choc psychologique, de produit d’appel vers le transport collectif pour faire parler du transport collectif. »


« Donc, sur le plan théorique, on a une diminution de la pollution liée à la voiture, puisque la moitié des nouveaux usagers faisaient avant les déplacements en voiture ce qu’ils vont en transport collectif aujourd’hui. Les collectivités en sont capables. Mais bien entendu, si elles font de la gratuité du transport public, elles ne peuvent pas mener d’autres projets. C’est une question d’arbitrage et de choix politiques. »


La saturation des réseaux pose problème


« Pourquoi ce n’est pas davantage appliqué ? Pour plusieurs raisons. D’abord parce que dans un certain nombre d’agglomérations et notamment des grandes métropoles, la billettique représente une part importante du financement du transport collectif. À Dunkerque, c’était seulement 10 % du coût total du réseau. Dans certaines agglomérations, ça dépasse les 30 %, donc forcément, l’argent, pour compenser les billetiques, ça représente une somme importante qu’il n’est pas possible d’avoir tout de suite. Autre problème pour un certain nombre de grandes métropoles : la saturation du réseau. Si vous allez à Paris aujourd’hui, l’enjeu, ce n’est pas forcément la demande : c’est que les transports sont saturés. »


Aujourd’hui, 28 agglomérations de moins de 120.000 habitants proposent la gratuité des transports, comme Châteauroux depuis 18 ans, ou depuis quelques mois, des villes comme Cahors, Calais ou Libourne. L’objectif est de réduire les embouteillages, de faciliter la mobilité de tous, et de limiter la pollution. C’est à Compiègne, en 1975, que le maire de l’époque, Jean Legendre, a créé la première ligne de bus entièrement gratuite en France.