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Adolfo Kaminsky, le faussaire qui aida des milliers de juifs
Qui était le “Faussaire de Paris”?
"Quand on a la chance de pouvoir sauver ne serait-ce qu'une seule vie, on le doit. C'est primordial. Et j'ai eu la chance d'en sauver beaucoup.” Surnommé le “Faussaire de Paris”, il a sauvé des milliers d’enfants juifs pendant l’occupation grâce aux faux papiers qu’il fabriquait… “Sur les cartes d’alimentation des enfants juifs, il y avait un grand tampon ‘juif’ en diagonal. Il fallait donc l'enlever et c’était la course contre la montre. On n'avait pas le droit de laisser mourir les gens. On savait très bien à quoi ils étaient destinés.” Voici l’histoire d’Adolfo Kaminsky.
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En trois jours, il réalisa 900 documents pour 300 enfants
Adolfo Kaminsky naît en 1925 à Buenos Aires en Argentine dans une famille juive d’origine russe. Après plusieurs années d’errance à travers l'Europe, les Kaminsky atterrissent finalement en France au début des années 1930. Adolescent, il commence à travailler dans l’imprimerie, puis la teinturerie et apprend à manipuler des produits chimiques.
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Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie envahit la France et déporte plus de 70000 Français d'origine juive. En 1943, la famille Kaminsky est arrêtée et transférée dans le camp de Drancy, où les juifs sont enfermés avant d’être envoyés vers les camps d'exterminations nazis. Quelques mois plus tard, Adolfo Kaminsky et sa famille sont finalement libérés grâce à l’intervention du consulat d’Argentine. “Je suis un survivant. Donc je me devais d'aider les gens à survivre”, expliquait-il.
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Adolfo Kaminsky se fabrique des faux papiers et, sous le pseudonyme de Julien Keller, il met ses talents de faussaire au service d’un groupe de résistants juifs. Dans un laboratoire clandestin, il fabrique jusqu’à l'épuisement des faux documents pour sauver les juifs de la Gestapo, la police politique du Troisième Reich. Une fois, en seulement trois jours, il réalisa 900 documents destinés à sauver la vie de 300 enfants. “J'ai perdu un oeil de fatigue de ce travail ininterrompu, jour et nuit, au microscope, à la loupe... Mais c'est le prix à payer."
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“C’est très dur d’être survivant”
Après la guerre, Adolfo Kaminsky aide les rescapés de la Shoah qui souhaitent gagner la Palestine, alors sous occupation anglaise. Il s’installe en Algérie et poursuit également son activité de faussaire aux services de la lutte décoloniale et aide des membres du Front de libération nationale. “La France utilisait la torture, la méthode de la gestapo, des nazis, moi, j’ai trouvé ça absolument inadmissible. Je n’ai pas choisi l’Algérie contre la France. J’ai choisi la fin la plus rapide possible d’une guerre inutile.”
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Avec ses faux papiers, Adolfo Kaminsky aide d’autres mouvements de libération en Afrique, comme en Angola ou en Afrique du Sud, où il soutient la lutte contre l’Apartheid. En parallèle de son métier de photographe, il s’engage contre les régimes autoritaires d’Amérique latine au Brésil, en Argentine, au Salvador mais aussi en Europe contre la dictature des colonels en Grèce ou encore l'Espagne franquiste.
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Adolfo Kaminsky s’est éteint à Paris le 9 janvier 2023 à l'âge de 97 ans. “C’est très dur d’être survivant, d’être le seul survivant, c’est très culpabilisant. Les autres survivants que j’ai connus se sont tous suicidés. Moi, j’ai eu la chance de pouvoir sauver beaucoup de gens, sans quoi je n’aurais pas survécu non plus.”
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