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Adoption par les couples LGBTQ+ : au Congrès américain, il raconte son histoire
Le plaidoyer du législateur américain Sean Patrick Malony pour l’adoption des couples LGBTQ+
Il s’oppose à une loi proposée par le gouvernement Trump qui permettrait aux agences d’adoption de refuser leurs services aux familles LGBTQ+ sur la base de la liberté religieuse.
Le 27 février, Sean Patrick Maloney, législateur américain, s’est opposé à une loi proposée par le gouvernement Trump pendant une session à la Chambre des représentants. Le texte permettrait aux agences d’adoption et aux agences d’accueil de refuser leurs services aux familles LGBTQ+ sur la base de la liberté religieuse. Brut vous propose la traduction de son discours.
« Peut-être que le jour viendra où nous n’aurons plus à venir ici comme des quémandeurs »
Vous savez, en écoutant le discours d’ouverture du sénateur, je me disais peut-être que le jour viendra où des gens comme Mark et moi, comme certains après nous, n’auront plus à venir ici comme des quémandeurs pour réclamer nos droits fondamentaux, et où nous ne serons plus gratifiés de signes de discrimination déguisés en liberté religieuse. Mais même aujourd’hui, ce n’est pas le pays où nous vivons. Vous savez, je suis avec mon mari depuis presque 28 ans. Nous avons pu nous marier il y a seulement cinq ans, et pendant 27 ans, nous avons élevé des enfants.
Nous avons trois enfants. Notre aîné est venu à nous quand il n’avait pas tout à fait 3 ans. Il ne mangeait presque pas d’aliments solides, il dormait dans un tiroir, il vivait dans un taudis, dans l’un des quartiers les plus chauds de New York. Ses parents étaient héroïnomanes. Ils avaient quatre enfants. Je pense qu’ils aimaient leurs quatre enfants, mais ils aimaient encore plus les drogues, et ils étaient incapables de s'en occuper. Et nous ne pensions pas devenir parents. Il ne s’agissait pas de satisfaire un quelconque désir qu’on avait. C’était parce que quelqu’un nous demandait si on pouvait aider, et on le pouvait.
« Il n’y avait personne pour s’occuper de ce petit garçon »
Et peu de temps après, sa mère a fait une overdose et il n’y avait personne pour l’enterrer. On l’a fait. Et son père est allé en prison, et il n’y avait personne pour s’occuper de ce petit garçon, alors on l’a fait. Et c’était la meilleure chose qui nous soit arrivée. On était en couple depuis quatre mois. Ce jeune homme a 30 ans aujourd’hui. Et je crois que si vous lui posez la question sur la famille dans laquelle il a grandi, et bien disons je retiendrais ce qu’il aura à dire sur la capacité des couples LGBT à être parents et à accueillir.
Et vous savez, quelques années plus tard, une agence d’adoption nous a appelé du Texas, Monsieur, un groupe appelé « Adoption Alliance » qui était certifié au Texas et au Nevada. La raison pour laquelle ils nous appelaient à New York n’était pas parce qu’on cherchait à adopter. C’était parce qu’ils avaient appris que pendant les années 1990, il y avait certains enfants qui n’allaient pas être adoptés, dont les conditions de naissance étaient difficiles.
« Personne d’autre n’allait adopter »
Ces agences d'adoption ont appris à leur décharge qu’il existait des couples LGBT dans des villes comme New York qui pourraient dire oui à ces enfants, pas en tant qu’alternative au couple hétéro, mais en tant qu’alternative à la non-adoption. Parce que personne n’allait adopter ces gamins. Et les couples LGBT avaient moins de préoccupations par rapport à des choses comme le VIH, ils étaient plus disposés à adopter au-delà des différences raciales ou religieuses. Il y avait une opportunité pour des gamins qui n’avaient pas de foyer d’avoir un foyer.
Et c’est grâce à cela que, le 10 janvier 2001, j’ai appris que ma fille aînée née à peine cinq jours auparavant - nous n'avions aucune intention d’adopter - était née au Texas d’une petite fille d’un membre de l’armée américaine. Sa mère avait 14 ans. Elle ne savait même pas qu’elle était enceinte. Elle jouait au basket et se plaignait de crampes et a accouché du bébé. Les médecins pensaient qu’elle avait une appendicite. Ils nous ont appelés parce que personne d’autre n’allait le faire. 13 jours plus tard, mon partenaire et moi étions devant un juge du Texas à 8 heures du matin avant le début de ses audiences. Il a demandé : « Vous allez élever cet enfant, les gars ? » Nous avons répondu : « Oui monsieur. » Et il a finalisé l’adoption sur le champ. Aucun droit d’abrogation dans l’État du Texas.
« Les bons parents sont de bons parents, peu importe qui ils aiment »
Le fait est que, quand vous permettez aux gens de faire de la discrimination envers ces couples, vous privez les enfants de bons mamans et papas, de familles qui les aimeront. Et quand vous les déguisez comme de la liberté religieuse, vous sanctionnez seulement la discrimination et privez les enfants du foyer qu’ils méritent. On était ici parce que le gouvernement de Trump, comme on sait, a donné le feu vert aux lois discriminatoires pour permettre aux organisations subventionnées au niveau fédéral de discriminer envers les parents adoptifs et les familles d'accueil qui ne partagent pas les croyances religieuses de ces organisations.
Et ça veut dire aussi que les parents LGBTQ et les personnes d'autres religions ne peuvent pas adopter. Et ces gamins sont les perdants. Des centaines de milliers de gamins qui ont besoin d’une famille d’accueil, qui ont besoin de parents adoptifs. C’est le dommage collatéral qui s’ensuit si nous laissons ces pratiques discriminatoires se faire sous couvert de liberté religieuse. Notre seul but en assurant les services sociaux devrait être de veiller au meilleur intérêt de l’enfant. C’est tout ce qui compte. Les couples LGBTQ n’ont pas peur de ce test. Les parents sont des parents. Les bons parents sont de bons parents. Les mauvais parents sont de mauvais parents. Et peu importe ce à quoi ils ressemblent, ou qui ils aiment.