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Benjamin Lavernhe nous parle de l'Abbé Pierre

"Le combat continue, il est plus que jamais actuel." Il a passé sa vie à défendre les défavorisés. Un film lui est consacré, “L’Abbé Pierre : une vie de combats”, projeté hors compétition au Festival de Cannes. Benjamin Lavernhe l'incarne et nous raconte pourquoi il est inspirant, encore aujourd'hui. #Cannes2023
Publié le
28
/
05
/
2023

Qui est le fondateur du mouvement Emmaüs ? 

Henri Grouès, dit l'abbé Pierre, est un prêtre catholique français qui a consacré sa vie à militer pour diverses causes : le logement, la faim, l’éducation, la santé… Après son entrée dans la Résistance en juillet 1942, qui lui vaudra son nom “abbé Pierre”, choisi par ses soins, il est élu député de Meurthe-et-Moselle en 1945. Après trois mandats, ses combats se précisent. Il milite contre la guerre, qu’il a récemment connu, la peine de mort, pour la citoyenneté mondiale et contribue à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme de 1948. 

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En 1949, il rencontre Georges Legay, un ancien bagnard aux idées suicidaires, qui devient le premier compagnon d'Emmaüs. Dans une grande maison à Neuilly-Plaisance, ils forment une auberge pour lutter contre les problèmes de logement. Après son appel du 1er février 1954 qui crée un grand élan de solidarité pour l'aide des mal-logés, il s'engage dans la lutte internationale contre toutes les formes de misère. Il parcourt plusieurs pays pour donner des conférences sur ses combats. Dans le même temps, les communautés Emmaüs se multiplient en France et dépassent les frontières françaises. 

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Quel est le rôle de la Fondation Abbé Pierre ?

En 1988, l’association pour la création de la Fondation Abbé Pierre est créée. S'ensuit une grande campagne d’affichage pour sensibiliser la population sur le sort des mal-logés. En trois ans, la Fondation va répondre à 1300 appels de détresse, selon le site de la Fondation Abbé Pierre. En 1992, le Journal Officiel reconnaît la Fondation comme établissement d’utilité publique. Depuis 35 ans, la Fondation Abbé Pierre lutte contre l'habitat indigne et précaire sur tout le territoire français, sensibilise sur le mal-logement, finance des projets de construction à l’étranger et accueille notamment les personnes en grande difficulté. Jusqu’à la fin de sa vie, l’abbé Pierre aura consacré son énergie dans la lutte contre la pauvreté. 


Son parcours, le réalisateur Frédéric Tellier l’a retracé dans son nouveau film, L'Abbé Pierre - Une vie de combats, projeté le vendredi 26 mai 2023 en hors compétition à la 76 ème édition du Festival de Cannes. Dans son casting, on retrouve Emmanuelle Bercot dans la peau de Lucie Coutaz, qui a suivi l’abbé Pierre dans son combat, en faisant d'Emmaüs, sa première préoccupation. Benjamin Lavernhe joue l’abbé Pierre, un rôle qui lui procure une grande fierté. 

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Benjamin Lavernhe dans la peau de l'abbé Pierre 

Si l’acteur a accepté de jouer ce rôle, c’est avant tout pour rendre en quelque sorte un hommage à l’abbé Pierre et à ses combats. “J'ai une grande fierté et un immense honneur d'avoir à essayer de faire perdurer son héritage et que le combat continue, puisqu'il est plus que jamais actuel et que le problème de logement est un problème très, très contemporain”. 


Lors de la lecture du scénario, il est également séduit par le point de vue du réalisateur Frédéric Tellier, porté sur l’abbé Pierre. “Le scénario, déjà, était passionnant. Parce qu'on ne dit pas juste oui à un biopic ou à un personnage. Et la sensibilité de son écriture, le fait d'avoir une porte d'entrée très intime sur la personnalité complexe, tourmentée, à l'encontre de l'hagiographie du mythe abbé Pierre, le fait de rencontrer ce monsieur par le prisme de l'intimité m'a passionné, m'a bouleversé. J'ai envie de dire ses mots”, raconte l’acteur. 

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“Il a passé sa vie à bâtir”

Dans son rôle, Benjamin Lavernhe se rapproche au plus près des convictions et des combats de l’abbé Pierre et passe, à travers son rôle, le message autrefois porté par Henri Grouès. “Ce que nous enseigne l'abbé Pierre, c'est qu'il ne faut jamais s'habituer à la misère qui nous saute aux yeux, dans la rue. Et c'est ça qui est le plus difficile, parce qu'on croule sous les mauvaises nouvelles et on a tendance à se tanner le cuir, à se protéger en se disant: ‘C'est une fatalité. On ne peut rien y faire, c'est dans la nature humaine, les gens souffrent.’ Et lui, il dit: ‘Non, non, ne vous habituez jamais. Regardez le plus souffrant’. 

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Par ces luttes, Benjamin Lavernhe explique que c’est là que l’on trouve un sens à sa vie et que l’on atteint le bonheur et l'épanouissement. “C'était un homme extrêmement intelligent qui avait des solutions. Il ne disait pas juste ‘Il faut faire le bien’ mais plutôt: ‘L'argent, il est là, donc moi, je vous propose ça. On est suffisamment nombreux pour s'entraider’. Et il allait dormir avec les immigrés africains dans une église, il passait la nuit avec eux, il faisait venir les caméras peu importe d'où viennent ces gens. Ce sont des familles qui souffrent, il faut les aider”. 

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Benjamin Lavernhe qualifie l’abbé Pierre de résistant, qui résistait à toute forme de fatalité, une valeur que l’acteur trouve admirable. “Chez les scouts, il s'appelait Castor méditatif, c'était son totem de scout. Donc tout était dit. Il a passé sa vie à bâtir, comme un castor, et à méditer. Il avait une hypersensibilité et une hyperempathie pour la souffrance de l'autre et ça, c'est à la fois un don, qui a été sa croix aussi, sa souffrance, et il était complètement débordé par ses émotions. Et cette hyperempathie, cette hypersensibilité, ça a été son moteur et à la fois son talon d'Achille”, rapporte Benjamin Lavernhe. 

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