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“C'était un système intégré de domination complet”
“La France n'a plus de pré carré en Afrique, elle a des devoirs, des intérêts, des amitiés. Je n'ai, pour ma part, aucune nostalgie vis-à-vis de la Françafrique, mais je ne veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle”, déclarait le président de la République Emmanuel Macron le 27 février dernier. La "Françafrique", c'est une expression qui désigne les relations créées par la France avec ses anciennes colonies après leur indépendance. Ça décrit donc des liens politiques, diplomatiques, militaires, économiques et monétaires avec ces pays africains. Mais ça vient d'où, cette expression de "Françafrique", et qu'est-ce que ça désigne ? En fait, il faut un peu remonter le temps.
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Un système politique, militaire, financier, économique géré par la France
Nous sommes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À ce moment-là, la France est ce qu'on appelle un empire colonial. Mais dans les années 1960, des mouvements d'indépendance émergent dans ces pays. En pleine Guerre froide, pour maintenir son statut international mais aussi pour garder un accès privilégié aux ressources de ses anciennes colonies africaines, la France va tisser de nouveaux liens. “La France avait dans un système intégré ses anciennes colonies d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale. Un système politique, militaire, financier, économique, où, finalement, les dirigeants qui étaient au pouvoir avaient été, pour un certain nombre d'entre eux, avaient été ministres dans des gouvernements français avant les indépendances”, explique Antoine Glaser, Journaliste et auteur de Le Piège africain de Macron.
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“Un système politique, financier parce qu'avec le franc, ce qu'était le franc des colonies d'Afrique, devenu le franc de la communauté financière, c'est toujours le Trésor français qui gérait. Militaire parce qu'il y avait des bases françaises dans tous ces pays. Et c'était un système intégré de domination complet, parce qu'à l'époque, vous aviez des pays comme la Côte d'Ivoire, il y avait 50 000 Français à l'époque, et c'étaient eux qui étaient vraiment aux manettes. Un seul exemple : les Ivoiriens avaient rebaptisé le ministère du Plan, ils appelaient ça 'le ministère du Blanc', parce qu'il y avait des blancs partout, à tous les étages”, ajoute-t-il.
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Quelle est la relation entre Emmanuel Macron et la "Françafrique” ?
L'une des figures de la "Françafrique", c'est Jacques Foccart, responsable de la "cellule Afrique" de l'Élysée de 1960 à 1974. Il est l'homme qui a contribué à mettre en place cette diplomatie parallèle, fondée sur des réseaux d'influence. Dans les années 1970, 1980 et 1990, de nombreux scandales mêlent des politiques français et africains. “Finalement, il y avait tellement d'argent avec le pétrole, l'uranium, que, non seulement, bien sûr, c'était l'État français qui en bénéficiait, mais aussi beaucoup d'intermédiaires. Ça, c'est la Françafrique des valises de billets, la Françafrique incestueuse, des relations incestueuses des politiques français et des politiques africains”, détaille Antoine Glaser.
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Le président de la République actuel essaye de faire oublier cette vision là de la France vis-à-vis de ces pays africains. “Emmanuel Macron, il est arrivé au cours de son premier mandat en disant ‘la Françafrique’, comme ses prédécesseurs, ‘c'est terminé’. Il disait toujours : il faut que la France, il faut que les entreprises françaises et les politiques aillent dans l'Afrique anglophone et l'Afrique lusophone, c'est les anciennes colonies portugais es et britanniques, et qu'on n'aille plus dans ce pré carré, qu'on sorte de ce pré carré, on avait une rente politique pour nos entreprises, il faut en sortir. Sauf que, à chaque fois que, politiquement, il y a eu, par exemple, au Tchad, le président Idriss Déby qui est mort, finalement, la France, comme il y a l'armée française qui est là-bas, on a eu l'impression que la France adoubait une succession dynastique dans ce pays.”
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“Emmanuel Macron, il est pris entre une diplomatie d'influence qui l'oblige à être un peu dans la Françafrique à l'ancienne et aussi un aspect de relation un peu plus moderne, décomplexée, gagnant-gagnant, partenariat. Il va essayer de dire ‘maintenant, on s'occupe d'environnement, on va faire du business, on va faire de la culture’ pour faire oublier la période de la Françafrique”, conclut-il.
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