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Cette architecte transforme les vêtements en matériaux innovants
Transformer les textiles usagés en briques, c’est possible
L’architecte Clarisse Merlet a créé FabBRICK, une entreprise qui transforme des textiles usagés en briques écologiques. Elle explique son processus.
« Alors ça, c'est une brique FabBRICK. C’est fait avec du textile recyclé. Ça contient environ deux t-shirts qui auraient dû aller à la poubelle. Et avec ces briques, on peut faire des mobiliers ou des cloisons isolantes en acoustique et thermique. » Chaque année, rien qu'en Europe, quatre millions de tonnes de textiles sont jetés selon l’Ademe. Pour éviter que des vêtements ne soient gaspillés, Clarisse Merlet a créé FabBRICK.
Donner une seconde vie aux vêtements
En France, quand on veut jeter ses vêtements, on peut leur donner une seconde vie en les déposant dans des bacs de collecte prévus à cet effet dans les rues et on peut même y mettre des vêtements trop abîmés, déchirés, troués, puisqu'on peut les recycler.
Je reçois le textile déjà broyé de la part d'une entreprise qui collecte le textile. Ici, ce ne sont que des vêtements qui étaient trop abîmés pour être revendus. Ensuite, on peut choisir la couleur du textile, comme ici, c’est 100 % jeans recyclés, donc 100 % coton, donc c’est vraiment un meilleur isolant. Et en fait, on choisit la couleur en amont du broyage pour s’adapter à différents projets.
J'étais étudiante en architecture et je cherchais comment on pouvait construire autrement. Donc j'ai fait différents prototypes avec différentes colles écologiques, différentes manières de mettre le textile dans le moule pour le compresser. Et je suis arrivée à un prototype qui se tenait bien, qui réagit bien au feu et qui tient à l'humidité, également.
Des ingrédients bio-sourcés et non polluants
Alors, pour commencer, on pèse le textile pour mettre exactement la même dose dans chaque brique. Ensuite, on le mélange à une colle écologique que j'ai mise au point pour le projet. Donc c'est exclusivement des ingrédients bio-sourcés et non polluants. Et ensuite, on mélange tout et on malaxe pour que la fibre textile imprègne bien. Et voilà, c'est prêt à être compressé dans la machine. Et ensuite je pré-tasse.
Donc là, on va compresser les briques de manière mécanique. C'est une machine que j'ai mise au point pour le projet, qui n’utilise pas du tout d’énergie. Cette machine est prête à être éjectée. Donc on ouvre le vérin du haut. Donc ensuite, les briques sèchent pendant deux semaines, de manière naturelle.
Pour avoir plus de place, au bout d'une semaine, on les retourne comme ça. Celles-ci, c'est des briques de parement, elles sont toutes fines et elles servent juste de décoration pour des cloisons. Les briques qui sont ici, elles sont plus épaisses, du coup on peut construire avec, en fait elles sont structurelles.
Déjà 12.000 briques
L'avantage de recycler du textile, c'est que le coton présent dans nos vêtements est un très bon isolant, autant en acoustique qu'en thermique, et la colle utilisée pour faire les briques la rend imperméable et résistante au feu. Depuis le début du projet, j'ai réalisé 12.000 briques. Donc, ça représente à peu près cinq tonnes de textile recyclé.
Aujourd'hui, les briques sont surtout utilisées pour la décoration, donc pour réaliser du mobilier ou des cloisons, mais à l'avenir, j’aimerais poursuivre la recherche pour en faire un vrai matériau de construction. J'avais déjà fait quelques essais pendant la recherche qui avaient démontré un gros
potentiel pour la brique et je sais qu’on peut construire avec et, pourquoi pas, faire des murs porteurs dans des habitations.
En plus de limiter les déchets textiles, FabBRICK propose une solution au domaine de la construction, qui est très énergivore et très polluant, pour limiter l’utilisation des ressources naturelles, telles que le sable, le bois ou le pétrole.
Je suis assez fière de l'évolution de FabBRICK, puisqu'au début, c'était un projet d’école, et il y a moins de six mois, j'ai livré sept chantiers et aujourd’hui, j'ai un premier employé. Ça va être super dense. Je pense qu'il va y avoir de plus en plus de matériaux écologiques, puisqu’il y a beaucoup d’architectes qui utilisent le réemploi dans leurs projets aujourd’hui et je pense que c'est vraiment une bonne démarche pour limiter notre production de déchets.