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Charlotte Pudlowski a enquêté sur l'inceste

C'est une violence qui touche près d'un Français sur 10, mais le silence règne. Charlotte Pudlowski a voulu comprendre pourquoi.
Publié le
23
/
09
/
2020

Enquête sur l’inceste avec Charlotte Pudlowski


Charlotte Pudlowski est journaliste. Elle a enquêté sur l’inceste, ses victimes et leur silence. Elle rapporte son récit à Brut. 


« Il y a huit ans, j’ai appris que ma mère avait été victime d’inceste », raconte la journaliste Charlotte Pudlowski, qui a mené un enquête sur ce phénomène. Après la révélation de sa mère sur les violences qu’elle avait elle-même subies, elle se questionne : « Je me suis dit : “Si même dans une famille comme ça, aussi propice à laisser émerger les récits, on ne peut pas parler de ça, qu’est-ce que ça dit de ce que c’est ? Pourquoi elle est si subversive, cette parole autour de l’inceste ? Je voulais travailler sur ce silence-là. »


De nombreuses victimes


Selon les études menées, deux à trois élèves par classe sont victimes d’inceste. En avançant dans son enquête, Charlotte est surprise de découvrir à quel point les victimes sont nombreuses. En effet, 7 à 10 % de la population ont subi des viols intrafamiliaux dans l’enfance. Ces violences commencent en moyenne à l’âge de 9 ans.


Selon la journaliste, l'ignorance de l’ampleur de phénomène est due au silence qui l’entoure. De plus, l’absence de dialogue sur le sujet entraîne le mutisme des victimes : elles n’osent pas en parler car personne n’en parle.


Un silence trop pesant


Dans son podcast Ou peut-être une nuit, Charlotte Pudlowski décortique les mécanismes qui réduisent les victimes d’inceste au silence. Elle explique que plusieurs facteurs empêchent les victimes de parler : les menaces faites par l’agresseur, les mécanismes de mémoire traumatique entraînant l’oubli, l’entourage proche conditionné au silence et la société dans son ensemble.


« Les associations se battent depuis des décennies avec des propositions très concrètes, des mesures judiciaires sur la manière dont on traite les victimes, sur la manière dont on traite leurs paroles », explique Charlotte. Elle poursuit : « Il y a d’abord un enjeu de parole et de silence, au sens de laisser les victimes parler et d’accepter de les écouter. Mais aussi, collectivement, d’accepter d’entendre le problème. Moi, j’ai entendu des victimes qui m’ont dit qu’elles s’étaient retrouvées dans des cabinets de psy et qu’on leur avait dit : “C’est pas si grave, ça arrive dans plein de familles”. »


«  J’ai rencontré plusieurs personnes qui ont été victimes d’inceste et qui sont heureuses »


Charlotte tient cependant à rappeler que l’on peut se relever après de telles violences. Elle prend l’exemple de sa mère, aujourd’hui heureuse : « C’est pas une condamnation à mort si c’est traité, si on reçoit assez d’amour et la possibilité de parler. Si on est accompagné, si on est protégé par des gens, qu’on n’est pas dans un métier où on s’expose trop au stress. »


C’est la raison pour laquelle il est important de former le corps enseignant à ces sujets-là. En étant formés, les professeurs pourraient recueillir la parole, l’identifier. Ainsi, les enfants pourraient recevoir une prise en charge plus avancée.