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Cinq moments de la vie de Penélope Cruz
La vie de Penelope Cruz en cinq moments forts
Pedro Almodovar, Woody Allen, l’humanitaire… Penelope Cruz, à l'affiche de Cuban Network d'Olivier Assayas (en salles le 29 janvier), s’est confiée à Brut.
Assister Mère Teresa à Calutta
Les conversations, les moments de silence que j’ai eus seule avec elle, ce sont des cadeaux de la vie. Je me souviens, elle avait les yeux fermés. Nous avons passé une demi-heure toutes les deux, seules, dans une chambre. Et je flippais, je me disais : « Quel cadeau de la vie, c’est dingue ce que j’emmène avec moi ! » Un jour, elle a mis son front sur le mien, et elle m’a dit : « Aide toujours qui tu peux, à tout instant. Avec ce que tu pourras, même si c’est quelque chose de petit, mais essaie toujours d’aider. » Quelle puissance !
Bien sûr, j’avais déjà vu des lieux très pauvres. Mais Calcutta… Quand elle disait « ce sont les plus pauvres des pauvres », et c’est vrai. C’est un des lieux où on voit certaines des choses parmi les plus terribles. Je ramassais des bébés dans la rue, et j’allais trouver leurs parents qui faisaient la manche dans la rue à côté. C’étaient des bébés d’un mois. Alors, quand tu vis ça en direct, quand tu as ça sous les yeux, évidemment que ça change tout.
Le film « Attache-moi » de Pedro Almodóvar
Attache-moi, ça a été une révolution. J’étais tellement obsédée par lui et par le film, par l’idée de pouvoir travailler avec lui un jour… Après avoir vu ce film, je suis allée faire un tour, et c’est là que j’ai décidé d’aller chercher une agente, une école de théâtre. Je suis entrée à l’école d’interprétation Cristina Rota, où je suis restée quatre ans. Et c’est là que j’ai repéré une petite annonce : « Nous recherchons de nouveaux visages. » C’étaient les castings de nouveaux visages de l’agente Katrina Bayonas. Et j’y suis allée.
Elle m’a rejetée trois fois, mais à la quatrième, elle m’a acceptée. Trois fois en deux semaines. Et moi, j’y retournais encore et encore. Elle me disait : « Tu es trop jeune, ma chérie. » Je lui répondais : « Ok, eh bien, la semaine prochaine, j’aurai vieilli d’une semaine. » Et j’y retournais. Je crois qu’à force d’être lourde, elle m’a fait un troisième test, et j’ai sorti toute la colère que j’avais ressentie après ses refus. Et là… elle et son équipe m’ont appelée, et on a commencé à travailler ensemble.
Sa rencontre avec Pedro Almodóvar
J'ai connu Pedro Almodovar connu quand il a vu Belle époque et Jambon, jambon, dans lesquels j’avais joué. Il m’a appelée et je n’arrivais pas à croire que c’était lui. Quand j’ai entendu sa voix, c’était… C’était un rêve très précis qui se réalisait. Et il m’a donné rendez-vous chez lui. Je suis allée le voir, et ça a été le coup de foudre. Je me disais : « Cet homme, je le connais déjà, mais je ne sais pas d’où. » C’était une relation tellement puissante, et mutuelle, parce qu’il m’a toujours dit qu’il a ressenti la même chose envers moi. On s’aime énormément, c’est comme un membre de ma famille. Ce qui est dingue, c’est quand il se passe quelque chose comme ça avec quelqu’un, dès le premier jour.
Il m’a dit : « Bientôt, je t’écrirai un personnage qui t’ira comme un body. » C’est ce qu’il m’avait écrit sur une note qui m’a fait hyper plaisir. Et ensuite, il m’a appelée pour le film En chair et en os pour. Le personnage était mineur, mais magnifique. J’accouchais dans un bus avec la femme qui est aujourd’hui ma belle-mère. Des hasards qui n’en sont pas… Dingue.
Son Oscar pour « Vicky Cristina Barcelona »
Ça a été un énorme pic d’adrénaline. En plus, c’était le premier Oscar ce soir-là. J’étais avec ma mère et ça a été très fort. Parce qu’à ce moment-là, tu penses seulement : « On va voir si je suis capable de dire tout ce que je veux dire sans me tromper, sans tomber par terre, sans trébucher… » On est tellement nerveux. Tout ce que tu veux, à ce moment-là, c’est que cet instant passe et qu’il ne se passe rien de bizarre. Pouvoir dédier le prix aux personnes auxquelles tu veux le dédier. C’était important pour moi de parler un peu en espagnol, de remercier en espagnol… et je me souviens d’être sortie de là et de marcher dans les couloirs comme si j’étais sur la Lune. Je tournais de l’œil, je ne comprenais pas ce qui se passait.
Devenir mère
Être mère, ça change tout dès le premier instant. J’ai interprété beaucoup de mères avant de devenir mère, et je croyais que je les comprenais très bien, et je les comprenais ! Mais bien sûr, aujourd’hui, j’ai un autre niveau de compréhension. Ta vie change, ta manière de tout voir, de tout ressentir. Et c’est sûr que ça a changé la manière dont je les interprète.