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Les 3 moments qui ont changé la vie de Dany Boon
La vie de Dany Boon en trois moments-clés
L’acteur et humoriste à succès revient sur sa longue et impressionnante carrière pour Brut.
Son arrivée à Paris
Mon père me dépose en camion, à l'entrée de Paris. C’était une ville interdite pour moi : le 38 tonnes de mon papa ne pouvait pas entrer ! Il me dépose Porte de Vincennes avec un sac à dos et une guitare, et les économies de ma maman... Qui représentaient à l'époque une vie d'économie de femme de ménage, soit 1.250 euros. C'est peu. Je bougeais chez des gens. J'allais là où on voulait bien de moi. Souvent, j'étais chez des fiancés... qui au bout d'un moment se séparaient de ma personne. Et donc je perdais l'appart. C'est horrible... C'est arrivé deux, trois fois.
D'abord, je suis au Cours Simon, que j'arrive pas à payer, donc ils me font entrer gratuitement. Je les remercie encore. Ils étaient contents, ils me trouvaient bon, donc c'était bon signe... Ils m'ont convoqué en me disant : « Il faut payer là. Maintenant, c'est trop en retard. Ça fait des mois de retard. » Je leur ai répondu que j'étais interdit bancaire. Que j'étais désolé, mais que je ne pouvais plus emprunter à personne.
J'ai d'abord été dessinateur pendant deux ans et demi. J'ai commencé à très bien gagner ma vie. Ça m'a sorti de la merde. Mais je me suis remis dedans, parce que j'ai tout arrêté pour être acteur, faire de la scène. J’ai croisé une ancienne du Cours Simon qui m'a demandé : « Alors, t'es acteur ? » J'ai répondu : « Ben non, je suis dessinateur. » Et elle m’a dit : « Mais enfin, s'il y a quelqu'un qui doit être acteur, c'est toi. » Alors je lui ai dit : « Oui, t'as raison, j'arrête demain. » Et j'ai arrêté le lendemain.
Bienvenue chez les Ch’tis
2008, c'est l'année de la sortie de Bienvenue chez les Ch'tis. Et là, c'est la claque. Il faut savoir que ce matin-là, je me réveille, et j’ai une angoisse : qu'il fasse beau et que les gens n'aillent pas au cinéma. C’est un film qui a marché sur toutes les générations... Et ce qui était dingue, c'est que je voyais des gens qui n'étaient pas allés au cinéma depuis des années. Des années et des années. Et on me racontait des anecdotes où les gens allaient au cinéma et demandaient : « Où est l’ouvreuse ? Je voudrais une place au balcon. »
J’ai aussi vécu des moments dingues, genre, on me téléphone, je décroche, et j'entends : « Hi, it's Will Smith! » « How are you, biloute? », il me fait... La première fois que je l'ai vu, il m'a dit ça. Il est venu vers moi, il était avec Charlize Theron, qui faisait 50 centimètres de plus que lui. C'était drôle.
La création du Ch'ti Fonds
Avec Jérôme Seydoux, on a monté une fondation qui s'appelle le Ch’ti Fonds. Depuis Bienvenue chez les Ch'tis, tous les produits dérivés de mes films vont à cette association. J’ai toujours dans la tête que j'aurais pu, enfin… j’ai pas vécu dans la rue parce que j'ai réussi à me démerder. Mais quand on est interdit bancaire et qu'on vit à droite à gauche chez des copains qui vous hébergent jusqu'à un certain point en disant : « Bon ben maintenant, il faut que tu t'en ailles, il faut que tu trouves un autre endroit », on est quand même dans un moment de précarité assez fort. Et ça peut aller très vite.
À Dunkerque, on a obtenu, grâce à l'ancien maire Monsieur Delebarre, un terrain communal pour construire un immeuble et faire une maison pour les SDF - qui n'en étaient plus, donc. Je suis allé à l’inauguration de cette maison. C’était un moment absolument dingue de ma carrière et de ma vie, surtout. On m’a fait visiter cet endroit avec toutes ces chambres, et cette pièce commune et tout ça... Et ils m'avaient écrit des poèmes. Et quand ils m'ont lu ces poèmes, je vous assure que ça a été l'un des moments les plus émouvants de ma vie.