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Migrants, ils ont écrit un scénario avec Matteo Garrone

"Ce film nous a beaucoup aidés à mettre en lumière cette souffrance qui était cachée." Dans son film "Moi capitaine", le réalisateur italien Matteo Garrone raconte le périple de deux jeunes de 16 ans, de leur Sénégal natal vers l'Europe. Et pour la préparation du film, afin de retranscrire au mieux les dangers de ce voyage, il s'est entouré de Mamadou Kouassi et de Fofana Amara, qui ont eux-mêmes traversé la Méditerranée. Ils racontent.
Publié le
05
/
01
/
2024

Dans le film Moi, Capitaine, le réalisateur italien Matteo Garrone met en scène le parcours de deux jeunes Sénégalais qui quittent leur pays pour rejoindre l’Europe. Pour écrire le scénario, il s'est entouré de Fofana Amara et Mamadou Kouassi, qui ont eux-mêmes traversé la Méditerranée. “Ce n'est pas un film qui est en train de condamner mais d'expliquer la réalité de ce que les jeunes vivent, pour éviter qu'il y ait beaucoup de morts sur la Méditerranée, sur le désert, et puis des fois, on ne connaît même pas le nombre de personnes qui ont perdu la vie” explique Mamadou Kouassi, avant d’ajouter : “Parce que ce n'était pas son histoire, ce n'était pas un voyage qu'il a vécu à la première personne, donc il a voulu que nous, les protagonistes de ce voyage, on soit à ses côtés, on soit présents ensemble pour pouvoir participer à ce script” ajoute Mamadou Kouassi. 

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On espère que cela puisse changer la mentalité au niveau de l'Europe”


99 % sont vraiment vrais. Moi, j'ai vraiment conduit le bateau en étant mineur. On a traversé des déserts. Donc il n'y a rien qui a été ajouté dedans. Tout est original” précise Fofana Amara. “Ça nous a donné l'opportunité de pouvoir raconter ce que nous vivions dans les déserts, dans les pays de transit, comme la Libye, dans les prisons. Si beaucoup de gens en ont entendu parler, personne ne connaît vraiment cette réalité que nous avons vécue. Donc c'était très important et ce film nous a aussi beaucoup aidés à pouvoir mettre en lumière cette souffrance qui était cachée. Lorsque nous avons vu ce film, au premier visionnage, j'ai été abattu. J'étais en colère parce qu'avec toute cette souffrance que nous avons vécue, c'était comme si on était en train de revivre encore, pour une deuxième fois” déclare Mamadou Kouassi. 

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Ça a changé beaucoup de choses. Ça m'a permis de comprendre que nous ne sommes pas les seules personnes à mener ce combat. Plusieurs personnes combattent cette même cause, participer à ce film m’a beaucoup aidé. Et c'est quelque chose qui est en train de faire beaucoup de choses au sein de toute la communauté européenne. Et c'est aussi en train d'arriver en Afrique, un peu partout” se félicite Fofana Amara. “On sait que notre voix ne va pas changer la mentalité complètement des jeunes. Mais au moins, ils sont avertis. J'aimerais qu'il y ait une alternative pour les jeunes. Et c'est ce que ce film réclame : la justice et le droit d'égalité. On espère que cela puisse changer la mentalité au niveau de l'Europe, pour pouvoir mettre en place des lois concrètes qui permettent la liberté à tout jeune qui veut aller étudier en Europe ou aux États-Unis, de pouvoir voyager facilement. C'est ce que nous demandons. Je pense que c'est un pas important pour nous, pour la jeunesse et la jeunesse africaine aussi” conclut Mamadou Kouassi. Matteo Garrone a auparavant réalisé les films Gomorra et Dogman

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