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Brut Book — "Dès que sa bouche fut pleine" de Juliette Oury

BRUT BOOK. Sexe : matin, midi et soir. Gastronomie : tabou. Dans son premier roman "Dès que sa bouche fut pleine", Juliette Oury invente un monde où les rôles de la sexualité et la nourriture sont inversés. L’occasion de porter un regard amusé mais aussi féministe sur la société d’aujourd’hui…
Publié le
17
/
12
/
2023

Dans son premier roman “Dès que sa bouche fut pleine”, Juliette Oury décrit un monde “où le rôle de la nourriture et le rôle de la sexualité sont inversés”. “L'intention première, c'était vraiment de dire quelque chose sur le tabou et sur le désir. C'était un peu mes deux pôles d'intérêt premiers. Une fois que j'avais trouvé cette idée d'inversion, je me suis assez vite rendu compte que c'était un outil génial pour parler de tabou, pour montrer ce que le tabou avait d'arbitraire et ce qu'il avait parfois d'un peu absurde, et pour parler de désir. C'est très différent, de parler d'appétit et de parler de désir, parce que c'est très différent de dire qu'une héroïne se réveille un matin en ayant super faim et de dire qu'une héroïne se réveille un matin en ayant super envie de baiser” explique l’écrivaine.

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“L'inversion permet de parler de notre monde parce qu'elle permet de décaler le regard”


Moi, je voulais qu'on lise le sexe comme on lit la nourriture. Et du coup, que ce soit pas un événement, que ça soit dans le fil du récit et que ça passe comme ça, sans attirer d'attention particulière. et sans générer d'excitation particulière” indique Juliette Oury. Elle ajoute : “Je voulais que ce soit un livre sur notre monde et qui parle de notre monde. Et l'inversion permet de parler de notre monde parce qu'elle permet de décaler le regard et, du coup, de dire des tas de choses sur des tas de sujets, de parler de tabous, de désir, de consentement, du rapport à la sexualité, du rapport à la nourriture aussi. Et tout ça avec un prisme décalé qui autorise beaucoup de choses et qui fait rire, évidemment, mais qui, je crois, fait aussi réfléchir”

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Juliette Oury se considère comme féministe, et accueille avec plaisir le qualificatif de “féministe” pour son ouvrage : “J'assume très volontiers de dire que c'est un propos et un ouvrage que j'espère pouvoir trouver dans un rayon féministe, dans une bonne librairie. Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de niveaux de lecture. Il y a un niveau de lecture qui est juste un peu comique, sur la puissance de cette inversion. Mais en filigrane, c'est aussi une histoire d'emprise, de libération et de violence assez banale d'une femme, qui pourrait être dans notre monde, qui subit des injonctions contradictoires, qui subit différentes formes de violences, au fond, sexuelles, sur son désir, sur son corps et sur son esprit aussi”

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