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La contrainte comme outil de création

Hervé Le Tellier, écrivain et président de l'Oulipo, aborde la notion de contrainte dans l'écriture avec une perspective fascinante. Il explique que "la contrainte n'a jamais été un handicap pour la création. Au contraire, c'est à la fois un outil, c'est à la fois un levier". Cette approche peut sembler contre-intuitive, car l'image traditionnelle de l'artiste est souvent celle d'un individu libre. Cependant, Le Tellier souligne que même les sculpteurs, par exemple, doivent naviguer des contraintes comme la gravité. Il mentionne que "quand Michel-Ange sculpte un cheval, si son cheval se casse la gueule, ça n'est plus un cheval".

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Ainsi, la contrainte devient une manière de structurer la créativité plutôt qu'un obstacle. Il poursuit en précisant que l'écriture sous contrainte implique un processus rigoureux. "On n'écrit pas un premier jet quand on est écrivain sous contrainte", dit-il. Au lieu de cela, les écrivains passent beaucoup de temps à retravailler leurs phrases. Le Tellier évoque Stendhal, qui écrivait "20 lignes par jour", une quantité qui, bien que modeste, souligne l'importance du temps dans le processus créatif. La contrainte, loin d'entraver, enrichit le texte, comme le montre l'œuvre de Georges Pérec, membre de l'Oulipo, qui a écrit "La Disparition", un livre sans la lettre E.

L'oulipo et la communauté littéraire

L'Oulipo, ou Ouvroir de littérature potentielle, est un groupe qui réunit écrivains et mathématiciens pour explorer la littérature sous contrainte. Le Tellier explique que ce collectif offre un espace de confrontation et d'émulation, ce qui est essentiel pour un écrivain souvent isolé. "Ça amène de la confrontation, de l'émulation", souligne-t-il, ajoutant que cela permet de recevoir des encouragements et des validations pour des idées qui pourraient sembler absurdes.

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Il insiste sur l'importance de cette communauté, en déclarant que "le métier d'écrivain est assez solitaire". L'Oulipo aide à contrer les risques de mégalomanie ou de dépression qui peuvent survenir dans un parcours d'écriture solitaire. Le Tellier conclut que cette dynamique familiale au sein de l'Oulipo protège les écrivains de la tentation de se prendre trop au sérieux, ce qui peut être un danger dans le monde littéraire.

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