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Brut book — Un animal sauvage par Joël Dicker
Après La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker vient de publier son nouveau roman, Un animal sauvage. Il se confie sur les secrets de fabrication de ses livres. Quand il fabrique ses romans, Joël Dicker déclare ne jamais avoir “de plan” : “Je n'ai pas de plan, je n'ai pas une idée. On pense souvent qu'un livre, c'est tout d'un coup une idée qui jaillit. Pour moi, c'est impossible. Une idée va amener une idée, qui va amener une idée, etc. qui finalement va vous amener au début de l'idée du livre” explique l’écrivain. Ce qui est essentiel pour lui, “avant même d'avoir l'idée, le scénario ou les personnages, c’est d’avoir un endroit dans lequel on se sent bien. Et ça, c'est une promesse qui est hyper importante parce que j'ai envie de dire aux gens : on a assez de difficultés dans le quotidien, dans la réalité. Il suffit de regarder les nouvelles, les infos... La promesse du livre, c'est un endroit où on se sent bien, peu importe ce qui se passe dedans, on est en sécurité”.
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“Moi, je n'aime pas avoir de plan parce que je n'ai pas envie de connaître la fin du livre”
“Il n'y a pas de règle pour écrire. Chacun a sa façon de faire, chacun a ses règles. Moi, je n'aime pas avoir de plan parce que je n'ai pas envie de connaître la fin du livre, parce que si je sais déjà ce qu'il se passe, je me dis : j'ai pas envie de connaître cette histoire, j'ai pas envie de l'écrire” explique l’écrivain. Ce qui implique un travail “très laborieux” puisqu’il reconnaît devoir être “prêt à couper et à recommencer tout le temps”. Il lui est déjà arrivé d’écrire “40, 50 pages” et de se rendre compte que “ça ne fonctionne plus, que ce personnage n’est pas assez bon en fait, donc je reviens en arrière, et je coupe. Ca arrive souvent et ça n’est pas un problème”. Joël Dicker confie même que l’une des étapes “très importantes” pour lui en tant qu’écrivain, a été de comprendre “qu'à chaque fois qu’(il retranchait), ce n'était pas un pas en arrière, une défaite ou un échec, c'était au contraire un pas en avant” : “Ça veut dire que chaque fois que j'enlève des parties, le livre avance parce que je sais enfin ce que je veux faire”.
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Il est également essentiel pour lui “d’être clair dans ce qu’(il) raconte” : “L’une des raisons pour laquelle je n'ai pas de plan, c'est que, justement, je me dis : tant que moi-même, dans mon livre, je comprends ce que je fais, je sais où j'en suis, je connais ces personnages, je navigue dans le livre sans avoir un plan, sans avoir une béquille, alors ça fonctionne”. Depuis son premier roman, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, Joël Dicker a conscience de l’évolution de son écriture : “J'ai le sentiment de faire des progrès et j'ai le sentiment d'arriver et de me rapprocher peu à peu de ce que j'essaie de faire, c'est-à-dire une littérature plus resserrée. (...) Si je relisais “La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert”, je serais effaré, je pense, de certains moments, en me disant: ça, c'est trop long, ça, j'aurais pu couper, ça, j'aurais pu faire comme ça” déclare l’écrivain, tout en précisant qu’il ne se dénigre pas en disant cela et qu’il garde un regard très respectueux sur le travail qu’il avait pu accomplir il y a quelques années parce que c’était alors “le mieux qu’(il) pouvait faire”.
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“Il faudrait que les auteurs puissent garder leurs droits sur leurs livres, parce que c'est à eux”
Joël Dicker a créé sa propre maison d’édition, Rosie & Wolfe. Un choix qui lui offre une liberté. “Vous savez, c'est quand même particulier, parce que dans l'édition, en France, aujourd'hui encore, quand vous écrivez un texte et que vous signez un contrat chez un éditeur, l'éditeur possède votre livre. Vous avez passé des semaines, des mois, des années à suer sang et eau pour écrire ce texte et tout d'un coup, en échange de ce que vous voulez le plus, c'est-à-dire le partager avec des lecteurs et pouvoir faire lire ce texte, votre éditeur vous dit : "Ce livre est à moi maintenant, pour toute ta vie et jusqu'à 70 ans après ta mort." C'est quelque chose de très violent, je trouve. Il faudrait que les auteurs puissent garder leurs droits sur leurs livres, parce que c'est à eux”. L’écrivain précise qu’avoir lancé sa propre maison d’édition entraîne aussi “une grosse pression” : “C'est pas simple. Il faut avoir un goût pour l'entrepreneuriat et l'aventure et le risque”.
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Quand les lecteurs citent Joël Dicker, nombreux sont ceux qui expliquent que l’écrivain “sait écrire des livres, qu’on n’arrive pas à lâcher ses romans”. Quand on lui demande s’il ne ressent pas une certaine frustration à ne pas être cité pour son “style”, le romancier répond : “Mais le style est là. Moi, ce qui me plaît, c'est que, justement, le style, il est d'avoir des gens qui ont lu, qui m'écrivent ou qui viennent me voir en me disant "j'ai oublié de manger” ou “je n'ai pas regardé de télévision”... Mon style à moi, ce n'est pas de vous montrer comme je sais bien écrire. Mon style à moi, c'est de vous dire: on va partir ensemble dans une histoire et on va se marrer, et ça va être un grand divertissement grâce à vous et grâce à moi parce qu'on est ensemble. Et ça, pour moi, c'est mon style et c'est ce qui compte vraiment”.