Cette vidéo sera publiée prochainement
Il avait vu venir le succès des mangas avant tout le monde
Entretien avec Jacques Glénat, fondateur de la maison d'édition Glénat
“C'est amusant, parce que ces critiques sur le manga de l'époque, j’avais connu à peu près les mêmes sur la bande dessinée quand j'ai commencé, il y a 50 ans : ‘Que la bande dessinée, c'est pour les débiles, les incultes’. Et quand le manga est arrivé, ça a été la même chose, mais en plus violent.” En 1990, Jacques Glénat attaque le marché de la bande dessinée japonaise en publiant Akira. “Quand je suis allé au Japon, je l'avoue, c'était d'abord pour essayer de faire connaître mes auteurs au Japon. Ça n'a pas très bien marché, même pas du tout. Mais je suis revenu avec, sous le bras, un volume qui s'appelait Akira, de M. Otomo, qui m'a plu, parce qu'il est proche de la culture européenne dans la façon de raconter les histoires.” Il tente alors de le publier en Europe, puisqu'il avait acheté les droits pour la France et la Hollande. 40 ans plus tard, Akira est toujours au catalogue Glénat, où il connaît toujours autant de succès. “Il y a toujours des gens qui me disent: ‘Merci, Jacques Glénat, d'avoir publié ça’. Ça m'amuse, mais en fait, ça a été vraiment un choc culturel, je crois, pour les Européens.”
Un jour avec le mangaka Tony Valente
Pourtant, même si la bande dessinée marche aussi bien aujourd’hui, elle a connu de nombreuses critiques à l’époque. “La difficulté qu'il y a eu, c'est que le manga papier est arrivé un peu en même temps que les animations dans une émission de télévision pour les enfants qui s'appelait Dorothée, où les dessins animés de Dragon Ball étaient quand même assez bastons. Ce n'était pas méchant, mais ils se tapaient sur la figure à longueur de dessins animés, et donc ça a donné une idée que le manga, c'est violent.” Lorsque Dragon Ball sort en France, les critiques sont vives et Glénat reçoit même des plaintes pour “bande dessinée pédophile” et “violence” notamment. Si ces accusations se sont vite dissipées en France, la Belgique interdit pourtant la bande dessinée. “On était quand même dans des situations assez difficiles. Il fallait se battre sans arrêt pour expliquer au lectorat, aux journalistes, que c'était des histoires de qualité. Ça s’est calmé dans les années suivantes, parce qu'on a publié des mangas de grande qualité, dans la poésie, dans le dessin animé qui ont montré que c'était une véritable culture qui arrivait.”
Ils parlent de leur passion pour l'animation japonaise
Jacques Glénat ne se considère pas comme un visionnaire. Pour lui, ce sont les aventures de la vie qui font que cela peut très bien marcher comme échouer. “On essaie. Quand ça marche, ça peut très bien marcher, voilà un bon exemple. Ou quand ça marche pas, et là, je vous donne pas la liste de toutes les aventures qu'on a pu avoir chez Glénat avec des nouveautés qui n'ont pas fonctionné. Je pense que tout ça évolue de plus en plus vite, très vite. Mais il n'y a rien à faire. Quand on raconte de belles histoires, on a toujours un public.”, confie-t-il.
Pourquoi Death Note a marqué l'histoire de l’anime japonais ?