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Les finalistes du Goncourt racontent ce que la lecture a d'unique

Les finalistes pour le prix Goncourt 2022, dont le lauréat est annoncé ce 3 novembre, expliquent ce que la lecture est pour eux à Brut.
Publié le
03
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11
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2022

“Lire, c'est un monde commun avec des gens qu'on ne connaît pas”


Brigitte Giraud, Cloé Korman et Makenzy Orcel sont les derniers sélectionnés pour le prix Goncourt 2022. Il récompense chaque année un auteur francophone pour l’un de ses livres sorti l’année de la sélection. C’est l’un des prix les plus importants pour la littérature française, car il assure les ventes du livre lauréat, et les traductions à l’étranger. Trois finalistes ont répondu à une question de Brut: “Que trouvez-vous dans la lecture que vous ne trouvez nulle part ailleurs ?” Pour Makenzy Orcel, auteur de Une somme humaine, “la littérature est un grand voyage.” “Je suis l'homme, l'écrivain que je suis grâce aux livres que j'ai lus, grâce à la poésie et grâce à ces imaginaires du monde entier, qui m'ont appris à me tenir droit, à marcher, à grandir. J’aime vivre une grande expérience de lecture d'un livre qui me donne à voir, à sentir les beautés et les laideurs du monde, un livre qui mélange le ciel et la terre, qui me fait voyager à travers les soubassements des êtres et des choses. Un livre où, et le fond et la forme sont électrisés par la force gravitationnelle de la langue, et c'est ce que j'essaie de faire dans mon travail, aussi, d'essayer d'atteindre cette justesse verbale, cette justesse de la poésie. Tout le reste n'est que littérature.”
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Pour Brigitte Giraud, autrice de Vivre vite, “Lire, c’est être comme ce gamin, qui tient entre ses mains Sexus d’Henry Miller, une clope au bec.” “C'est avoir l'illusion de transgresser ou d'être seul, immergé dans un monde qui demeure secret aux yeux des autres, c’est le seul moment où il est possible de s’arrêter, d'arrêter le temps, de se poser, de se soustraire, et c'est l'occasion idéale, le prétexte idéal pour vous planquer derrière la porte, vous planquer au fond du jardin, dans un transat ou dans une chambre. C'est le seul moment aussi où on peut oublier d’être soi, où on peut renoncer à la fatigue d'être soi, et c’est un souffle salvateur qui vient vous prendre et vous dire aussi que vous n'êtes pas seul dans votre fragilité, dans votre vulnérabilité.”
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“Ce que je trouve dans la lecture, que je trouve nulle part ailleurs, je crois que c’est la possibilité d’être en soi, de se concentrer sur soi mais en faisant semblant de regarder ailleurs”, pense Cloé Korman, autrice de Les Presque Soeurs. “Moi j’aime lire des livres quand il y a une urgence insurmontable, souvent, se mettre à lire un livre pour penser à autre chose, s’abstraire. Et puis, lire, c'est un monde commun avec des gens qu'on ne connaît pas, avec des personnages qui n’existent pas. Il y a un livre que j’aime beaucoup, c'est le livre de Pierre Bayard: ‘Comment parler des livres que l'on n'a pas lus’. Je crois qu'il faudrait toujours parler des livres qu'on a lus comme si on ne les avait pas lus, c'est-à-dire dans cette espèce de tâtonnement, d'interprétation, de pas être trop sûr de ce qu'on a vu dans le paysage des pages, en cherchant ce qu'on a ressenti de commun avec les autres”, pense-t-elle.
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