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Benjamin Névert parle des complexes masculins
Déconstruisons la masculinité !
Le YouTubeur Benjamin Névert aborde régulièrement le rapport au corps et les complexes masculins dans sa websérie « Entre mecs ». Brut l’a rencontré.
« L’homme parfait, il est grand. L’homme parfait, il est musclé. L’homme parfait, il a de la barbe et en même temps, pas trop : il faut qu’il ait des poils, mais pas trop, juste ce qu’il faut. Rien que ça, il reste pas grand monde », déplore Benjamin Névert. Sur sa chaîne YouTube, le presque trentenaire essaie, par le dialogue avec d’autres hommes, de déconstruire les clichés autour de la masculinité. Entretien.
« Entre mecs, c’est vrai que souvent, t’en parles pas »
Souvent, quand tu poses la question des complexes à tes potes, ils sont en mode : « Non ça va, moi je suis bien dans mon corps. En tant que mec, on se prend pas la tête. » Moi, j’habite à la plage, à Ouistreham, à côté de Caen. Tous les étés, c’est le summer body. Et les meufs en parlent énormément. Ça fait ressortir tous les complexes.
Entre mecs, c’est vrai que souvent, t’en parles pas. Il y a une espèce de truc de : « Non bah, moi c’est comme toute l’année. » Mais j’ai beaucoup de potes, quand on va à la plage, qui gardent leur t-shirt ! Tu leur fais : « Bah, enlève ton t-shirt. » Et ils sont : « Non, non, je suis bien. » Et tu vois qu’ils suent, qu’ils ne sont pas bien.
« Quand un complexe disparaît, il est souvent remplacé par un autre »
Pour moi, les complexes sont arrivés très tôt, vers 6 ans. On s’est rendu compte que j’avais un retard de croissance. Je voyais que j’étais plus petit que les autres. Pour moi, c’était pas un problème jusqu’à ce que les autres me le fassent ressentir, surtout les mecs.
Les complexes évoluent avec le temps. Il n’y a pas un stade de vie où, d’un coup, tu fais : « Ok, les complexes, c’est terminé. » Quand un complexe disparaît, il est souvent remplacé par un autre, et, au fur et à mesure de ta vie, t’en as plein d’autres. Il y a une période où j’étais hyper complexé par mes oreilles, une autre par mon nez, parce que j’ai le nez cassé. Il y a toujours un truc qui ne va pas.
« Je pense que pour nous bousculer nous, il était temps que les femmes le fassent »
Là, j’ai 28 ans, et je me sens beaucoup mieux avec mon corps, parce qu’il y a tout un travail. Là, je porte un t-shirt ample, c’est un truc que j’aurais jamais osé faire avant, parce que je suis mince. J’avais tendance à mettre des trucs beaucoup plus près du corps. Mais maintenant, je me dis : « Ok, je kiffe. Je kiffe porter ça, ben je vais en porter et on s’en fout. »
C’est génial que les femmes remettent en question toutes les injonctions qui leur sont faites, parce qu’aujourd’hui, ce sont elles qui ont le moins de privilèges. Je pense que pour nous bousculer nous, il était temps que les femmes le fassent. Mais il était aussi temps que les hommes prennent leurs responsabilités et disent : « Nous aussi, on veut renverser ce système. » Parce que nous non plus, on ne s’y retrouve pas.
« Je pense que je me suis construit avec beaucoup de mecs héros »
C’est hyper paradoxal parce que des figures de masculinité, on en a plein. Il y en a même beaucoup plus que pour les meufs : les héros de films, les héros de bandes dessinées, les héros de romans… C’est pratiquement que des mecs, donc je pense que je me suis construit avec beaucoup de mecs héros. Après, des mecs qui déconstruisent et qui ressemblent à ce que moi j’étais, je n’en ai pas eu. Il est temps que les gens voient des mecs qui s’assument et qui déconstruisent ça.