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Dans une distribution alimentaire destinée aux étudiants
“C'est un sentiment d'indignation, un sentiment d'abandon pour une grande partie des étudiants qui sont là. Il y a un truc inacceptable: on ne peut pas avoir une société qui tourne le dos à sa jeunesse” déclare Julien Meimon, président de Linkee. Il organise des distributions alimentaires à destination uniquement des étudiants. Depuis 2020, marquée par la crise du covid qui a plongé de nombreux étudiants dans la précarité, Brut se rend chaque année pour évaluer la progression du nombre d’étudiants. Et le constat est alarmant: ils sont chaque année de plus en plus nombreux. “Ça, c'est une distribution qui a lieu à Paris, ça, c'est une distribution qui a il y en a une autre au même moment à Bordeaux, à Lyon, à Toulouse, à Montpellier, dans toutes les grandes villes universitaires, et sur toutes les grandes villes, on a le même phénomène qui se produit: on a + 100 %, + 150 % de présents sur nos différents sites de distribution. Il y a une situation qui est très grave, elle est ancrée dans le terrain, nous, on la voit tous les jours, pendant les vacances, en dehors des vacances, et il y a une réponse au niveau de l'État qui n'est pas à la hauteur de la précarité alimentaire étudiante” s’indigne Julien Meimon.
En 2022, de longues files d'étudiants aux distributions alimentaires
“Je suis très inquiet pour les mois qui viennent”
Ce nombre toujours plus important d’étudiants présents durant les distributions, le président de l’association Linkee déclare qu’il est lié à “plusieurs choses”: “Il y a les effets de l'inflation. Il y en a la moitié qui sont là depuis l'inflation des prix alimentaires, de l'énergie. C'est aussi la rentrée et la rentrée, c’est très compliqué pour tous ceux qui arrivent dans un nouveau territoire et qui doivent dépenser beaucoup”. L’association propose gratuitement des paniers alimentaires “de 7-8 kilos” aux étudiants, soit “quasiment une semaine” de repas. Du frais, du bio, des fruits et légumes, des plats préparés, des salades, des pizzas, des pâtes… “Tout ça, c'est des produits qui finissaient à la poubelle si nous, on n'intervenait pas. On est allés les chercher tout à l'heure dans le supermarché, on les a transportés avec un camion frigo et on les apporte ici, on va les distribuer ce soir. Il y a une double honte: que les étudiants ne mangent pas à leur faim et que ça, ça finisse alors que c'est encore bon. Les étudiants, ils ont 100 euros pour manger par mois, ils ont moins de 3 euros par jour pour manger” commente Julien Meimon. Artisans boulangers et restaurateurs collaborent également en donnant gratuitement des produits à l’association.
En 2022, Brut avait suivi Elise, étudiante, dans une distribution alimentaire
Si Julien Meimon se dit “très motivé” et conscient d’être entouré de bénévoles “qui sont exceptionnels”, il confie qu’à terme il ne sait pas comment “on va y arriver”. “Ce soir, on a réussi. Ce soir, on a passé la vague. Demain est un autre jour, une autre aventure. Notre problème, il n'est pas dans 3 ans, nous, il est plutôt dans 3 mois, on sait pas exactement comment on va faire, on est extrêmement motivés, on n'est pas prêts à lâcher, mais on a besoin d'un sérieux coup de main.” Face à nombre d’étudiants présents, qui ne cesse de dramatiquement monter de mois en mois, le fondateur de l’association Linkee a “une grosse inquiétude”: “Nous, on est confrontés directement à l'inflation. Tous les étudiants qui viennent, ils se prennent l'inflation en pleine tête tous les jours et on voit les effets. On a de plus en plus donc je sais pas comment on va faire. Et, oui, je suis très inquiet pour les mois qui viennent. On appelle à tous les soutiens du secteur privé, du secteur public, à tous les gens qui peuvent donner un coup de main, on a besoin d'aide pour aider tous les étudiants qui en ont besoin. On a besoin d'aide”.
En 2021, de plus en plus d'étudiants lors des distributions alimentaires