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Des chercheurs français emprisonnés en Iran
Deux chercheurs du CNRS emprisonnés en Iran depuis juin
Fariba Adelkah et Roland Marchal sont accusés d’atteinte à la sûreté de l’État. Emmanuel Macron a appelé à leur « libération sans délai ».
Pendant ce temps-là, deux chercheurs du CNRS sont en prison de puis début juin à Téhéran. Emmanuel Macron a appelé à leur « libération sans délai » auprès du président iranien Hassan Rohani. Mais l’Iran refuse et dénonce une ingérence de la France.
Fariba Adelkah, anthropologue, et Roland Marchal, spécialiste de l’Afrique sub-saharienne
Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS, réagit : « Il arrive souvent qu’on passe une nuit au poste, c’est pas méchant. Mais pour Fariba Adelkah et Roland Marchal, c’est depuis le mois de juin qu’ils sont en prison, dans des conditions extrêmement dures, et Fariba est en grève de la faim depuis Noël. On craint pour sa vie. Elle a beaucoup perdu de poids. Elle continue sa grève même si on a levé l’accusation d’espionnage. C’est une femme de caractère, et elle est fichue d’aller jusqu’au bout. »
Fariba Adelkah, 60 ans, anthropologue franco-iranienne, et Roland Marchal, 64 ans, spécialiste de l’Afrique sub-saharienne, tous les deux chercheurs au CERI de Sciences Po Paris, sont détenus depuis juin dernier.
Accusés d’atteinte à la sûreté de l’État
Bernard Hourcade poursuit : « lIs sont accusés d’atteinte à la sûreté de l’État, même d’espionnage. L’accusation d’espionnage a été levée pour Fariba, mais ce sont des accusations grotesques. D’autant que Roland n’est pas spécialiste de l’Iran. Il venait voir son amie à Téhéran et partait vers Nairobi. Il est vraiment très fort si en dix secondes, il a réussi à déstabiliser la République islamique ! Ce sont en général des accusations qui visent tous les chercheurs en sciences sociales. Dès que l’on veut comprendre ce qu’il se passe en Iran, comprendre la satisfaction des gens, la non-satisfaction des gens, leur vie, leur culture, leur économie, le gouvernement met des bâtons dans les roues. »
Selon le directeur de recherche au CNRS, Fariba Adelkah et Roland Marchal risquent de passer des mois voire des années en prison. « Une Irano-Britannique est depuis cinq ans en prison pour aucune raison. Un autre, c’est sept ans qu’il y a passés pour rien. Ils ont été libérés ensuite pour rien non plus, parce qu’on les avait oubliés. Ils vont utiliser ces gens-là pour d’autres objets. Qu’est-ce que ça vaut ? Contre quoi on peut les échanger ? »
« La tension internationale fait que la situation de Fariba et de Roland est très marginale »
Pour Bernard Hourcade, Il est indispensable aujourd’hui que tout le monde connaisse le vrai visage de l’Iran. « Je ne me fais pas d’illusions : ça risque de prendre du temps. D’autant plus que la position politique en Iran est très tendue aujourd’hui avec l’assassinat du général Soleimani en Irak par les États-Unis. Cette tension internationale très forte fait que la situation de Fariba et de Roland est très marginale. Mais on espère aussi que justement, parce que les enjeux actuels de l’Iran sont autrement plus importants que l’arrestation de deux chercheurs lambdas, que justement, on se débarrasse d’eux assez rapidement. »
Le 18 juillet dernier, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a affirmé avoir demandé l’accès consulaire et une libération rapide. « Aujourd’hui, nos demandes ne sont pas satisfaites. Il est donc indispensable et urgent que les autorités iraniennes se montrent transparentes sur ce dossier. »