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Des tonnes de déchets retournés à l'envoyeur
Asie du Sud-est : des tonnes de déchets retournés à l'envoyeur
Ils refusent d'être la "poubelle" de l’Occident... Voilà pourquoi ces pays d'Asie du Sud-est renvoient des milliers de tonnes de déchets à leurs pays d'origine.
En 2018, la Malaisie a reçu 870 000 tonnes de déchets plastique, soit 86 fois le poids de la Tour Eiffel. Ces exportations illustrent les dérives du commerce mondial de déchets plastique. Une pratique qui consiste à expédier à l'étranger ce qu'un pays ne souhaite pas recycler chez lui.
Collectés au sein de pays occidentaux, ces déchets sont notamment envoyés en Malaisie, en Thaïlande, en Indonésie, au Vietnam, aux Philippines… Des pays qui recyclent pour en accroître la valeur économique. « Les entreprises (malaisiennes) de recyclage de plastique généreront un bénéfice estimé à 841,95 millions de dollars en 2018 » déclarait Yeo Bee Yin, ministre de l’Environnement malaisienne en octobre 2018.
Mais face à une production mondiale en hausse, les pays receveurs ne peuvent plus gérer les flux. La Chine, principal destinataire, a interdit début 2018 l'importation de 24 types de déchets plastique. Le Vietnam a déclaré qu'il n'importerait plus de déchets plastique d'ici 2025.
Des décisions qui s'expliquent par un impact environnemental lourd. « D'un coup, certains pays deviennent malheureusement les nouvelles décharges du monde, les nations les plus pauvres absorbent des déchets pour lesquels elles touchent des revenus, mais subissent un coût environnemental et social » explique Vincent Aurez, expert en économie circulaire du cabinet EY.
Les infrastructures étant insuffisantes, face aux quantités reçues, les déchets finissent souvent incinérés en plein air ou jetés dans des décharges sauvages. Cela entraîne une pollution des sols, de l'eau, de l'air et de lourds problèmes sanitaires : maladies respiratoires, éruptions cutanées, vomissements... Le problème est aggravé par l'exportation illégale : des déchets non-recyclables expédiés délibérément en Asie.
Aujourd'hui, les pays concernés protestent : le Cambodge a renvoyé 70 conteneurs, tandis que la Malaisie a déclaré vouloir en renvoyer 60. « Pour nous, pays pauvres, c'est une injustice environnementale d'accepter les déchets de pays plus riches simplement parce qu'ils ne veulent pas y faire face. J'espère donc que, lorsque leurs ordures seront renvoyées, ces pays seront finalement contraints de passer à l’action. » a par exemple déclaré Beau Baconguis, Plastics Campaigner à Global Alliance for Incinerator Alternatives Asia Pacific, en mai 2019.