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Il sauve Velcorex, la dernière usine de velours en France
“Reprendre des usines en France, c’est un parcours du combattant”
“Dire que tout ça, on allait le mettre à la poubelle, pour moi, ça a été un choc. Je me suis dit : ‘mais comment peut-on arrêter une usine avec un tel capital, un tel savoir-faire ?’
Pour moi, c'était absolument inacceptable et c'est ça qui m'a donné la niaque pour continuer le combat. Parce que, malheureusement, reprendre des usines en France, c'est un parcours du combattant.”
En Alsace, Pierre Schmitt s'est battu pour la relocalisation de l’industrie textile. Avec l’aide de la plateforme de financement participatif LITA.co, il a sauvé la société Velcorex, la dernière entreprise française de velours. Il nous la fait visiter.
Construite en 1927, la société la Chapelle-Darblay a fermé en 2020. Retrouvez notre vidéo sur la fermeture de la dernière usine française à produire du papier journal 100% recyclé.
Une entreprise française créée en 1828
“On est dans le cœur de l'usine. Velcorex, c'est une entreprise de 1828 qui a failli disparaître en 2010, il y a une dizaine d'années qu'on a reprise dans des conditions très difficiles. Mais aujourd'hui, c'est une entreprise qui est unique.
C'est la dernière entreprise de velours que nous avons en France et la plus grande en Europe et la plus connue sur la planète. On a une centaine de personnes, on embauche régulièrement.
On m'a souvent dit que j'étais fou de reprendre l'entreprise mais est ce que ce n'est pas une plus grande folie que de laisser partir un patrimoine industriel de deux siècles ?” interroge Pierre Schmitt, qui dirige la société.
Mais les résultats sont déjà là : “On a pu démontrer très rapidement que c'était possible de réhabiliter ce métier, de développer une vraie filière écologique.”
A chaque campagne présidentielle, son usine symbole qui ferme. Après ceux de Lu, Alcatel, Goodyear, en 2017, les salariés de Whirlpool se battaient contre la fermeture de l’entreprise.
“En France, on produit trois quarts du lin mondial” puis “tout part en Chine”
Le PDG poursuit la visite : “Là, on est dans la filature, la nouvelle filature de lin. Pendant le XXème siècle, tout le monde s'est concentré sur le coton, parce qu’il était moins cher, et on a délaissé totalement le lin.
Alors que le lin, c'est une fibre qui ne pollue pas, qui a besoin de beaucoup moins d'eau.
On produit en France les trois quarts du lin mondial. Malheureusement, tout part en Chine à hauteur de 80% et 20% dans les pays de l'Est. Donc, c'est un gâchis total.”
Une aide grâce à la plateforme d’investissement durable LITA.co
Ce qui a aidé Pierre Schmitt à continuer à faire vivre la société, c’est l’aide de 1 000 investisseurs citoyens qui lui a permis “cette aventure industrielle”.
Face à la frilosité des banques, Velcorex s’est tourné vers la plateforme d’investissement durable LITA.co et a levé plus de 2 millions d’euros. Chloé fait partie de ces investisseurs.
Chloé : “Moi j'ai investi dans Velcorex parce que principalement, j'ai fait ma transition écologique. J'essaye de m'améliorer en continu et de réduire mon empreinte écologique. Et l'argent qu'on épargne représente finalement une grosse part de cette empreinte écologique.
Et puis, l'autre intérêt pour moi, c'est de soutenir aussi l'emploi français en sachant que j'ai une affinité particulière avec la région parce que j'ai grandi juste à côté, dans les Vosges.
Moi, j'ai pas d'expertise particulière sur la finance et du coup, utiliser la plateforme LITA ça me permet de bénéficier de leur expertise puisqu'ils vont constituer un dossier. Et moi, ça me permet finalement de reprendre ce dossier, d'intégrer quelles sont les forces de l'entreprise, les risques… À quoi va contribuer également l'argent qu'on investit.”
Sur LITA.co, 100 000 particuliers ont déjà investi de manière durable
Sur LITA.co, une communauté de 100 000 particuliers investissent dans des entreprises écologiques et sociales.
La jeune femme ajoute : “chez Velcorex, j'ai souscrit des obligations. Ça veut dire qu'une partie de mon épargne est immobilisée pendant quelques années, mais en contrepartie, je reçois des intérêts sur cet argent placé et ensuite Velcorex me remboursera. Donc ça me permet vraiment de faire fructifier mon épargne. Et puis, en même temps, de le faire dans des conditions qui pour moi ont du sens.”
Dans le nord de la France, l’usine Knorr a fermé pour délocaliser la production en Roumanie, en Pologne ou encore en Italie.
Si la France, et en particulier le nord, a longtemps été un point central pour la fabrication de tissu et les métiers de la filature, l’industrie textile s’est progressivement délocalisée en Asie et dans les pays de l’Est.
Coût des machines, salaires des ouvriers, conditions de travail encadrées par des lois différentes, matières premières moins chères, dans ces pays les coûtent globaux sont souvent moindres.