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La taxe rose ou le sexisme dans le marketing
“La taxe rose, elle est assez difficile à déceler finalement”
La taxe rose, c’est une technique marketing qui consiste à augmenter légèrement le prix d’un même produit lorsqu’il est destiné aux filles. “Là, pour le même produit (ndlr: Auriane tient dans la main un déodorant), il y en a un qui est marketé bleu pour les hommes, un qui est marketé rose pour les femmes. On va trouver une différence de 0,30 €. Celui-là, il est à 4,19 €. Celui-là, il est à 4,49 €. C'est ça, la taxe rose”, explique Auriane Dumesnil, cofondatrice de l’association Pepite Sexiste. Cet écart, il est visible sur de nombreux produits tels que des rasoirs, des déodorants, de la mousse à raser…”Un même produit qui est marketé, d'un côté, pour les filles, il va être rose avec des petites fleurs, et d'un côté, pour les garçons, souvent bleu et plus brutal.” Même si la différence est flagrante, déceler les marques qui mettent en place cette taxe rose n’est pas si évident. “Le rayon destiné aux hommes va être plus loin que le rayon des femmes, donc ce n'est pas forcément facile de comparer et de regarder quel est le produit le moins cher”, explique Auriane Dumesnil.
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“La taxe rose, elle est assez difficile à déceler, finalement. Elle ne saute pas toujours aux yeux. Par exemple, dans le rayon habillement, ça va être hyper facile de trouver un T-shirt hyper basique, blanc, pour homme. Il ne va pas y avoir forcément son équivalent pour les femmes. En général, on va rajouter un petit col, une petite broderie, ce qui va faire monter le prix. Mais la femme ne trouvera simplement pas le T-shirt hyper basique. Mais nous, en tant que femme, on n'a pas forcément l'habitude de se balader dans le rayon destiné plus aux hommes avec des rasoirs bleus. Donc on ne va pas forcément se rendre compte de cette différence de prix. Par contre, elle s'accumule sur tous les produits. Et à la fin du mois, il y a une vraie différence sur le budget” affirme la cofondatrice de l’association.
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Avec son association Pepite Sexiste, Auriane Dumesnil dénonce avec humour les marques sur les réseaux sociaux : “On dénonce les marques sur les réseaux sociaux en taguant les marques avec humour pour leur expliquer qu'en 2022, on ne peut plus faire du marketing genré comme ça. On ne peut plus faire du sexisme ordinaire et encore moins appliquer des taxes roses”. Auriane Dumesnil explique que les réactions des marques “sont un peu toujours les mêmes” : “C'est souvent une erreur d'affichage, une erreur d'étiquetage. On n'y croit pas trop, mais bon, ça fait changer les choses. Derrière, souvent, ils mettent le produit au même prix, donc on avance quand même comme ça.”
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Comment expliquer la taxe rose ?
Pourquoi une telle différence de prix entre filles et garçons ? Selon Auriane Dumesnil de l’association Pepite Sexiste, il faut remonter aux prémices de la publicité pour expliquer ces écarts de prix. “L'idée principale des marques et des revendeurs, c'est de se dire que les femmes peuvent payer plus cher. C’est elles qui sont la cible du marketing, c’est elles qui sont la cible principale des pubs qu'on regarde et qu'on voit toute la journée. Depuis les années 1970-1980, aux États-Unis d'abord, puis partout dans le monde, les marques et les distributeurs ont décidé, pour vendre plus, de différencier les produits pour homme et pour femme”.
Qui a créé la taxe rose ?
La notion de taxe rose ou “pink tax” apparaît dans les années 1990 aux Etats-Unis, et plus précisément en Californie. Actuellement, de l’autre côté de l’Atlantique, cette différence se chiffrerait à 1 351 dollars en plus pour les femmes tous les ans. Une discrimination dénoncée par de nombreuses associations féministes ou de consommateurs. En 2014, le collectif féministe Georgette Sand avait lancé une pétition, pour laquelle il avait récolté près de 40 000 signatures. Pour payer moins cher, certaines associations recommandent de consulter la composition des produits et d'acheter le moins cher.
Pourquoi la Pink taxe ?
La taxe rose, “pink tax” ou “woman tax”, c’est une réalité : les produits genrés filles sont souvent plus chers que les produits genrés hommes. Une réalité dénoncée par plusieurs associations en France et à l’étranger. Si elle n’a rien d’officiel, cette “taxe” est très commune et concerne de nombreux produits du quotidien comme des déodorants, gels douche, etc. ou même des services comme le pressing ou le coiffeur, qui gonflent leur prix lorsque les clients sont des femmes.