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Faut-il relancer le secteur aérien face à la crise ?
Comment le secteur aérien se prépare à l’après-confinement
Les professionnels estiment que c’est la crise la plus grave qu’ils aient connue depuis 20 ans. Les organisations écologistes craignent un abaissement des normes environnementales à la sortie du confinement pour aider le secteur aérien à redémarrer.
- 90 % de vols en Europe par rapport à 2019 d’après Eurocontrol. - 70 % de vols dans le monde par rapport à janvier 2020 selon l’Association internationale du transport aérien. Le secteur aérien est l'un des plus touchés par le confinement dû au Covid-19.
« Nous estimons nos pertes de revenus à environ 252 milliards de dollars pour 2020 »
« C'est la crise la plus grave que nous ayons connue depuis 20 ans. Pire que le 11 septembre, pire que la crise financière de 2008. C'est sans précédent. Nous estimons nos pertes de revenus à environ 252 milliards de dollars pour 2020 », assure Alexandre de Juniac, directeur général de l'Association internationale du transport aérien.
Pour faire face à cette crise, de nombreuses entreprises demandent aux gouvernements de les soutenir. Aux États-Unis, par exemple, le Sénat a approuvé un plan de sauvetage de 58 milliard de dollars pour le secteur aérien. Plusieurs autres États ont promis des aides financières ou des reports de taxes.
« Pendant des décennies, le secteur aérien a évité toute véritable action climatique »
Mais ces mesures inquiètent les écologistes. « Pendant des décennies, le secteur aérien a évité toute véritable action climatique et a refusé de payer des impôts équitables. Aujourd'hui, au milieu de la crise du Covid-19, où d'innombrables travailleurs perdent leur emploi, le secteur aérien exige des renflouements inconditionnels soutenus par les contribuables. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », s’insurge Mira Kapfinger, cofondatrice du collectif Stay Grounded Network.
Afin d’alerter sur la situation, le collectif, appuyé par plus de 250 organisations à travers le monde, a lancé la campagne « Save People Not Planes »(target="_blank"). « Alors que les compagnies bénéficient de nombreuses exemptions fiscales, elles demandent à ce qu'il y ait une pause des taxes et des normes environnementales une fois la crise passée », ajoute Agathe Bounfour, responsable Transports du Réseau action climat. « Investir pour un rétablissement de l'aviation à un niveau pré-coronavirus signifie investir directement dans la dégradation du climat », abonde Mira Kapfinger.
En Chine, les annulations de vols ont réduit de 11 % les émissions mondiales de CO2
En Chine, au cours des deux premières semaines de février, les annulations de vols ont réduit d'environ 11 % les émissions mondiales de CO2 liées à l'aviation civile, d’après le site CarbonBrief. Dans l'Union européenne, par ailleurs, grâce aux mesures de restrictions, les émissions du secteur aérien sont passées de 39 kilotonnes de CO2 par jour à 3 selon le cabinet de conseil Sia partners.
« L'aviation représente 5 à 8 % de l'impact climatique mondial, principalement causé par la minorité aisée des voyageurs fréquents. Le secteur aérien a considéré qu'il pouvait poursuivre sa croissance, mais pour faire face à la crise climatique, il est essentiel de réduire considérablement l'aviation », prévient Mira Kapfinger.
En l'absence de mesures de soutien, plusieurs compagnies aériennes craignent la faillite. L’Association internationale du transport aérien estime que si les restrictions de voyage s'étirent sur trois mois, 25 millions d'emplois seront directement menacés. Pour Stay Grounded et d'autres organisations écologistes toutefois, cette pause inédite du trafic aérien pourrait permettre une transition du secteur.